Tant que l’AP encourage le terrorisme, Smotrich n’y voit « aucun intérêt »
Dans le cadre des sanctions prises par le gouvernement à l'encontre de Ramallah, 139 M de NIS de recettes fiscales seront transférés aux proches des victimes du terrorisme
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a signé dimanche un décret visant à bloquer 139 millions de shekels de recettes fiscales de l’Autorité palestinienne (AP) et à les rediriger vers les familles des victimes du terrorisme, dans le cadre des mesures punitives contre les actions juridiques internationales de l’AP contre Israël, décidées par le gouvernement.
Lors d’une conférence de presse, Smotrich s’est vu demander s’il craignait que cette mesure n’entraîne l’effondrement de l’AP, ce à quoi il a répondu que « La seule responsable de son déclin est l’Autorité palestinienne elle-même, qui a choisi d’encourager le terrorisme et le meurtre d’Israéliens. Nous ne l’accepterons pas. Tant que l’Autorité palestinienne encourage le terrorisme et est un ennemi, quel est mon intérêt à l’aider à continuer à exister ? ».
Smotrich a salué la campagne menée depuis des années visant à déduire des recettes fiscales les versements réguliers de l’AP aux condamnés pour terrorisme et aux familles des attaquants palestiniens décédés, qui, selon Israël et d’autres critiques, constituent une incitation directe au terrorisme et a déclaré qu’il s’agissait d’une « lutte juste… non seulement pour rendre la justice rétroactive, mais aussi pour avoir un effet dissuasif ».
Israël a procédé à de telles défalcations dans le passé, suite à la législation de 2018 sur la question, mais ne maintient que partiellement cette politique, car les responsables sont conscients que l’AP est dangereusement proche de l’effondrement financier.
« Il n’y a aucune consolation pour les familles des personnes assassinées, mais il y a la justice », a déclaré Smotrich.
Cette décision est l’une des mesures approuvées par le gouvernement vendredi pour pénaliser les Palestiniens en représailles à leur demande d’avis de la plus haute instance judiciaire des Nations unies sur le contrôle israélien de la Cisjordanie.
Cette décision met en évidence la position adoptée par le nouveau gouvernement à l’égard des Palestiniens, à un moment où la violence explose en Cisjordanie et où les pourparlers de paix ne sont plus qu’un lointain souvenir.
La pratique de l’Autorité palestinienne consistant à verser des indemnités aux personnes condamnées pour avoir perpétré des attaques terroristes et des subventions aux familles de ceux qui ont été tués lors de ces attaques – une politique souvent baptisée « payer pour tuer » par certains responsables israéliens – a été défendue par les dirigeants palestiniens, qui les décrivent comme une forme de protection sociale et une compensation nécessaire pour les victimes du système de justice militaire israélien en Cisjordanie.
Smotrich a déclaré aux journalistes dimanche que tant que l’AP « opère conformément aux accords, s’occupe de la vie civile et contrecarre les activités terroristes en coopération avec les services de sécurité israéliens, alors, bien sûr, il est possible d’avoir des relations avec elle ».
« Ceci à condition que [l’AP] n’ait pas recours au terrorisme », a-t-il ajouté.
Abie Moses, le chef de l’Organisation nationale des victimes du terrorisme, a salué cette « décision importante », mais a ajouté qu’il ne s’agissait que d’une première étape parmi plusieurs demandes des personnes blessées dans les attentats.
« L’investiture d’une nouvelle Knesset est l’occasion d’expier la négligence de longue date à l’égard des victimes des hostilités ennemies, et d’allouer les ressources nécessaires afin de prendre en charge les droits des milliers de personnes qui ont perdu leurs proches, qui luttent pour survivre et tentent de continuer à vivre », a-t-il déclaré.
L’avocat Avi Segal, du groupe israélien de défense juridique Shurat HaDin, a remercié Smotrich et le gouvernement pour cette décision, ajoutant qu' »il existe des recherches empiriques » selon lesquelles la coupure des fonds est cruciale pour prévenir le terrorisme.
Ron Alon, un parent de victimes du terrorisme tuées lors d’un attentat à Jérusalem en 2002, a qualifié cette décision de « jour historique », faisant écho aux propos de Smotrich sur la nécessité de rendre justice aux victimes du terrorisme et de dissuader les futurs assaillants.
Les sanctions israéliennes imposées à l’AP sont une tentative de la « pousser au bord d’un gouffre financier », a estimé lundi le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammed Shtayyeh, dénonçant « une nouvelle guerre lancée contre le peuple palestinien ».
« Ces mesures constituent une nouvelle guerre contre le peuple palestinien (…) et contre la survie de l’Autorité nationale » palestinienne, a dénoncé lundi Shtayyeh avant la réunion hebdomadaire du gouvernement.
« Elles ont pour seul but de pousser l’Autorité au bord d’un gouffre financier et institutionnel », a-t-il estimé, assurant que cette politique se conclurait par un « échec ».
Parmi les autres mesures punitives prises à l’encontre de l’AP, citons la révocation des permis de voyage des hauts responsables palestiniens qui ont rendu visite à un terroriste, qui leur permettent d’entrer et de sortir facilement de la Cisjordanie, contrairement aux Palestiniens ordinaires, et le gel des constructions palestiniennes dans certaines parties de la Cisjordanie.