Akiva Alpert, un créateur de mode neurodivergent affiche fièrement son identité juive
La création de sa première collection sur le thème du judaïsme, est venue en réaction à un article controversé d'Urban Outfitters; aujourd’hui, il habille Justin Bieber et Billie Eilish
Ce qui était censé n’être qu’un projet secondaire a rapidement pris le pas sur toute autre occupation pour devenir son activité principale.
Alors qu’il vivait à Los Angeles en 2012 et tentait de percer dans l’industrie du cinéma, Akiva Alpert a été choqué par la dernière ligne de T-shirts lancée par Urban Outfitters, ornés de ce qui ressemblait à l’étoile de David jaune que les nazis obligeaient les juifs à porter. Dégoûté, Alpert a riposté en lançant ses propres T-shirts ornés de symboles à caractère clairement juif et de lettres hébraïques, pour donner naissance à Akiva Stripe, la première parmi les nombreuses marques de vêtements qu’il a créées.
En un rien de temps, la marque comptait plus de 10 000 followers sur un Instagram qui venait lui aussi d’être créé, et sa carrière était lancée.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Aujourd’hui, plus de dix ans plus tard, le jeune homme de 34 ans est un créateur de mode qui compte parmi ses clients Billie Eilish et Justin Bieber. Il est également de plus en plus reconnu pour ses œuvres d’art contemporaines et vient de présenter sa première installation à grande échelle à Mexico.
Si l’esthétique d’Alpert est résolument streetwear, il affirme que ses créations s’inspirent d’un judaïsme profondément enraciné. Cette sensibilité a pris forme au cours de sa jeunesse à Albany, en Géorgie, dans une ville de 69 000 habitants et qui comptait seulement 200 juifs.
« Il n’y avait personne d’autre comme moi là-bas. Aucun de mes amis n’était juif et j’ai dû faire face à un antisémitisme manifeste de la part de mes professeurs et des parents de mes amis. Quand on est jeune, il n’y a rien de pire que d’être ainsi pointé du doigt. C’était un sentiment très débilitant », a déclaré Alpert lors d’une interview par Zoom depuis son domicile à Los Angeles.
Mais au lieu de le décourager, il affirme que cette expérience a contribué à renforcer son identité juive, qu’il décrit comme un peu hardcore, un peu métal et très spirituelle.
Lorsqu’il s’est inscrit à l’université d’État de Géorgie – où il a rejoint la fraternité juive historique, Alpha Epsilon Pi – il était déjà absorbé par l’étude de la Kabbale et avait cessé d’utiliser son prénom, Cameron, au profit de son deuxième prénom, Akiva.
« C’est une façon de rendre hommage. Akiva était probablement, à mon sens, l’un des êtres humains les plus extraordinaires qui aient jamais existé, et un intellectuel incroyablement attaché à ses idéaux et à ses principes », explique Alpert. « On dit qu’au moment de son exécution par les Romains, il leur riait au nez. C’est la chose la plus géniale que j’aie jamais entendue et, honnêtement, je me sens très connecté à cela ».
Le rabbin Akiva, un sage du 1er-2e siècle et personnage important de la Mishna, a été exécuté par les Romains après la révolte de Bar Kochba.
« Je me suis rendu compte que soit on s’assimile, soit on approfondit ses connaissances », a déclaré M. Alpert.
Bien qu’il n’ait jamais étudié le design ou l’art de manière formelle, il a scruté le travail de créateurs de mode comme Rick Owens et d’artistes contemporains comme Daniel Arsham. Mais il jure par Virgil Abloh, le défunt directeur artistique de la collection de vêtements pour hommes de Louis Vuitton, qu’il considère comme son icône.
« Il a créé le lien entre le streetwear et la haute couture. Il a montré que l’on pouvait être créatif sans aucune limite », a déclaré M. Alpert.
Le style d’Alpert a été décrit comme un mélange de métal hardcore, de nostalgie des années 2000 et de haute couture avec des couleurs vives, des T-shirts surdimensionnés, des sweat-shirts à capuche et des pantalons de survêtement. Au fil des ans, il a collaboré avec des créateurs comme Ed Hardy et des auteurs-compositeurs-interprètes comme Ariana Grande, Miley Cyrus, Eilish et Bieber.
Travailler avec le styliste d’Eilish était tout simplement « incroyable », a déclaré M. Alpert. « J’ai toujours admiré la musique de Billie ainsi que son style personnel. J’ai créé un certain nombre de pièces pour elle, notamment un T-shirt surdimensionné sur mesure orné de milliers de cristaux Swarovski, dans l’esthétique dark-Y2k que j’adore.
De même, pour créer des pièces exclusives pour la tournée de Bieber, il a travaillé avec le styliste du chanteur pour concevoir des pièces qui conviendraient à un concert, mais aussi à des photoshoots. Il en a résulté plusieurs tee-shirts graphiques inspirés du death-metal et du hardcore, des sweats à capuche et des vêtements décontractés surdimensionnés dans des coloris très vifs.
« Ce sont tous deux des artistes incroyablement gentils et talentueux, et je suis heureux d’avoir eu l’occasion de créer des pièces conceptuelles pour eux », a-t-il déclaré à propos d’Eilish et de Bieber.
Akiva Alpert, qui mène une vie de nomade, dit se sentir plus à l’aise dans un hôtel ou un Airbnb.
« J’ai du mal à rester assis. C’est en écoutant de la musique, en marchant, en regardant et en écoutant que j’ai le plus d’énergie », a confié Alpert.
Et pourtant, c’est pendant la pandémie, lorsque le monde entier s’est arrêté, qu’Alpert a trouvé l’inspiration qui lui a permis de s’éloigner de la mode.
« Better Chemicals » est le premier projet réalisé par le nouveau studio d’art d’Akiva Alpert, Elioud, qui tire son nom de la race hybride mi-ange mentionnée dans le Livre d’Enoch.
Scellée sous vide et encadrée de métal, une réplique à l’échelle 1:1 de son corps est parcourue de tuyaux. Les tuyaux contiennent un liquide bleu représentant l’ocytocine, parfois appelée « hormone de l’amour ». Comme le décrit Alpert, l’œuvre tente à la fois de montrer l’amour comme une réaction purement chimique dans le corps et amener le spectateur à se demander si l’amour peut à lui seul suffire à faire vivre quelqu’un. Alpert a décrit l’œuvre comme son « travail le plus épique à ce jour ».
« Étant neurodivergent, j’ai tendance à interpréter l’amour et les relations de manière hyper-logique. Cela m’a donc semblé être une métaphore vraiment cool pour expliquer cette vision de l’amour et mon hypothétique incapacité à rendre la pareille », a-t-il déclaré.
Il a ajouté qu’il avait également voulu « exprimer les effets de l’amour sur le corps humain, qui aboutissent finalement à la dégradation complète de la forme physique et de la psyché humaine ; la notion que l’amour tue lentement ».
Parce que l’œuvre a été exposée à Mexico au début du mois, Alpert a célébré la première nuit de Pessah au Merkava, son restaurant israélien préféré là-bas.
Pour ce qui est de l’avenir, Alpert s’est dit enthousiaste à l’idée d’intégrer de nouveaux outils tels que l’intelligence artificielle et la technologie blockchain dans son travail, qu’il s’agisse d’art ou de mode.
« Je crois qu’il faut aller de l’avant autant que possible, essayer de nouvelles choses », a déclaré Alpert. « Adopter ces outils de manière intégrale me permettra d’explorer de nouveaux domaines de créativité. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel