Après l’accord Israël-EAU, Kushner annonce que d’autres pays arabes suivront
Kushner déclare que certains pays « sont contrariés de ne pas être les premiers », et que les efforts, engagés il y a 18 mois, ont été précipités par l’approche de l'annexion
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON – Le gendre et conseiller supérieur du président américain Donald Trump, Jared Kushner, a déclaré jeudi que d’autres pays arabes pourraient annoncer prochainement la normalisation de leurs relations avec Israël, à la suite de l’accord négocié par les États-Unis entre Israël et les Émirats arabes unis.
« Nous espérons que ça va briser le tabou, et qu’Israël va désormais pouvoir normaliser ses relations avec d’autres pays », a déclaré Kushner lors d’une conférence de presse peu après que Trump ait annoncé l’accord ; il a ajouté qu’il y avait de « grandes chances » qu’un autre accord israélo-arabe s’effectue ce mois-ci.
Kushner a affirmé que l’administration est en pourparlers avec d’autres États arabes pour la normalisation de leurs relations avec Israël. Il a suggéré que d’autres annonces se feraient au cours des trois prochains mois.
« Il y en a même quelques-uns qui sont contrariés de n’avoir pas été les premiers », a déclaré Kushner. « Mais … nous travaillerons dur pour obtenir à de plus en plus de normalisations au cours des prochaines années. »
« Je pense que ça [l’accord] les rend de plus en plus inévitables », a-t-il poursuivi. « Mais cela nécessite d’instaurer de la confiance et de faciliter le dialogue. Espérons que cela facilite les choses pour les autres. »
Lorsqu’on lui a demandé quels autres pays étaient dans la partie, il a répondu : « Qui est le prochain ? Vous le découvrirez bientôt. »
Plus tôt ce jeudi, dans une déclaration conjointe avec les États-Unis publiée en avant-première par Trump, Israël et les Émirats arabes unis ont annoncé qu’ils étaient parvenus à un accord historique pour l’établissement de relations diplomatiques complètes, le troisième accord de ce type que l’État juif a conclu avec un État arabe après l’Égypte et la Jordanie.
Il s’agit du premier accord de paix dans la région depuis 1994, quand Israël a normalisé ses relations avec la Jordanie.
Les délégations israélienne et émiratie se rencontreront dans les prochaines semaines pour signer des accords bilatéraux sur les investissements, le tourisme, les vols directs, la sécurité et la création d’ambassades réciproques, indique le communiqué.
Kushner n’a pas précisé où se situerait l’ambassade des Émirats arabes unis en Israël. « Ils en décideront eux-mêmes », a-t-il dit.
Selon des sources israéliennes, la percée de jeudi – officiellement appelée les accords d’Abraham – est l’aboutissement de semaines de pourparlers intensifs entre des responsables à Jérusalem et Abu Dhabi.
Ces contacts ont été initiés au lendemain de la tribune sans précédent de l’ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, Yousef Al Otaiba, publiée le 12 juin en première page du plus popualire journal israélien, dans laquelle il a fait miroiter la perspective de relations complètes tout en mettant en garde contre le projet de Jérusalem d’annexer unilatéralement des zones de Cisjordanie.
Dans le cadre de l’accord, Israël a accepté de « suspendre » son plan d’annexion d’environ 30 % de la Cisjordanie, dont toutes les implantations et la vallée du Jourdain – la zone allouée à Israël par le Plan de Trump pour le Moyen-Orient.
Pourtant le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré après l’annonce qu’il n’abandonnait pas son projet d’étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie.
« Il n’y a aucun changement quant à notre projet d’étendre notre souveraineté sur la Judée et la Samarie, en coordination avec les Etats-Unis », a-t-il déclaré. « Je m’y suis engagé. » Cependant, Trump lui a demandé de « suspendre temporairement » le projet, a-t-il ajouté.
Lors de sa conférence de presse de jeudi, Kushner a décrit l’accord comme l’aboutissement d’années d’efforts diplomatiques, déclenchés par le discours de Trump au monde musulman à Riyad au début de sa présidence.
« Peu de nos actions étaient connues du public », a déclaré Kushner, « mais il se passait beaucoup de choses en coulisses. Si nous avions rendu public que nous travaillions là-dessus, cela aurait rendu la tâche beaucoup plus difficile. »
Kushner, à qui Trump a demandé de concentrer ses efforts sur la négociation d’un accord de paix israélo-palestinien, a dit aux journalistes que des discussions pour un accord avec les EAU étaient en cours depuis « environ un an et demi ».
Mais ils sont devenus plus sérieux après que Netanyahu a décidé de s’imposer la date limite du 1er juillet pour lancer l’annexion de territoires de Cisjordanie, a-t-il déclaré.
« Cela aurait évidemment, du point de vue des EAU, remis en cause toutes les avancées que nous avons réalisées dans la région », a déclaré Kushner.
En fait, c’est dans la foulée de la tribune d’Otaiba du 12 juin que les discussions se sont intensifiées de façon spectaculaire, a-t-il ajouté. « Nous avons entamé une discussion avec les EAU sur le thème ‘eh bien, peut-être que nous pourrions faire quelque chose de beaucoup plus intéressant pour Israël, sur le court, moyen et long terme’. »
Après six semaines de négociations, les trois pays sont parvenus à un accord de principe la semaine dernière, dont ils ont finalisé les détails mercredi, a poursuivi Kushner.
Il a également suggéré que les Palestiniens, par leur rejet anticipé du Plan Trump pour le Moyen-Orient dévoilé en janvier, ont poussé d’autres pays arabes à choisir d’aller de l’avant dans la normalisation de leurs relations avec Israël sans attendre qu’un accord israélo-palestinien voie le jour.
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Dans le cadre du Plan américain, selon Kushner, le Président « est parvenu à amener Israël à accepter une solution à deux États avec les Palestiniens – et, pour la première fois de l’histoire, à accepter une carte délimitant le territoire sur lequel il serait prêt à travailler ».
Un certain nombre d’acteurs de la région ont été consternés par la réponse palestinienne, a fait valoir Kushner.
« Je pense que cela a poussé beaucoup de gens à reconsidérer s’ils devaient ou non attendre les Palestiniens », a-t-il dit. « Beaucoup d’entre eux pensent avant tout à l’intérêt de leur pays. Je pense que la conclusion, pour les EAU et d’autres, est que leurs citoyens aimeraient avoir la possibilité de se rendre en Israël et de faire des affaires, d’investir dans les entreprises de technologie et de soins médicaux qui existent là-bas, et surtout, beaucoup de leurs citoyens aimeraient avoir accès à la mosquée al-Aqsa pour y prier. »
« La façon dont les Palestiniens ont réagi à notre Vision pour la Paix leur a simplement confirmé que s’ils attendaient que les dirigeants palestiniens prennent la bonne décision – alors ils allaient attendre très, très longtemps. »
L’Autorité palestinienne a appelé jeudi les Émirats arabes unis à « retirer immédiatement » leur accord de normalisation des relations avec Israël, qu’elle a qualifié de « décision méprisable ».
Le président de l’AP Mahmoud Abbas a ordonné une réunion d’urgence en réponse à l’accord, et a rappelé son ambassadeur aux Émirats arabes unis en signe de protestation.