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Alternative pour l’Allemagne : des élus – très – à droite

Entre “fierté” des soldats allemands de la Seconde Guerre et “honte” du Mémorial de la Shoah à Berlin, la ligne radicale du parti l'emporte pour l'instant

Alexander Gauland, à gauche, et Alice Weidel, candidats du parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) au soir des élections générales, à Berlin, le 24 septembre 2017. (Crédit : John MacDougall/AFP)
Alexander Gauland, à gauche, et Alice Weidel, candidats du parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) au soir des élections générales, à Berlin, le 24 septembre 2017. (Crédit : John MacDougall/AFP)

Ils sont magistrats, universitaires ou banquiers et se proclament « patriotes ». Mais derrière leur profil de notables, les 93 nouveaux députés de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) véhiculent pour beaucoup une idéologie flirtant avec le révisionnisme et la xénophobie.

« Un groupe parlementaire très à droite », résume l’hebdomadaire Der Spiegel.

Le parti anti-immigration a créé un séisme en Allemagne lors des élections législatives dimanche en devenant le premier mouvement de ce type depuis la guerre à entrer avec un tel score, près de 13 %, à la chambre des députés.

Et depuis, le pays scrute les biographies des nouveaux venus, peu connus au plan national. Ils promettent « une véritable opposition » à la chancelière Angela Merkel au Bundestag.

Frauke Petry, coprésidente du parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), quitte une conférence de presse où elle a annoncé qu'elle refusait de rejoindre le groupe parlementaire du parti nationaliste, à Berlin, le 25 septembre 2017. (Crédit : John Macdougall/AFP)
Frauke Petry, coprésidente du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), quitte une conférence de presse où elle a annoncé qu’elle refusait de rejoindre le groupe parlementaire du parti nationaliste, à Berlin, le 25 septembre 2017. (Crédit : John Macdougall/AFP)

Des 94 députés élus sous la bannière de l’AfD, un manque toutefois déjà à l’appel. Il s’agit de l’une des dirigeantes du parti, Frauke Petry, qui a claqué la porte au lendemain du scrutin en dénonçant « la radicalisation » de la formation.

Détail piquant : elle était elle-même considérée il y a encore deux ans comme tenante d’une ligne dure lorsqu’elle fit de l’AfD, né dans la contestation de l’euro, un parti populiste anti-migrants, avant de se faire à son tour déborder.

Fin de la repentance

La fin de la repentance allemande pour les crimes nazis revient désormais comme une antienne dans le parti.

Le porte-drapeau de la campagne électorale, Alexander Gauland, vient de créer la polémique en invitant ses compatriotes à être « fiers » des soldats allemands durant la Deuxième guerre mondiale.

Cet ancien cadre du parti conservateur CDU d’Angela Merkel emboîtait le pas à un autre héraut de cette tendance, Björn Höcke, qui peut compter sur le soutien de plusieurs dizaines de nouveaux députés AfD. Höcke a qualifié le Mémorial de la Shoah à Berlin de « monument de la honte » et le parti avait refusé de l’exclure.

Anders Behring Breivik faisant un salut nazi à son arrivée à son procès contre l'État, le 15 mars 2016. (Crédit : Jonathan Nackstrand/AFP)
Anders Behring Breivik faisant un salut nazi à son arrivée à son procès contre l’État, le 15 mars 2016. (Crédit : Jonathan Nackstrand/AFP)

Son collègue, Jens Maier, juge à Dresde en Saxe, a exprimé de la sympathie pour le néo-nazi Anders Behring Breivik, qui a tué 77 personnes en 2011 en Norvège, estimant qu’il avait agi « par désespoir » face au multiculturalisme. Il s’est aussi récemment inquiété de « la création de peuples de sangs-mêlés ».

Outre des procureurs et des juristes et plusieurs anciens membres de la CDU déçus du virage centriste d’Angela Merkel, on trouve des policiers et militaires, un ancien journaliste de radio, un ex-pilote et même un ancien informateur de la Stasi, la police secrète de la RDA communiste.

Ce dernier, Detlev Spangenberg, a également milité jadis pour une Allemagne dans ses frontières de 1937.

L’ex-RDA place forte

Comme lui, une large majorité des députés sont des hommes originaires de l’ex-RDA, là où l’AfD est la plus populaire, notamment en Saxe où le parti est arrivé en tête dimanche.

C’est dans cet Länd frontalier de la Pologne et de la République tchèque que les liens entre les élus de l’AfD et le mouvement d’extrême droite Pegida, pour « Patriotes contre l’Islamisation de l’Occident », sont les plus étroits.

C’est là aussi que la chancelière s’est fait conspuer le plus souvent, traitée de « traître à la patrie » pour avoir ouvert les portes du pays à plus d’un million de demandeurs d’asile.

Les partisans de Pegida manifestent contre la chancelière allemande Angela Merkel et sa politique à Dresde, dans l'est de l'Allemagne, le 3 octobre 2016. (Crédit : Odd Andersen/AFP)
Les partisans de Pegida manifestent contre la chancelière allemande Angela Merkel et sa politique à Dresde, dans l’est de l’Allemagne, le 3 octobre 2016. (Crédit : Odd Andersen/AFP)

Selon les médias allemands, d’autres élus ont pour leur part des liens avec des confréries radicales, les ultra-nationalistes russes, des mouvements identitaires ou sont conspirationnistes.

Les nouveaux élus aux parcours disparates se sont retrouvés cette semaine pour une première réunion au Parlement à Berlin.

Objectif : mettre en sourdine les déchirements internes sur la ligne à suivre, que la victoire électorale a paradoxalement ravivés.

Le parti est traversé de différents courants aux frontières changeantes, notamment l’un dit modéré et très libéral sur le plan économique avec une trentaine de députés et un national-identitaire. Le plus radical a pris le dessus dans la bataille idéologique.

Dans l’immédiat, « il est temps de se mettre au travail », clame Beatrix von Storch, membre elle du courant chrétien ultra-conservateur et devenue la figure de proue du mouvement à Berlin.

« Nous voulons limiter le nombre de réfugiés, nous sommes contre l’islamisation, nous voulons préserver notre culture, dit-elle. Rien que des thèmes très normaux. »

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