Abbas : oui, les Palestiniens incitent à la violence, mais Israël aussi
S'exprimant devant la Ligue arabe avant le sommet de Paris, Abbas demande une date limite sur toutes nouvelles négociations et la libération de tous les prisonniers
Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas s’est adressé samedi à la Ligue arabe au Caire, déclarant aux dirigeants arabes que les organes de presse contrôlés par l’AP et les programmes scolaires incitent à la violence contre Israël mais qu’Israël fait la même chose contre les Palestiniens.
« Oui, nous incitons à la haine [contre Israël] dans les médias et les institutions éducatives, mais Israël aussi », a-t-il déclaré devant le groupe composé de 22 membres, selon la Deuxième chaîne.
Abbas a ensuite appelé les Etats-Unis à intervenir sur la question, comme il l’a fait le mois dernier lorsqu’il a appelé à renouveler le Comité trilatéral contre l’incitation, qui contrôle des cas de suspicions d’incitation à la violence et au terrorisme.
Le comité, dont les membres sont des fonctionnaires israéliens, palestiniens et américains, a été formé dans le cadre du Mémorandum Wye River de 1998, et se rencontrait tous les deux mois jusqu’au début de la Deuxième Intifada en septembre 2000.
Israël a accusé Abbas à plusieurs reprises de ne pas condamner la vague d’attaques terroristes palestiniennes contre des civils et les forces de sécurité israéliens qui a commencé à la mi-septembre, et affirme que les responsables de l’AP dirigent l’incitation à la violence contre Israël.
« Les Etats-Unis doivent examiner et juger les cas d’incitation à la violence des deux côtés, israéliens et palestiniens, et les arrêter », a déclaré Abbas à la Ligue Arabe samedi, où il présentait la position palestinienne avant le sommet de paix préparé sur une initiative de la France, qui est prévu le 3 juin.
Abbas a réitéré les demandes palestiniennes sur un futur état palestinien qui devrait avoir Jérusalem Est comme capitale et devrait être établi dans le cadre des frontières qui existaient avant 1967, quand Israël a saisi la Cisjordanie et Jérusalem Est, administrés par la Jordanie.
« Quand nous devrons démarquer ces frontières, nous serons prêts à accepter un léger échange de territoire », a-t-il déclaré aux ministres arabes.
Il a également demandé que tous les Palestiniens emprisonnés par Israël soient libérés et a déclaré que les Palestiniens ne reconnaîtraient jamais un état « juif » comme le demande Netanyahu depuis longtemps. Les Palestiniens ont déjà reconnu Israël en 1993 dans les accords d’Oslo, a-t-il souligné, et c’est suffisant.
Abbas a également déclaré à la Ligue que si des négociations entre Palestiniens et Israéliens sont relancées par la conférence prévue à Paris le mois prochain, elles devraient avoir une limite dans le temps et un mécanisme pour faire appliquer ses résolutions.
Les ministres arabes devaient adopter une résolution pour relancer les négociations entre Israël et l’AP d’Abbas.
Plus tôt samedi, le président de l’AP a rencontré le président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, qui plus tôt ce mois-ci, avait appelé à une reprise des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens.
Les deux hommes auraient discuté du processus à l’arrêt et des l’initiative de paix de Paris.
Sissi a dit à Abbas que la « question palestinienne continuerait à être une priorité pour l’Egypte », et que « l’Egypte se félicitait des efforts internationaux pour résoudre le conflit. »
« Une solution au conflit pourrait contribuer à une meilleure réalité et à un futur meilleur et plus sûr pour tous les peuples et les nations de la région », a déclaré Sissi selon la Deuxième chaîne.
Le président égyptien, avec John Kerry et l’ancien envoyé du Quartet Tony Blair, aurait fait partie des dirigeants étrangers qui ont poussé le chef de l’Union Sioniste Isaac Herzog à rejoindre le gouvernement de Netanyahu, plus tôt ce mois-ci. Les négociations ont cependant échoué lorsque Netanyahu s’est tourné vers Avigdor Liberman pour élargir sa coalition.
Un article de l’agence de presse palestinienne Maan affirmait qu’une délégation israélienne s’était envolée vers Le Caire pour rencontrer des officiels égyptiens de haut rang des ministères des Affaires étrangères et de la Défense. La délégation serait arrivée au Caire pour préparer le terrain à une rencontre entre Netanyahu et Sissi.
Des représentants de plus de 20 pays, dont l’Egpyte, l’Arabie Saoudite et la Jordanie, participeront au sommet de paix soutenu par la France le mois prochain, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, sera également présent. Israël et l’AP ne participeront pas à la conférence.
Israël a rejeté l’initiative française, déclarant que des négociations directes sont le seul moyen de résoudre le conflit avec les Palestiniens.