Après l’attentat de Tel Aviv, le cabinet de sécurité retarde des mesures pour soutenir l’AP
Washington compterait sur Israël pour renforcer l'AP, mais un fonctionnaire a déclaré qu'il semble peu probable que des mesures soient prises dans le contexte actuel
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Le cabinet de sécurité ne sera pas parvenu à prendre une décision dimanche concernant une série de mesures destinées à soutenir l’Autorité palestinienne (AP) à la suite d’un attentat terroriste meurtrier perpétré à Tel Aviv la veille.
Le forum des principaux ministres devait débattre d’une série de politiques formulées par le conseiller à la Sécurité nationale, Tzahi Hanegbi, et l’officier de liaison de l’armée avec les Palestiniens, le général de division Ghassan Alian, a rapporté la Douzième chaîne.
« Ce n’est pas le bon moment pour le présenter au cabinet », a déclaré un fonctionnaire israélien à la Douzième chaîne, ajoutant qu’il serait plus difficile d’obtenir un soutien, dans une référence apparente à l’attaque terroriste de la veille au cours de laquelle le policier municipal Hen Amir, 42 ans, a été abattu par un tireur du groupe terroriste du Jihad islamique palestinien.
Dans le même temps, le fonctionnaire s’est engagé à ce que les mesures soient soumises à approbation dans un avenir proche, peut-être même cette semaine.
D’autres médias israéliens, dont Walla et la Treizième chaîne, ont rapporté que le sujet serait discuté dimanche mais qu’aucune décision ne serait prise.
Le Bureau du Premier ministre a refusé de commenter cette information.
Ce retard pourrait aggraver les tensions existantes dans les relations entre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et Washington.
Selon la Treizième chaîne, des responsables américains ont déclaré ce week-end à leurs homologues israéliens que le président américain Joe Biden s’attendait à ce que Jérusalem approuve des mesures visant à soutenir l’AP.
Les États-Unis seraient particulièrement intéressés par l’annulation d’une décision visant à rediriger les recettes fiscales qu’Israël perçoit pour l’AP vers les familles des victimes israéliennes du terrorisme.
En janvier, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a signé un décret visant à rediriger 139 millions de shekels de recettes fiscales de l’AP, dans le cadre de mesures punitives contre l’action juridique internationale de l’AP contre Israël.
Israël a procédé à de telles défalcations dans le passé, suite à la législation de 2018 sur la question, mais ne maintient que partiellement cette politique, car les responsables sont conscients que l’AP est dangereusement proche de l’effondrement financier.
L’AP, qui est également impatiente de voir de nouvelles mesures approuvées cette semaine, a récemment déclaré à Israël qu’elle ne participerait pas au prochain sommet sur la sécurité régionale si le cabinet rejetait la proposition, a rapporté dimanche la chaîne publique israélienne Kan.
Israël, l’AP, la Jordanie, l’Égypte et les États-Unis se sont réunis lors de deux sommets de ce type en février et en mars, et ont discuté de la possibilité de se réunir à nouveau.
Selon Kobi Michael, chercheur à l’Institut d’études de sécurité nationale de Tel Aviv, il est peu probable que l’AP réagisse officiellement à la décision du cabinet de retarder l’approbation des mesures.
« Ils ne veulent pas être perçus comme étant à la poursuite des offres israéliennes et à leur merci », a expliqué Michael. « Tout au plus diront-ils qu’il s’agit d’une nouvelle expression de l’extrémisme israélien et de l’influence de l’extrême-droite sur le gouvernement. »
En juillet, le cabinet de sécurité a voté en faveur d’une série de mesures visant à soutenir l’AP, notamment l’approbation d’une nouvelle zone industrielle à Tarqumiyah, près de la ville de Hébron, au sud de la Cisjordanie, une initiative soutenue depuis longtemps par les responsables de la sécurité israéliens, et la prolongation des heures d’ouverture du poste-frontière d’Allenby avec la Jordanie.
Le cabinet aurait également débattu de mesures économiques, notamment l’assouplissement du calendrier de paiement de la dette de l’AP à Israël et le rétablissement des permis VIP pour les hauts responsables de l’AP. Ces permis avaient été annulés par le gouvernement en janvier en réponse à l’approbation par l’Assemblée générale des Nations unies d’une résolution promue par les Palestiniens demandant à la Cour internationale de justice (CIJ) d’intervenir dans le conflit.
Dans le même temps, il n’est pas certain qu’il y ait eu un réel mouvement de mise en œuvre de ces politiques, ou qu’elles aient été essentiellement déclaratoires.
La décision de juillet est intervenue quelques semaines après que Netanyahu a promis qu’Israël s’efforcerait de développer un gisement de gaz fossile au profit des Palestiniens au large des côtes de la Bande de Gaza, une proposition qui a été maintes fois évoquée depuis plus de vingt ans.
Cette initiative est considérée comme un rameau d’olivier pour les Palestiniens et, si elle se concrétisait, elle rapporterait des milliards de shekels à l’AP.
Michael, ancien directeur-général adjoint et chef du bureau palestinien au ministère des Affaires stratégiques, a déclaré au Times of Israel que malgré la fragilité économique de l’AP et la méfiance mutuelle à l’égard du gouvernement Netanyahu, elle continuerait à coopérer avec Israël sur le front de la sécurité.
« L’Autorité palestinienne continuera d’être confrontée au [grope terroriste palestinien du] Hamas et au Jihad islamique palestinien en Cisjordanie et poursuivra ses efforts pour les réprimer avec l’aide d’Israël », a-t-il déclaré.
« Il s’agit là d’un intérêt commun extrêmement profond et vital pour la survie même de l’Autorité palestinienne. »