Amsalem taxe Mandeblit de « criminel présumé » avant le procès de Netayahu
L'élu Likud prétend qu'il n'y a "aucun doute" sur la culpabilité du procureur général dans l'affaire Harpaz ; le ministre de la Justice prévient qu'une "ligne rouge a été franchie"

Un ministre du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré jeudi qu’il n’y avait « pas de doute au sein du peuple israélien » sur le fait que le procureur général Avichai Mandelblit est « un criminel présumé », ce qui lui a valu une vive réprobation de la part du nouveau ministre de la Justice.
Les partisans et fidèles de Netanyahu ont intensifié leurs attaques contre Avichai Mandelblit ces dernières années, alors que le procès du Premier ministre doit commencer dimanche, après la mise en examen prononcée l’an dernier par le procureur général.
Celui-ci a été vivement critiqué après qu’une journaliste a enfreint un embargo pour soulever des questions sur sa conduite dans l’affaire dite Harpaz, un scandale de 2010 dans lequel il avait été brièvement soupçonné d’avoir aidé des hauts gradés de l’armée à couvrir une campagne de diffamation. Les poursuites contre lui avaient été abandonnées.
Au début du mois, Ayala Hasson, de la Treizième chaîne, avait affirmé que dans des enregistrements datant de 2010, Avichai Mandelblit, alors avocat général de l’armée, avait indiqué à Gabi Ashkenazi, chef d’état-major à l’époque (et supérieur hiérarchique de Mandelblit) et actuel ministre des Affaires étrangères, qu’il « classerait l’affaire » pour lui ajoutant qu’il s’assurerait que l’adjoint au procureur de l’État fasse « pencher la balance en notre faveur ».
Ayala Hasson a ultérieurement souligné que ces termes n’étaient pas ceux employés et qu’elle avait reformulé les propos d’Avichai Mandelblit. L’enregistrement en question fait l’objet d’un embargo et n’est pas recevable devant un tribunal, car il a été réalisé à l’insu du procureur et de Gabi Ashkenazi.
Les fonctionnaires du ministère public avaient déclaré en réponse aux propos d’Ayala Hasson, que la décision de ne pas inculper les deux hommes dans l’affaire – malgré une recommandation de la police en ce sens – avait été prise après un examen approfondi de nombreuses conversations entre les personnes impliquées.
Et, ont-ils ajouté, « le contenu attribué aux interlocuteurs par Mme Hasson est similaire au contenu d’autres conversations examinées par les personnes en charge des dossiers » avant que la décision de les clore ne soit prise. Ils ont soutenu que Mme Hasson « trompait le public » en faisant allusion à une dissimulation par le système judiciaire.
Les attaques contre Avichai Mandelblit ont repris jeudi, par l’intermédiaire du député Likud David Amsalem, qui est devenu cette semaine le ministre chargé des relations avec la Knesset.
« Il n’y a aucun doute au sein du peuple israélien, [sur le fait] qu’Avichai Mandelblit soit un criminel présumé », a-t-il clamé à l’antenne de la radio militaire.
« Il y a des enregistrements, il n’est pas nécessaire d’avoir une analyse ou des juges de la Cour suprême, il n’y a pas besoin d’avoir une bande de gauchistes ou d’experts et de professeurs », a-t-il continué.

David Amsalem a déclaré que Netanyahu avait fait une erreur en nommant Avichai Mandelblit, son ancien chef de cabinet, au poste de procureur général en 2016.
« Il ne fait aucun doute que Mandelblit a obstrué l’enquête », a dénoncé le député. « Il a fait obstruction en tant qu’enquêteur, c’est la pire sorte d’obstruction qui puisse être ».
Ces remarques ont été critiquées par le ministre de la Justice Avi Nissenkorn, membre du parti centriste Kakhol lavan, qui a également pris ses fonctions cette semaine.

« J’ai une confiance absolue dans le procureur général », a réagi Avi Nissenkorn dans un tweet. « Les ministres du gouvernement sont autorisés à émettre des critiques qui vont droit au but, mais les attaques incontrôlées franchissent une ligne rouge ».
Le procureur général était déjà une cible fréquente des partisans du Premier ministre depuis l’annonce de son inculpation officielle l’année dernière, que Netanyahu a décriée comme étant une « tentative de coup d’État » orchestrée par les médias, l’opposition, la police et le ministère public, dirigé par Avichai Mandelblit.
Netanyahu nie toute malversation. Son procès doit commencer dimanche.
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