Yoav Gallant : l’Iran négocie avec 50 pays pour vendre des missiles et des drones
Lors de la conférence de Munich, le ministre de la Défense a prévenu que les ventes violaient l'embargo de l'ONU qui doit expirer au mois d'octobre
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant a accusé vendredi l’Iran d’être en pourparlers avec des dizaines de pays pour vendre des missiles et des drones, en violation d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies de 2015.
« L’Iran mène actuellement des discussions pour vendre des armes de pointe, notamment des drones et des MGP (missiles guidés de précision), à pas moins de 50 pays différents », a déclaré Gallant lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne.
« L’Iran n’est plus un ‘fournisseur local’, au service de ses alliés au Moyen-Orient. C’est une ‘multinationale’, un exportateur mondial d’armes de pointe. De la Biélorussie en Europe de l’Est au Venezuela en Amérique du Sud, nous avons vu l’Iran livrer des drones d’une portée allant jusqu’à 1 000 kilomètres », a-t-il déclaré.
La vente de ces drones, selon les diplomates occidentaux, viole la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui a entériné l’accord nucléaire de 2015 entre l’Iran et six nations clés – les États-Unis, la Russie, la Chine, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne – visant à freiner les activités nucléaires de Téhéran et à empêcher le pays de développer des armes atomiques.
La résolution 2231 interdit à l’Iran d’exporter des missiles balistiques et des drones d’une portée de plus de 300 kilomètres et d’une charge utile de plus de 500 kilogrammes jusqu’en octobre 2023.
« Tout cela se déroule, alors que l’embargo sur les missiles à destination de l’Iran est toujours en vigueur, un embargo qui expirera cette année. Le temps presse, alors qu’un régime maléfique fait du trafic d’armes », a-t-il déclaré. « La communauté internationale doit créer une alternative efficace à l’embargo moribond, un mécanisme pratique de dissuasion et de conséquences. »
Selon un article publié mardi par le journal britannique The Guardian, des responsables américains ont averti que l’Iran utilisait la guerre en Ukraine comme un tremplin pour se positionner en tant que plaque tournante pour les drones militaires létaux et bon marché.
Israël a suivi de près le l’envoie par la Russie de drones suicides de fabrication iranienne dans les villes ukrainiennes, craignant que des armes similaires ne soient dirigées contre l’État juif lors de futures guerres, notamment via le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah à sa frontière nord.
Selon l’article du Guardian, les responsables américains pensent que Téhéran améliore rapidement l’efficacité de ses drones en les utilisant en situation réelle en Ukraine.
La semaine dernière, le média Al-Monitor a cité un responsable de la défense iranien anonyme affirmant que la Chine avait rejoint la file d’attente pour les drones iraniens.
« Notre puissance a atteint un niveau tel que la Chine fait la queue pour acheter 15 000 de nos drones », s’est vanté le responsable.
L’Iran maintient un objectif de politique étrangère consistant à développer des relations plus fortes avec les pays de l’Est mondial, tels que la Chine et la Russie, afin de contrebalancer les sanctions occidentales sévères qui lui sont imposées, en raison de son programme nucléaire largement non surveillé.
« Lorsque nous parlons d’empêcher l’Iran de se doter d’une arme nucléaire, nous devons garder sur la table tous les moyens possibles, je répète, tous les moyens possibles », a déclaré Gallant au sujet de la menace nucléaire iranienne.