140 artistes dont 6 Israéliens prônent le boycott de l’Eurovision en Israël
Roger Waters, Ken Loach et Yann Martel figurent parmi les signataires demandant le boycott du concours à cause des "graves violations des droits palestiniens depuis des décennies"

Dans une lettre publiée par le Guardian, vendredi, environ 140 artistes ont appelé au boycott du concours de chant de l’Eurovision qui doit avoir lieu l’année prochaine en Israël.
« Jusqu’à ce que les Palestiniens puissent bénéficier de la liberté, de la justice et de l’égalité des droits, il ne devrait pas y avoir de statu-quo avec l’Etat qui leur refuse ces droits de base », a dit le courrier.
Signé par environ 140 personnalités du monde des arts – notamment par le cofondateur de Pink Floyd Roger Waters, le réalisateur Ken Loach, le romancier Yann Martel, le musicien Brian Eno et la dramaturge Eve Ensler — la lettre appelle au boycott de l’événement « s’il est accueilli par Israël alors que le pays continue à commettre ses graves violations des droits de l’Homme palestiniens, qui ont lieu depuis des décennies ».
Six Israéliens ont également accolé leurs noms à la lettre : les musiciens Aviad Albert, Michal Sapir, Ohal Grietzer, Yonatan Shapira et Danielle Ravitzki ainsi que l’artiste David Opp.

Cette lettre est parue au lendemain du coup d’envoi du festival Meteor en Israël malgré le retrait de plusieurs artistes – notamment de Lana Del Rey – qui ont renoncé à monter sur scène sous la pression du mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions) qui appelle à éviter Israël, un moyen, selon le groupe, d’amener l’Etat juif à changer son traitement des Palestiniens. Les critiques estiment que BDS cherche en fait la destruction d’Israël et Waters, une personnalité éminente du mouvement, a été taxé d’antisémitisme par l’ADL (Anti-Defamation League).
Vendredi, la chaîne Hadashot a fait savoir que le concours de l’Eurovision aurait lieu à Tel Aviv, le 25 mai 2019, avec les demi-finales les 21 et 23 mai.
Selon la chaîne, Jérusalem n’a pas répondu aux critères exigés par l’Union européenne de diffusion (EBU) pour l’accueil du concours – le lieu doit accueillir des événements avant la compétition, pouvoir servir de centre de diffusion international et doit être également hermétiquement scellé par un cordon, probablement pour des raisons de sécurité.
Une source proche de l’EBU a confié à Hadashot qu’une annonce ne serait pas faite avant qu’Israël ne réponde à une lettre conditionnant l’accueil de l’Eurovision à un engagement gouvernemental stipulant que des visas seront octroyés indépendamment des opinions politiques des visiteurs et que des répétitions générales pourront avoir lieu lors du Shabbat.
Israël a adopté l’année dernière une loi qui permet aux autorités de refuser l’accès aux partisans du boycott contre l’Etat juif ou des implantations de Cisjordanie. Le pays a depuis utilisé cette loi, arrêtant de nombreuses personnes soupçonnées d’activisme anti-israélien à l’aéroport Ben Gurion.
Le courrier de l’EBU a également demandé qu’Israël lève toute restriction religieuse sur la tenue d’événement durant le Shabbat qui commence le vendredi à la nuit et s’achève le samedi soir.

Les répétitions générales de l’Eurovision sont généralement organisées la même journée que le Shabbat juif et les ultra-orthodoxes ont demandé à ce qu’elles soient reprogrammées en Israël. Ils ont menacé d’appeler à des élections anticipées sur un certain nombre de sujets et notamment sur les travaux ferroviaires réalisés lors du Shabbat.
Le courrier a également réclamé que la chaîne publique Kan bénéficie d’une indépendance totale concernant la diffusion.
Un responsable gouvernemental, Netanyahu de préférence, doit s’engager officiellement à respecter toutes ces conditions, a précisé la lettre de l’EBU.
Vendredi, un tweet paru sur la page officielle de l’Eurovision a démenti qu’une décision ait été prise sur la ville hôte, disant que Tel Aviv comme Jérusalem « ont soumis des dossiers de candidature extrêmement forts qui répondent aux nécessités du concours ».