88 Démocrates demandent à Biden de sanctionner Smotrich et Ben Gvir pour « encouragement à la violence »
Cette initiative sans précédents fait suite aux multiples attaques en Cisjordanie ; au sein de l'administration, on doute que cette décision survive au retour de Trump
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Quatre-vingt-huit législateurs Démocrates ont signé une lettre pour presser le président américain Joe Biden de sanctionner les ministres israéliens d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, et ce avant son départ de la Maison Blanche en janvier prochain.
Smotrich et Ben Gvir sont « à l’origine de politiques qui encouragent les violences des colons (sic), affaiblissent l’Autorité palestinienne, ouvrent la voie vers une annexion de facto et de jure [NLT : en fait et en droit] et déstabilisent la Cisjordanie », affirment les législateurs de la Chambre et du Sénat dans une lettre envoyée le 29 octobre et rendue publique ce jeudi.
L’administration Biden n’a cessé de peser le pour et le contre, sur cette question, ces derniers mois, sans prendre de décision à ce stade, le président estimant que les États-Unis ne devaient pas sanctionner des membres du gouvernement d’un de ses alliés démocratiques, ont expliqué au Times of Israel des membres des autorités américaines.
Cela n’a pas empêché les appels internes à sanctionner Ben Gvir et Smotrich de se multiplier, sur fond de poursuite des violences de la part des résidents d’implantations et de mesures prises par Israël pour asseoir sa présence et son emprise sur la Cisjordanie.
De telles sanctions pourraient manifestement être mises en œuvre grâce à un décret signé par Biden en février destiné à punir les extrémistes israéliens et palestiniens qui déstabilisent la Cisjordanie.
Ben Gvir et Smotrich ne se cachent pas de souhaiter qu’Israël annexe officiellement une grande partie du territoire, encore moins depuis la réélection de Trump. En effet, ses conseillers et lui-même se sont montrés nettement moins critiques – pour ne pas dire posément favorables – à la présence d’Israël dans ce territoire contesté.
Quand bien même elles seraient prises, ces sanctions seraient très vraisemblablement annulées par le président élu Donald Trump, sans compter qu’elles soulèvent d’importantes questions en matière d’application de la loi.
Si Israël continuait de verser à Smotrich et Ben Gvir les indemnités liées au poste de ministre qui est le leur, le gouvernement s’exposerait de facto à ces sanctions, ce qui n’est sans doute pas l’intention de l’administration américaine, attaché à la relation américano-israélienne.
« Les membres du gouvernement qui incitent à la violence doivent faire l’objet de sanctions américaines… Les membres radicaux du gouvernement Netanyahu continuent de laisser le champ libre aux colons pour commettre des violences et prennent des décisions annexionnistes : il est évident que de nouvelles sanctions s’imposent, et de toute urgence », peut-on lire dans la lettre.
Parmi les signataires de cette lettre, on retrouve quelques unes des figures Démocrates les plus progressistes du Congrès, mais aussi le sénateur – plus modéré – Chris Coons, du Delaware – un proche allié de Biden – ainsi que la représentante du Connecticut, Rosa DeLauro, principale appropriationniste Démocrate qui, cette année, a reçu le soutien d’un PAC affilié au lobby pro-israélien AIPAC, sans oublier le sénateur de l’Illinois Dick Durbin, numéro deux des Démocrates au Sénat. A noter que huit législateurs juifs figurent également parmi les signataires de cette lettre.
La JTA a contribué à cet article.