Israël en guerre - Jour 469

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120 commandos en Syrie : Tsahal lève le voile sur son raid contre une usine de missiles iraniens

C'est une unité d'élite de l'armée de l'air qui a mené avec succès le raid souterrain à 200 kilomètres d'Israël. Netanyahu s'est réjoui de cette frappe parmi les plus importantes contre l'axe iranien

L’armée de l’air israélienne a donné ce jeudi des détails et publié des images de l’une de ses opérations commando les plus audacieuses et complexes de tous les temps – une opération au cours de laquelle 120 membres des forces spéciales ont détruit une usine souterraine de fabrication de missiles iraniens en Syrie, au mois de septembre dernier.

Au moment des faits, le régime de Bachar al-Assad était encore au pouvoir en Syrie et Israël n’avait pas encore lancé sa campagne contre le Hezbollah au Liban.

On sait désormais que certains détails donnés par des médias étrangers de l’opération menée le 8 septembre étaient erronés ou partiellement incorrects – à commencer par le nom de l’opération.

Le raid – baptisé par l’armée israélienne « Opération Many Ways » – avait pour but de détruire une installation souterraine utilisée par les forces iraniennes pour fabriquer des missiles de précision pour le Hezbollah, au Liban, ainsi que pour le régime d’Assad en Syrie.

L’installation, connue en interne sous le nom « Deep Layer », avait été creusée dans une montagne au sein du Centre d’études et de recherches scientifiques – CERS ou SSRC – dans la région de Masyaf en Syrie, à l’ouest de Hama. Elle se situait à plus de 200 kilomètres au nord de la frontière israélienne et à environ 45 kilomètres de la côte ouest de la Syrie.

L’armée israélienne a indiqué qu’il s’agissait là du « projet phare » de l’Iran pour armer le Hezbollah.

Ces révélations ont lieu quelques semaines après la chute du régime Assad, proche de l’Iran. Assad permettait à l’Iran de fabriquer des armes en Syrie et de les livrer au Hezbollah. Les forces iraniennes se sont depuis retirées de Syrie après avoir perdu leur proche allié.

L’installation iranienne

L’armée a expliqué que le raid avait été mené avec succès par l’unité d’élite Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne, ainsi que par l’unité de recherche et de sauvetage 669. Aucun soldat n’a été blessé lors des opérations.

Le projet iranien d’« installations en profondeur » remontait à 2017, à l’issue d’une frappe aérienne israélienne sur le CERS qui avait détruit une ligne de fabrication de moteurs de missiles en surface, a poursuivi l’armée.

Des membres de l’unité Shaldag de l’armée de l’air israélienne lors d’un raid contre une usine iranienne de missiles près de Masyaf, en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Cette ligne de fabrication en surface avait fourni au Hezbollah les projectiles tirés par le groupe terroriste en direction du nord d’Israël à partir du 8 octobre 2023, soit dès le lendemain du pogrom commis par le Hamas dans le sud du pays.

Selon Tsahal, la destruction de ce site, plus les autres frappes de Tsahal en Syrie contre des cargaisons d’armes destinées au Hezbollah, auront conduit l’Iran à repenser sa stratégie et à se doter d’installations souterraines, potentiellement à l’abri des frappes israéliennes.

Le site construit par l’Iran se trouvait à une profondeur allant de 70 à 130 mètres sous terre et il était quasiment impossible à détruire depuis les airs.

Les travaux iraniens avaient commencé fin 2017. Tsahal a fait savoir qu’elle avait disposé de renseignements sur ce chantier dès qu’il avait été lancé.

Sur cette infographie publiée par l’armée israélienne le 2 janvier 2025, on voit une usine de missiles iranienne souterraine construite près de Masyaf, en Syrie. (Armée israélienne)

En 2021, l’Iran avait terminé les travaux, faisant livrer les équipements nécessaires à la fabrication en série de missiles. Les années suivantes, les livraisons d’équipements s’étaient poursuivies et des tests avaient été effectués sur les chaînes de production.

L’installation était en forme de fer à cheval, dotée d’une entrée pour les matières premières sur le flanc de la montagne et d’une sortie, à proximité, pour les missiles assemblés.

Une troisième entrée, toute proche, était utilisée pour des besoins logistiques et pour relier les bureaux situés à l’intérieur de l’établissement. La partie bureaux était par ailleurs physiquement connectée aux ateliers.

Tout du long de cette structure en forme de fer à cheval se trouvait une quinzaine de pièces abritant chacune une partie de la chaîne de production des missiles – mélangeurs de carburant, chaudronnerie et carrosserie des missiles ou salles de peinture.

L’installation n’était pas totalement opérationnelle lorsqu’Israël avait mené son opération, mais selon Tsahal, elle était sur le point de l’être. Les essais avaient permis de produire deux missiles viables et les moteurs faisaient déjà l’objet d’une production en série.

Selon l’armée israélienne, cette installation était conçue pour produire de 100 à 300 missiles par an, dont des missiles à longue portée – jusqu’à 300 kilomètres -, des missiles à guidage de précision d’une portée maximum de 130 kilomètres et des roquettes à courte portée, de 40 à 70 kilomètres .

Selon Tsahal toujours, cette installation iranienne, située à proximité de la frontière avec le Liban, était vouée à inaugurer une nouvelle méthode d’acheminement de missiles et autres armes, sans avoir à les faire transiter depuis son territoire vers le Liban en passant par la Syrie. En effet, l’ancienne méthode avait, à plusieurs reprises, donné lieu à des bombardements de convois par l’Armée de l’Air israélienne. Avec cette nouvelle méthode, les distances parcourues par les convois d’armes pour parvenir jusqu’au Hezbollah devaient être nettement plus courtes.

Les préparatifs des frappes

L’idée de détruire cette installation avait germé il y a de cela plusieurs années, mais ce n’avait été que lors de la guerre sur plusieurs fronts que les plus hautes autorités israéliennes avaient commencé à l’envisager sérieusement.

Des membres de l’unité Shaldag de l’armée de l’air israélienne se préparent à mener un raid contre une usine de missiles iranienne en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Cela avait été l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne qui avait été choisie pour mener l’opération en raison de ses capacités et de sa formation – et aussi parce que l’Armée de l’Air israélienne estimait qu’il serait plus efficace de faire appel à ses forces spéciales qu’à des commandos des forces terrestres ou de la Marine.

Deux mois avant le raid, les membres des unités Shaldag et 669 s’étaient entraînés à plusieurs scénarios afin de garantir la réussite de la mission, même en cas de coup dur.

Cet entraînement s’était fait en même temps que la campagne contre le Hamas à Gaza, au moment où l’Armée de l’Air israélienne menait des frappes au Liban et se défendait contre les tirs quotidiens de roquettes et de drones du Hezbollah et d’autres milices soutenues par l’Iran.

Il s’agissait, pour l’Armée de l’Air israélienne, d’un entrainement risqué, car exigeant beaucoup d’attention et de ressources en pleine guerre. Par ailleurs, si le raid n’avait pu avoir lieu, in fine, tout n’aurait été qu’une perte de temps.

Le chef de l’Armée de l’Air israélienne, le major-général Tomer Bar (à gauche), avec le commandant de l’unité Shaldag, le lieutenant-colonel « Bet », à l’issue d’un raid contre une usine de missiles iranienne en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Les opérations de collecte de renseignement s’étaient intensifiées avant le raid afin de préciser l’itinéraire suivi par les soldats, les modalités d’accès à l’installation, la physionomie des lieux, les risques – à commencer par les systèmes de défense aérienne syriens et les forces terrestres – et enfin les modalités de destruction de l’installation.

Il avait également fallu choisir une date pour l’opération. Au final, la date du 8 septembre avait été sélectionnée et ce pour plusieurs raisons – à commencer par de bonnes conditions météorologiques pour les hélicoptères de l’Armée de l’Air israélienne chargés d’acheminer les soldats.

Des membres de l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne se préparent à mener un raid contre une usine de missiles iranienne en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

La chronologie du raid

Dans la soirée du 8 septembre, 100 membres de Shaldag et 20 membres de l’Unité 669 avaient pris place à bord de quatre hélicoptères de transport CH-53 « Yasur » et ils avaient décollé depuis une base aérienne israélienne en direction de la Syrie.

Ils avaient notamment reçu le renfort de deux hélicoptères d’attaque chargés d’apporter un appui aérien rapproché, de 21 avions de chasse, de cinq drones et de 14 avions espions. Une trentaine d’autres avions étaient en attente en Israël, au cas où quelque chose ne se passerait pas comme prévu.

Les six hélicoptères avaient survolé la mer Méditerranée au large des côtes libanaises, avant de survoler le territoire syrien. Les hélicoptères avaient volé très bas afin d’échapper aux radars et autres systèmes de défense aérienne syriens.

Des membres de l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne se préparent à mener un raid contre une usine de missiles iranienne en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Au moment du raid, la région de Masyaf comptait la deuxième plus importante concentration de défenses aériennes de toute la Syrie et seule la capitale, Damas, en comptait davantage, selon Tsahal, avec des dizaines de radars et de systèmes de défense capables de détecter et prendre pour cible les avions israéliens. Certains de ces radars avaient été détruits lors de précédentes frappes de l’armée de l’air israélienne en Syrie et n’avaient pas été réparés le jour du 8 septembre.

Pour ajouter à la complexité du raid, les forces russes ont maintenu une présence militaire substantielle sur la côte syrienne, avec leurs propres systèmes de défense aérienne.

Il n’avait fallu que 18 minutes aux hélicoptères pour rejoindre, depuis la côte, l’installation cible, et aucun n’avait été détecté.

Dans le même temps, les avions de chasse et drones de l’Armée de l’Air israélienne, sans compter les navires lance-missiles de la Marine, avaient mené d’importantes frappes contre l’installation du CERS et contre d’autres cibles en Syrie. Ces attaques avaient eu pour objectif de masquer l’approche des hélicoptères et de faire croire à l’armée syrienne qu’il s’agissait d’une frappe israélienne comme tant d’autres, et comme Masyaf en avait déjà connues.

Certaines de ces frappes avaient eu pour but d’attirer les soldats syriens loin du CERS, mais des dizaines d’entre eux se trouvaient encore à proximité de l’installation au tout début du raid. Des frappes avaient également été menées contre les voies d’accès et contre des individus.

Des membres de l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne effectuent un raid contre une usine de missiles iranienne près de Masyaf, en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Le premier des hélicoptères CH-53 « Yasur » avait atterri près de l’entrée et il avait largué plusieurs commandos Shaldag, deux autres hélicoptères atterrissant simultanément ailleurs, surplombant le centre scientifique. Le quatrième hélicoptère avait attendu quelques minutes pour atterrir au même endroit que le premier et pour laisser descendre les soldats.

Les quatre hélicoptères avaient redécollé pour se poster, deux heures durant, dans les environs, attendant que les 100 commandos mènent à bien leur mission.

Les 20 membres de l’unité 669, restés à bord des hélicoptères, devaient entrer en action si l’un des commandos était blessé. Il était en effet prévu de soigner les soldats blessés, mais de ne pas partir avant la fin de la mission. L’unité 669 était donc dotée du matériel médical requis pour servir d’hôpital de fortune en cas de blessures.

A l’intérieur de l’établissement, la première équipe de commandos s’était occupée de sécuriser les lieux et la deuxième, de gagner l’entrée où elle avait tué deux gardes. Une troisième équipe s’était installée sur une colline voisine, d’où elle avait fait voler un petit drone pour observer le déroulement du raid et pour éliminer toute personne en approche de l’installation.

Des membres de l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne effectuent un raid contre une usine de missiles iranienne près de Masyaf, en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

La nuit, les soldats syriens avaient l’habitude de verrouiller les trois entrées de l’établissement et d’en assurer la sécurité.

L’armée israélienne a déclaré qu’il y avait moins de gardes que si l’installation avait été opérationnelle, et que personne ne se trouvait à l’intérieur au moment du raid.

L’une des principales difficultés de cette mission avait consisté à franchir les lourdes portes du site souterrain. Selon les officiers qui ont participé à la préparation et à la conduite de la mission, la tâche n’a pas été facile.

Cinquante minutes après le début de la mission, la première équipe de commandos avait franchi l’une des entrées – celle utilisée pour les besoins logistiques et qui desservait les bureaux. Une fois entrés, les soldats s’étaient rendus au niveau des deux entrées de production – le fer à cheval – en les ouvrant à l’aide de chariots élévateurs trouvés à l’intérieur de l’installation.

L’armée israélienne savait de source sûre que l’installation disposait de ces équipements et elle avait envoyé des commandos à la recherche de ces matériels.

Une autre équipe de commandos transportant les explosifs était arrivée au niveau de l’entrée. Les soldats étaient venus avec un quad, transporté à bord de l’un des hélicoptères, pour leur permettre de se déplacer rapidement en direction et à l’intérieur de l’installation.

Cette carte illustrative montre une installation souterraine de missiles iraniens près de Masyaf, en Syrie, attaquée par l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Une cinquantaine de commandos avaient ensuite remonté la chaîne de production pour y fixer des explosifs, particulièrement au niveau des trois mélangeurs de carburant. Les 50 autres commandos étaient positionnés à l’extérieur pour sécuriser la zone et tirer sur les menaces qui se présentaient.

Dans le même temps, les avions de chasse pilonnaient les environs pour empêcher les dizaines de personnes identifiées – manifestement des soldats syriens – de s’approcher. Au total, 49 munitions avaient été utilisées par les avions de l’Armée de l’Air israélienne lors de ce raid.

Une fois les quelque 300 kilogrammes d’explosifs installés, reliés à un détonateur à distance situé à l’entrée du site, les 100 commandos avaient regagné les lieux de leur atterrissage. Les hélicoptères étaient alors revenus de leur position d’attente pour récupérer les soldats, qui avaient passé deux heures et demie au sol.

Au moment de monter à bord, le spécialiste en chef des explosifs de Shaldag avait déclenché les explosifs – une explosion équivalente à une tonne d’explosifs, compte-tenu des matières explosives contenues à l’intérieur de l’installation.

Intérieur d’une usine de missiles iranienne en Syrie, lors d’un raid de l’unité Shaldag de l’IAF, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Les soldats ayant pris part à l’opération ont déclaré que l’explosion souterraine avait non seulement été visible, mais aussi ressentie, à la manière d’« un mini tremblement de terre ».

Les hélicoptères s’étaient ensuite éloignés en direction de la mer, puis d’Israël. Une partie des équipements utilisés, à commencer par le quad, avaient été abandonnés sur place.

Selon l’armée, des centaines de soldats syriens s’étaient rendus au niveau du CERS une heure environ après le départ des soldats, signe de l’extrême rapidité de l’opération.

L’armée israélienne estime avoir tué une trentaine de gardes et soldats syriens lors de cette opération : les médias syriens ont, pour leur part, parlé de 14 morts et de 43 blessés.

Des membres de l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne en Israël à l’issue d’un raid contre une usine de missiles iranienne en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Les soldats ont également saisi des documents confidentiels sur place qui, selon l’armée, confirment que la ligne de production était sur le point d’être opérationnelle.

Tsahal a précisé que le site souterrain n’était plus utilisé et que l’Iran s’était retiré de Syrie suite à la chute du régime Assad.

Des membres de l’unité Shaldag de l’Armée de l’Air israélienne effectuent un raid contre une usine de missiles iranienne près de Masyaf, en Syrie, le 8 septembre 2024. (Armée israélienne)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué l’opération commando de Tsahal, désormais ouvertement revendiquée.

« Je tiens à rendre hommage aux membres héroïques de cette mission audacieuse et parfaitement menée en Syrie », a écrit Netanyahu sur X.

« C’est l’une des actions les plus importantes contre les initiatives de l’axe iranien pour s’armer et nous faire du mal », a ajouté Netanyahu.

Le Premier ministre a expliqué que ce raid était un signe de l’audace d’Israël et de sa « détermination à agir en tout lieu pour nous défendre ».

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