5 ex-employés du cabinet de Ben Gvir interrogés pour délivrance indue de licences d’armes à feu
Le ministre d'extrême droite assure qu'il s'agit d'une nouvelle tentative de la Procureure générale pour le discréditer : il l'accuse de mener "un coup d'État contre la démocratie"
Cinq personnes qui ont officié au sein du cabinet du ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, ont été mises en examen, lundi, par l’unité des crimes majeurs Lahav 433 de la police israélienne dans le cadre d’une enquête sur des soupçons de délivrance de licences d’armes à feu sans autorisation par le ministère, ont rapporté les médias israéliens.
Ben Gvir a confirmé les mises en examen et accusé la Procureure générale, Gali Baharav-Miara, de mener « un coup d’État contre la démocratie », dans ce qui s’annonce comme le dernier affrontement en date entre le gouvernement et les autorités judiciaires.
L’enquête porte principalement sur des employés du ministère de la Sécurité intérieure, mais selon certaines informations, cinq contractuels du cabinet de Ben Gvir seraient eux aussi soupçonnés d’avoir délivré des licences illégales de port d’armes.
Les suspects ont travaillé pour Ben Gvir entre le 8 octobre et le 2 décembre 2023 pour traiter le très important nombre de demandes de licences d’armes à feu suite au massacre du Hamas du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, a expliqué la Douzième chaîne.
Le quotidien Haaretz, citant une source policière, a indiqué que plusieurs suspects avaient été convoqués pour être interrogés.
Les décisions prises par Ben Gvir pour augmenter fortement le nombre de licences de port d’armes sont au cœur de son activité au sein du ministère, selon lui au motif que cela permet de déjouer les attentats terroristes.
En mars de cette année, le ministre d’extrême droite a annoncé la délivrance de 100 000 licences de port d’armes depuis le 7 octobre 2023 et a affirmé : « Les armes sauvent des vies. »
Ce lundi, il a déclaré lors d’une réunion de son parti à la Knesset que 80 000 licences avaient été délivrées depuis.
Les demandes de licences d’armes à feu ont énormément augmenté à la suite du pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, au cours duquel 1 200 personnes ont été brutalement massacrées.
Le ministère de la Sécurité intérieure a par ailleurs, à titre temporaire, autorisé les collaborateurs de Ben Gvir, les employés de la Knesset et d’autres à délivrer des licences de port d’armes.
Haaretz affirmait dès décembre dernier que des milliers de licences avaient été accordées illégalement et que Ben Gvir était intervenu personnellement pour faire en sorte que l’on passe outre aux réserves de la police et de la Cour concernant la demande de l’ex-espion à la solde d’Israël – Jonathan Pollard – et que la licence lui soit délivrée.
Ben Gvir a réagi à la nouvelle de ces mises en examen, lundi, en accusant Baharav-Miara de mener « un coup d’État contre la démocratie ».
« Rien n’a été fait illégalement », a assuré le député ultranationaliste. « Ce que nous avons, c’est une Procureure générale et un procureur de l’État totalement politisés qui montent des affaires de toutes pièces dans le but de faire un coup d’État contre le gouvernement de droite. »
« Vous ne m’intimiderez jamais, je suis fier de la réforme sur les armes à feu et je ne laisserai pas ce coup d’État se faire », a-t-il averti.
Le Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël a réagi à la nouvelle en déclarant que plus de 1 100 licences d’armes à feu avaient été accordées illégalement et qu’il y avait « des soupçons selon lesquels des membres du cabinet du ministre donnaient la priorité aux proches [du ministre] en contournant les réglementations ».
L’organisme de surveillance a par ailleurs demandé à la police et à la Procureure générale d’enquêter sur la responsabilité personnelle de Ben Gvir dans cette affaire et demandé la révocation des licences accordées en-dehors des vois légales et la confiscation des armes.
« C’est un grand danger pour la population et nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre un jour de plus », a-t-il déclaré.
Cette réforme inquiète en raison de l’afflux d’armes à feu dans la sphère publique et du risque d’augmentation de la criminalité et des violences domestiques envers les femmes.
Ben Gvir, qui a déjà été condamné pour incitation au racisme et soutien à une organisation terroriste, a lui-même menacé des personnes avec son arme de poing à plusieurs occasions.
En décembre 2021, le chef de la sécurité de la Knesset l’avait convoqué après une altercation avec des gardiens de parking arabes, à Tel Aviv, au cours de laquelle il avait brandi un pistolet.
En octobre suivant, il avait de nouveau brandi une arme à feu lors d’une visite d’un quartier de Jérusalem-Est, à un moment d’intenses affrontements entre Juifs israéliens et Palestiniens.