16 000 élèves toujours évacués, 90 écoles endommagées dans le nord d’Israël
Des centaines d'écoles du nord manquent d'abris anti-roquettes : les travaux pourraient ne pas être terminés avant l'an prochain, estime un membre du Commandement intérieur

Dans le nord d’Israël, près de 16 000 élèves sont toujours évacués et plus de 90 écoles ont été touchées par des roquettes ou des activités militaires, estime la Dr. Orna Simchon, cheffe du district nord du ministère de l’Éducation.
Lors d’une réunion, mardi, sur les questions éducatives dans le nord dans le cadre des travaux de la commission de l’éducation, de la culture et des sports à la Knesset, Simchon a expliqué que huit écoles avaient été construites pour les élèves évacués et six autres étaient en cours de travaux, à des stades plus ou moins avancés, retardées par les restrictions imposées par le Commandement intérieur en raison de l’escalade contre le Hezbollah.
« Il y a beaucoup de difficultés et la période est complexe, mais j’ai grandi au milieu des Katioucha [roquettes] », a poursuivi Simchon, en ajoutant : « Nous nous en remettrons et nous rétablirons les cours dans le nord du pays, les habitants reviendront, les études reprendront et nous règlerons les problèmes éducatifs tout en apportant des réponses aux questions [de santé] mentale. »
Le colonel Yaron Visosser, du Commandement intérieur, a lui aussi participé à cette réunion, affirmant que, dans le district nord, 268 établissements d’enseignement situés entre 3,5 kilomètres (la limite de la zone d’évacuation) et neuf kilomètres de la frontière libanaise étaient dépourvus d’abris anti-aériens adéquats. Les communautés situées à moins de 3,5 kilomètres ont, elles, été évacuées l’an dernier.
Parmi ces écoles, « la moitié environ » sont en cours de travaux dans le but d’offrir suffisamment d’abris aux élèves et au personnel, a-t-il expliqué. La protection des écoles devrait « être assurée d’ici la fin de l’année, ou le début de l’année prochaine, sous réserve des événements et des contraintes de sécurité », a-t-il précisé.
Au début de la guerre, l’État a fait évacuer les communautés frontalières situées à moins de 3,5 kilomètres du Liban, mais les autres font aujourd’hui face à « des tirs de roquettes », a souligné Yoram Ibn Tzur, du Conseil régional de Haute-Galilée, avec pour résultat une situation « noire ou blanche » où les évacués « obtiennent tout et ceux restés sur place, rien ».

Les habitants du nord se plaignent depuis longtemps du fait que les premiers ordres d’évacuation se sont accompagnés, pour les communautés les plus proches de la frontière, d’aides publiques aux fins de réinstallation, alors que celles situées en dehors du rayon de 3,5 kilomètres devaient continuer à vivre malgré les attaques de roquettes.
Ibn Tzur a par la suite eu un échange houleux avec la députée Katrin Shitrit-Peretz (Likud) au sujet des aides aux communautés du nord et de la question de savoir qui, du ministère des Finances ou des autorités locales, était chargé de la distribution des fonds de réhabilitation. Shitrit-Peretz a quitté la réunion à l’issue de leur confrontation.
Le gouvernement ne dispose pas encore d’un plan arrêté en ce qui concerne la reconstruction du nord du pays. Tekuma, organisation créée par l’État pour coordonner la reconstruction du sud d’Israël suite au pogrom du 7 octobre, a elle été fondée en décembre dernier.
Plusieurs parents et élèves venus du nord du pays ont assisté à cette réunion et se sont plaints de la situation scolaire dans le nord.
Pendant la majeure partie de l’année dernière, « on a fait la classe dans des caravanes et chaque fois qu’il y avait une alerte, il fallait aller dans un espace dégagé parce qu’il n’y avait pas d’abri », ont déclaré deux élèves de Katzrin.
Depuis le passage à l’enseignement à distance, il y a de cela deux semaines, « 18 écoles m’ont contacté… elles ne donnent pas plus de trois heures de cours chaque jour », a déclaré Omri Lerner, chef de l’Association des parents d’élèves de Galilée orientale, qui a ajouté que « l’État ne fait rien » pour régler ce problème.
À la fin de la réunion, le président de la commission de l’éducation, le député Yosef Taieb (Shas), a annoncé qu’il demanderait « urgemment » au gouvernement qu’il fasse en sorte de proposer des solutions aux problèmes des communautés non évacuées du nord situées dans la zone de conflit.
Taieb a également déclaré qu’il demanderait au Commandement intérieur les derniers chiffres concernant les espaces protégés et abris anti-aériens disponibles au sein des écoles, données budgétaires comprises.
Dans le nord d’Israël, 60 000 personnes ont été évacuées depuis novembre 2023, et vivent aujourd’hui un peu partout dans le pays, certains à l’hôtel.
La question de leur retour et de la reconscruction du nord sont d’une actualité brûlante et la première a été présentée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu comme l’une des principales motivations de l’offensive israélienne contre le Hezbollah, qui dure depuis maintenant deux semaines.