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À Tmol Shilmom, café littéraire de Jérusalem, une expo sur… les cafés de Jérusalem

Une nouvelle exposition, présentée sur un seul mur d'un café emblématique, montre les multiples facettes de la culture des cafés à Jérusalem sous le Mandat britannique

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

  • Une invitation gribouillée pour un rassemblement politique en 1953 au café Nitzan, tirée de "Nes ou Turc", une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem au café Tmol Shilshom à Jérusalem jusqu'au 31 décembre 2021. (Crédit : Reuven Milon)
    Une invitation gribouillée pour un rassemblement politique en 1953 au café Nitzan, tirée de "Nes ou Turc", une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem au café Tmol Shilshom à Jérusalem jusqu'au 31 décembre 2021. (Crédit : Reuven Milon)
  • Une serveuse du Café Alaska, photo tirée de "Nes ou Turc", une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem, au café Tmol Shilshom à Jérusalem, jusqu'au 31 décembre 2021. (Crédit : Collection privée/Autorisation)
    Une serveuse du Café Alaska, photo tirée de "Nes ou Turc", une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem, au café Tmol Shilshom à Jérusalem, jusqu'au 31 décembre 2021. (Crédit : Collection privée/Autorisation)
  • Rassemblement chez Fink's, un bar apprécié de Jérusalem, dans "Nes ou Turc", une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem au café Tmol Shilshom à Jérusalem jusqu'au 31 décembre 2021. (Crédit : Collection privée/Autorisation)
    Rassemblement chez Fink's, un bar apprécié de Jérusalem, dans "Nes ou Turc", une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem au café Tmol Shilshom à Jérusalem jusqu'au 31 décembre 2021. (Crédit : Collection privée/Autorisation)

En mars 2020, au tout début de la pandémie de COVID-19, David Ehrlich, propriétaire et exploitant du café Tmol Shilshom, situé dans le centre-ville de Jérusalem, est subitement mort d’une crise cardiaque.

Près de deux ans plus tard, son café est toujours en activité, grâce à son partenaire commercial Dan Goldberg et au soutien de ses amis et de ses clients qui ont contribué à une campagne de crowdfunding réussie sur la plateforme Headstart. Le café continue d’accueillir des auteurs et des poètes qui lisent leurs dernières œuvres pendant que les clients sirotent un café, un thé ou leur chai sur l’un des moelleux canapés ou confortablement installés sur des fauteuils rembourrés.

Aujourd’hui, une nouvelle attraction a vu le jour dans cet établissement douillet, bordé de livres : un mur blanc unique, fraîchement peint, baptisé « Gallery Wall1 », qui présente des expositions de différents types. La première s’intitule « Nes ou Turc », une exposition d’art et de textes sur les cafés de Jérusalem à l’époque du Mandat britannique.

Les deux conservatrices, la professeure d’histoire Rina Peled et l’artiste Leora Weiss, ont placé des photos, des notes et d’autres objets dans le café, qui doit son nom à un roman du prix Nobel S.Y. Agnon et qui est situé dans un bâtiment vieux de 150 ans dans le quartier de Nahalat Shiva.

L’exposition est organisée dans le cadre de la Biennale de Jérusalem, une exposition d’art qui se tient jusqu’au 31 décembre. Le thème de la Biennale de cette année est « Quatre cubits », l’équivalent approximatif de deux mètres, avec des artistes qui exposent des œuvres relatives au concept de foyer et de proximité – et ce que cela a signifié pendant de longs mois de pandémie continue. Pour beaucoup, a expliqué Peled, Tmol Shilshom a été comme une extension du salon familial. Ehrlich avait perpétué, de son vivant, la longue tradition des cafés de style européen créés par les immigrants avant la création de l’État d’Israël (avec un petit-déjeuner désigné parmi les dix meilleurs en Israël par le guide de voyage Lonely Planet).

Rina Peled (à gauche) et Leora Weiss, les co-conservatrices de « Nes ou Turc », l’exposition sur les cafés de Jérusalem du passé dans la nouvelle galerie Wall1 du Tmol Shilshom. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Comme beaucoup de cafés historiques présentés dans l’exposition – le Cafe Alaska, le Cafe Atara –, Tmol Shilshom a dû se battre pour sa survie et il est devenu un symbole de Jérusalem, un lieu qui rassemble toutes sortes de gens, a-t-elle ajouté.

Au Café Atara avec l’une des serveuses, vers 1944, photo tirée de « Nes ou Turc », une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem au café Tmol Shilshom à Jérusalem jusqu’au 31 décembre 2021. (Crédit : Famille Greenspan)

« Il y avait une vie qui se déroulait dans les cafés en Europe et qui a été importée en Israël », a déclaré Weiss. « On s’y rassemblait, on s’y réunissait. L’espace était, dans un sens, artistique ; il s’y produisait de nombreuses activités. »

C’était dans les cafés que les écrivains, les artistes, les universitaires et les penseurs s’asseyaient et discutaient, réfléchissaient et élaboraient des projets, a expliqué Peled.

« J’adore les cafés et les cafés, ici, avaient été créés par des gens qui voulaient recréer ce qu’ils avaient connu en Europe », a ajouté Peled, affirmant qu’elle avait pris l’habitude, par le passé, de prendre son petit-déjeuner avec un ami sur le même canapé du café Tmol Shilshom – un rituel qui avait duré de nombreuses années. « Ils voulaient importer la culture qu’ils avaient là-bas. »

Les photos en noir et blanc de « Nes ou Turc » – le titre fait référence à deux boissons populaires à l’époque dans les cafés, le Nescafé instantané et le café turc épais – racontent la Jérusalem des années 1930, 1940 et 1950, en se concentrant sur les cafés tenus par des Juifs, par opposition aux cafés arabes de la ville, qui étaient également nombreux mais différents.

Au Café Nitzan à Jérusalem, vers 1953, photo tirée de « Nes ou Turc », une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem au café Tmol Shilshom à Jérusalem jusqu’au 31 décembre 2021. (Crédit : Reuven Milon)

Les photos montrent des personnalités connues, de Harry Belafonte et Leonard Bernstein en passant par les écrivains et universitaires locaux, ainsi qu’un groupe de soldats australiens de l’Anzac emmitouflés dans des trench-coats en laine et arborant un large sourire.

Les deux conservatrices ont fouillé dans des livres et dans des groupes Facebook consacrés à la Jérusalem du passé, et elles se sont entretenues avec des piliers des cafés locaux – qui se sont révélés être une véritable mine d’informations.

« Une chose mène à une autre », a dit Weiss. « Les gens sont fiers de leurs liens avec les cafés, ils ont grandi dans les cafés, et ils veulent que cette culture perdure. »

Les cafés de l’époque servaient de lieux de rencontre, avec souvent des coins discrets ou des seconds étages – comme à Atara, rue Ben Yehuda – où les clients s’asseyaient s’ils ne voulaient pas être vus.

Note de Leonard Bernstein datant de 1953 et provenant du Fink’s, le célèbre bar de Jérusalem, présentée dans le cadre de l’exposition « Nes ou Turc », consacrée aux cafés de Jérusalem du passé, à la nouvelle galerie Tmol Shilshom Wall1. (Crédit : Famille Azrieli)

Les photos et les souvenirs de « Nes ou Turc » comprennent des images et des objets de Fink’s, un lieu de ralliement fréquenté par la presse étrangère à Jérusalem et vénéré par ses clients.

L’exposition comprend également certaines des œuvres d’art de Weiss, des sculptures en papier mâché représentant des coupes glacées et des assiettes de poisson salé et d’œufs frits qui symbolisent les plats typiques de l’époque.

Une table est occupée par des figurines en carton de Weiss : les écrivains Agnon, Yehuda Amichai et Aharon Appelfeld, tous des habitués des cafés de l’époque.

« Nous voulions représenter des cafés où il y avait une culture, où les gens s’asseyaient et où des choses se passaient », a déclaré Peled. « Ils ne se contentaient pas de boire et de partir. Quelque chose de significatif se passait dans ces endroits. »

Les personnages en carton de l’artiste Leora Weiss représentant les écrivains Shai Agnon, Aharon Appelfeld et Yehuda Amichai dans « Nes ou Turc », une exposition sur les premiers cafés de Jérusalem, au café Tmol Shilshom à Jérusalem, jusqu’au 31 décembre 2021. (Crédit : Jessica Steinberg/Times of Israel)

Tous les deux mois, Peled et Weiss organiseront de nouvelles expositions à la galerie Wall1 de Tmol Shilshom. Elles constatent que, si les artistes étaient au départ « un peu sceptiques » à l’idée d’être exposés dans un café, ils se rendent compte aujourd’hui qu’il s’agit d’une innovation intéressante qui permet de toucher un public plus large.

« Ce n’est pas limitant d’être ici », a déclaré Peled. « Les gens sont ici tout le temps, et ils réalisent soudain qu’il y a quelque chose à voir sur les murs. »

« C’est un café littéraire qui a sa réputation », a déclaré Weiss. « Et soyons honnêtes, les gens ne vont pas dans les galeries et les musées autant qu’ils viennent dans les cafés. Les artistes aiment la visibilité qu’ils obtiennent lorsque les gens voient réellement leur travail. »

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