Fin de la trêve: des roquettes tirées sur le sud et sur la région de Jérusalem
Pas de blessés, mais des serres ont été endommagées lors du premier bombardement d'un bloc d'implantation en Cisjordanie et de Beit Shemesh, qui met fin à une dizaine d'heures d'accalme
Les groupes terroristes armés à Gaza ont de nouveau lancé des tirs de missiles et de roquettes vendredi en fin de matinée, malgré des efforts de médiation pour mettre fin à cette flambée de violence qui dure depuis mardi.
Les alertes ont été déclenchées dans les villes de Sufa, Nir Itzhak, Holit et Sdeh Avraham dans le Conseil régional d’Eshkol, près de la bande de Gaza et peu après, des missiles ont été lancés en direction de Jérusalem. Les sirènes ont retenti dans le bloc d’implantations du Gush Etzion et à Beth Shemesh pour la première fois depuis l’éruption des violences.
Certains habitants de ces localités ont déclaré avoir vu des missiles d’interception du Dôme de fer voler au-dessus d’eux.
Le système de défense aérienne à moyenne portée Fronde de David a réussi pour la deuxième fois une interception lors d’une attaque à la roquette dirigée contre la région de Jérusalem.
Selon une source militaire, deux roquettes tirées de Gaza vers Jérusalem ont été interceptées, l’une par le Dôme de fer et l’autre par la Fronde de David. Il s’agit de la deuxième interception par ce système, après qu’une roquette tirée sur Tel-Aviv mercredi a été abattue par le système.
La Fronde de David devrait combler une lacune dans le dispositif de défense antimissile d’Israël, qui comprend le dôme de fer à courte portée et le système Arrow, conçu pour intercepter les missiles balistiques à longue portée.
Le Conseil régional d’Eshkol a indiqué indique que 15 roquettes ont été lancées sur la zone, dont l’une a touché une serre à l’extérieur d’une ville. On ignore pour le moment l’étendue des dégâts.
Footage of the greenhouse that was hit in the rocket attack from Gaza. pic.twitter.com/NGEMgYZ8nh
— Emanuel (Mannie) Fabian (@manniefabian) May 12, 2023
Les autres roquettes ont été abattues par le système de défense aérienne du Dôme de fer ou ont atterri dans des zones ouvertes, a ajouté le conseil.
Un projectile a apparemment atterri à l’extérieur de l’implantation de Bat Ayin, en Cisjordanie.
Aucun blessé n’a été signalé dans l’immédiat.
Ces tirs, revendiqués par le Jihad islamique palestinien, ont eu lieu alors que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a présidé une réunion consacrée à la situation en présence de responsables de la défense à Tel Aviv pour discuter de la marche à suivre après plus d’une dizaine d’heures sans tirs de part et d’autre, une accalmie qui a laissé penser que ce cycle d’hostilités avait pris fin.
Peu après les tirs de roquette, les médias palestiniens ont rapporté des avions israéliens ont effectué une frappe près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
L’armée israélienne a confirmé avoir mené des frappes contre quatre sites militaires du Jihad islamique, une position de lancement de mortiers et la zone utilisée pour tirer des roquettes sur le sud d’Israël aujourd’hui, dans la bande de Gaza.
Pendant ce temps, les FDI ont étendu les restrictions de mouvement et de rassemblement pour les résidents vivant jusqu’à 40 kilomètres autour de la bande de Gaza, jusqu’à samedi à 20 heures.
Les restrictions imposées au début des combats, mardi, devaient initialement rester en vigueur jusqu’à 14h00, mais l’armée a été contrainte de les prolonger au regard de la situation.
Les règles du Commandement du Front intérieur imposent la fermeture des écoles et des lieux de travail – à moins que les employés ne disposent d’un abri anti-bombes qu’ils peuvent atteindre à temps – et limitent les rassemblements en plein air à 10 personnes au maximum.
Les rassemblements à l’intérieur des villes proches de la frontière de Gaza étaient limités à 50 personnes, tandis que les rassemblements plus éloignés de la bande et jusqu’à 40 km étaient limités à 100 personnes.
En outre, les écoles spécialisées ont été autorisées à fonctionner, à condition qu’elles disposent d’abris que les écoliers et les enseignants peuvent atteindre à temps.
Selon l’armée israélienne, les tirs de roquettes de vendredi matin étaient les premiers effectués depuis 22 heures, jeudi, à partir de Gaza. De son côté, Tsahal dit avoir frappé des postes militaires du Jihad islamique et des lanceurs de roquettes, images de 10 frappes à l’appui, la dernière ayant eu lieu à 2 heures du matin. L’armée israélienne a déclaré avoir continué à frapper les sites du Jihad islamique à Gaza jusqu’à 2 heures du matin.
Dans les heures qui ont suivi, un calme tendu est revenu dans certaines parties d’Israël, pratiquement paralysées depuis l’éclatement des combats mardi.
« Nous faisons en sorte que nos concitoyens puissent reprendre une vie normale, mais il faut un peu de patience », a déclaré le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari.
« Aucune ville n’est sous blocus, il est possible de sortir de chez soi et de faire ses courses du vendredi. »
À Gaza, les Palestiniens ont examiné les dégâts causés par plus de 200 frappes israéliennes.
« Le rêve que nous avions construit pour nos enfants, pour nos fils, a pris fin », a déclaré Belal Bashir, un Palestinien vivant à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, dont la maison familiale a été réduite à un tas de décombres lors d’une frappe aérienne jeudi en fin de journée.
Cette accalmie est intervenue alors que l’Égypte, le Qatar et les Nations unies déployaient d’intenses efforts pour négocier un cessez-le-feu, accueillant une délégation du Jihad islamique au Caire pour des pourparlers indirects.
Le porte-parole de Tsahal, le contre-amiral Daniel Hagari, a confirmé aux journalistes que des pourparlers étaient en cours.
« Il y a des contacts depuis plus de 24 heures maintenant. Nous ne faisons pas de commentaires sur ce point, nous ne connaissons pas les détails. Nous nous concentrons avant toute chose sur la défense et l’attaque », a-t-il déclaré.
Israël ne communique généralement pas sur les accords de cessez-le-feu conclus avec les organisations terroristes, mais l’on sait que de précédents combats entre Tsahal et Gaza ont pris fin grâce à la médiation des autorités égyptiennes, qataries et américaines.
Des responsables du Hamas ont déclaré aux médias locaux, tôt vendredi, que l’Égypte intensifiait ses efforts diplomatiques pour faire cesser les combats grâce à des « contacts intensifs » avec le Hamas et le Jihad islamique palestinien.
Les représentants du Jihad islamique ont envoyé des signaux contradictoires au sujet des pourparlers sur le cessez-le-feu. Ihasan Attaya, un haut fonctionnaire s’est plaint tôt vendredi que les médiateurs « n’ont pas été en mesure de nous fournir des garanties ». L’un des points d’achoppement est la demande du Djihad islamique qu’Israël cesse sa politique d’assassinats ciblés, a déclaré Attaya. Israël a catégoriquement rejeté cette condition.
Les combats de cette semaine ont commencé lorsque Israël a lancé des frappes aériennes simultanées tôt mardi qui ont tué trois commandants du Jihad islamique palestinien ainsi que certaines de leurs épouses et de leurs enfants alors qu’ils dormaient chez eux. Israël a déclaré qu’il ripostait à un barrage de tirs de roquettes lancé la semaine dernière par le Djihad islamique à la suite de la mort d’un de ses membres en Cisjordanie, Khader Adnan, qui avait entamé une grève de la faim alors qu’il était détenu par les autorités israéliennes.
Mohammed al-Hindi, responsable du département politique du Jihad islamique arrivé jeudi au Caire, a dit espérer que les discussions en vue d’une trêve « s’achèvent aujourd’hui (vendredi) ».
« Nous espérons obtenir un accord honorable qui reflète les intérêts de notre peuple et de la résistance », a-t-il déclaré à l’AFP.
Les pourparlers avaient été interrompus un jour plus tôt après qu’un Israélien a été tué par une roquette qui s’est abattue sur une maison de Rehovot, le premier mort du pays dans le conflit actuel. Israël a répondu par des frappes qui ont tué le commandant d’une division de roquettes du Jihad islamique et son adjoint.
Hagari a précisé qu’Israël avait frappé 215 cibles du Jihad islamique au cours de l’opération Bouclier et Flèche, qui a débuté tôt mardi.
Selon les chiffres du ministère de la Santé dirigé par le Hamas, 31 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu’Israël a lancé l’offensive, auxquelles s’ajoutent 93 blessés.
Hagari a ajouté qu’Israël avait tué 16 terroristes ainsi que 10 civils lors des frappes initiales, qui ont détruit des habitations dans lesquelles dormaient des familles. Il a ajouté que quatre civils gazaouis avaient par ailleurs été tués par des roquettes du Jihad islamique tombées dans l’enclave.
Les combattants de Gaza, qui n’ont commencé à tirer des roquettes que mercredi après-midi, ont lancé 866 projectiles, dont 163 n’ont pas atteint Israël et 260 ont été interceptés, a précisé Hangari. La plupart des roquettes ont visé des villes du sud d’Israël, mais certaines ont atteint Tel Aviv.
C’est jeudi qu’ont eu lieu les combats les plus violents, avec des centaines de roquettes tirées dans tout Israël et des frappes aériennes qui ont tué un commandant de l’unité de roquettes du Jihad islamique et son adjoint.
Netanyahu a présidé une réunion consacrée à la situation, jeudi soir, en présence des états-majors des forces de l’ordre, au quartier général de Tsahal, à Kirya, à Tel Aviv. À l’issue de cette réunion, les médias israéliens ont fait état d’un message des services du Premier ministre selon lequel Israël poursuivrait ses opérations à Gaza « en cas de besoin » et « continuerait à faire payer un lourd tribut au Jihad islamique pour son agression contre les citoyens d’Israël ».
Les participants à la réunion ont convenu que les objectifs de l’opération avaient été atteints, a rapporté la Douzième chaine et qu’il faudrait faire pression pour que le Jihad islamique palestinien accepte un cessez-le-feu.
Le chef du service de politique étrangère de l’Union européenne et les ministres des Affaires étrangères de France, Égypte, Allemagne et Jordanie ont publié, jeudi, des déclarations publiques appelant à un cessez-le-feu.
Les ministres des Affaires étrangères se sont dits « profondément alarmés par ce nouveau cycle de violence et la détérioration de la situation sécuritaire dans les territoires palestiniens occupés et en Israël, ainsi que par les opérations en cours à Gaza, qui ont fait des victimes civiles inacceptables, parmi lesquelles des femmes et des enfants », dans une déclaration conjointe publiée à l’issue du sommet du Groupe de Munich, à Berlin.
Ils ont appelé à un cessez-le-feu immédiat « pour mettre fin aux opérations militaires israéliennes à Gaza et aux tirs aveugles de roquettes contre Israël. Le droit international humanitaire doit être respecté. »
Ils ont également félicité l’Égypte pour ses efforts de médiation et ont appelé Israël et l’Autorité palestinienne à mettre en œuvre les engagements pris lors des sommets d’Aqaba, en février, et de Charm el-Cheikh, en mars.
Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a également demandé aux parties en présence d’accepter une trêve, déclarant dans un communiqué: « Nous demandons instamment un cessez-le-feu complet et immédiat, pour mettre fin aux opérations militaires israéliennes à Gaza et aux tirs de roquettes actuels contre Israël, qui sont inacceptables. Le droit international humanitaire doit être respecté. »
Des responsables ont déclaré précédemment qu’Israël était en pourparlers avec des pays arabes sur un éventuel cessez-le-feu, mais ont démenti les informations selon lesquelles Israël accepterait un certain nombre de concessions controversées, telles que l’arrêt des assassinats ciblés et la restitution du corps d’Adnan.
Emanuel Fabian, Lazar Berman et l’AFP ont contribué à cet article.