8 blessés dans l’attaque d’un village palestinien par des partisans du mouvement pro-implantation
Une quarantaine de résidents d'implantation ont incendié des voitures et des maisons, apparemment pour se venger de la fusillade meurtrière de la semaine dernière
Nurit Yohanan est la correspondante du Times of Israel pour le monde arabe et palestinien.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, huit Palestiniens auraient été blessés lors de l’attaque du village de Bruqin, dans le nord de la Cisjordanie, par des dizaines de partisans du mouvement pro-implantation. Une semaine plus tôt, un terroriste originaire de ce village avait tué l’Israélienne Tzeela Gez qui se rendait à l’hôpital pour y accoucher.
Selon les médias palestiniens, cinq maisons et cinq véhicules ont été incendiés lors de cette attaque.
Dans des images, on voit plusieurs voitures totalement calcinées ainsi que des maisons partiellement brûlées.
Selon des sources de sécurité citées par les médias israéliens, une quarantaine de partisans du mouvement pro-implantation auraient pris part à cette attaque. Ces sources ont démenti les informations palestiniennes laissant entendre qu’ils avaient aussi mis le feu à des maisons.
Il n’y a eu aucune arrestation. Ces dernières sont très rares dans les cas de violences perpétrées par les extrémistes juifs.
Selon le quotidien Haaretz, l’armée israélienne a fait savoir que les suspects « avaient pris la fuite » à l’arrivée des soldats et ajouté que « l’incident faisait l’objet d’une enquête ».
مستوطنون يحرقون ممتلكات المواطنين في قرية بروقين غرب سلفيت pic.twitter.com/zmCDryot5F
— Hisham Abu Shaqrah | هشام أبو شقرة (@HShaqrah) May 22, 2025
Ni l’armée ni la police n’ont répondu à la demande de commentaire du Times of Israel au moment de la rédaction de cet article.
L’attaque violente des partisans du mouvement pro-implantations semble avoir été perpétrée en représailles à la fusillade meurtrière ayant entraîné la mort de Tzeela Gez, en début de mois. Le 14 mai, dans les environs de Bruqin et de l’implantation de Bruchin, un terroriste palestinien a ouvert le feu depuis le bord de la route, ce qui a tué Gez, qui se rendait à l’hôpital pour y accoucher, et blessé son mari.
Vendredi dernier, deux jours après la mort de la femme enceinte, des extrémistes juifs avaient attaqué une maison dans le village de Deir Istiya, en cassant les fenêtres et en tentant d’y mettre le feu, selon le chef du conseil local, dont les propos ont été repris par Haaretz.

Les violences des partisans du mouvement pro-implantation se sont intensifiées depuis le pogrom commis par le Hamas dans le sud du pays, le 7 octobre 2023. Ce jour-là, des milliers de terroristes placés sous la direction du Hamas se sont introduits en territoire israélien pour y massacrer plus de 1200 personnes et faire 251 otages séquestrés à Gaza.
Il est rare que les autorités israéliennes arrêtent les auteurs juifs de ces attaques. Les groupes de défense des droits de l’Homme déplorent que les condamnations soient plus rares encore et que la grande majorité des charges soient abandonnées.
L’action des forces de l’ordre et de l’armée face aux violences commises par les partisans du mouvement pro-implantation font l’objet d’un examen de plus en plus minutieux, à une période où les membres du gouvernement du Premier ministre, issus de la droite dure, semblent peu enclins à s’en prendre aux attaques extrémistes contre les Palestiniens. Les hautes-autorités de police se sont défendues face à ces critiques.
Depuis le 7 octobre 2023, 52 personnes, dont des membres des forces de sécurité israéliennes, ont perdu la vie lors d’attaques terroristes en Israël ou en Cisjordanie, auxquels s’ajoutent huit membres des forces de sécurité tués lors d’affrontements avec des terroristes en Cisjordanie.
Selon le ministère de la santé de l’Autorité palestinienne, plus de 950 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués lors de la même période. Pour Tsahal, il s’agit en grande majorité d’hommes armés tués lors d’échanges de tirs, d’émeutiers opposés aux soldats israéliens ou encore de terroristes qui perpétraient des attentats.
L’armée cartographie les maisons de suspects de terrorisme destinées à la démolition
Par ailleurs, Tsahal a annoncé vendredi que ses soldats avaient cartographié deux maisons de Bruqin appartenant à deux Palestiniens soupçonnés d’avoir aidé le terroriste à l’origine de la mort de Gez.
Dans un communiqué, l’armée a identifié les deux suspects, Maher Samarah et Jabil Samarah, ajoutant que les soldats avaient cartographié les maisons pendant la nuit en vue de leur possible démolition.
כוחות צה״ל מיפו את בתיהם של שני המחבלים שסייעו ברצח של צאלה גז ז״ל בפיגוע סמוך לברוכין ב-14 למאי 2025
כוחות הנדסה ולוחמי צה״ל מחטיבת אפרים פעלו בכפר ברוקין למיפוי בתיהם של המחבלים מאהר סמארה וג׳מיל סמארה, אשר סייעו למחבל נאאל סמארה להוציא לפועל את פיגוע הירי ב-14 במאי 2025,… pic.twitter.com/zXSeGnq3K2
— צבא ההגנה לישראל (@idfonline) May 23, 2025
Les militaires ont confirmé mercredi avoir tué Naael Samarah, l’auteur de l’attaque meurtrière.
Israël a pour principe de démolir la maison des Palestiniens accusés d’attentats meurtriers. Jérusalem justifie cette pratique en disant qu’elle constitue un moyen de dissuasion efficace pour prévenir d’autres attaques.
Depuis des années, des responsables de la défense israélienne remettent en doute l’efficacité de cette pratique, que les militants des droits de l’Homme assimilent à une injuste punition collective.