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Arnaud Mimran, l’escroc à la taxe carbone désormais mis en cause pour meurtres

Mis en examen le mois dernier pour "meurtre en bande organisée" pour l'un et "complicité d'assassinat" pour l'autre, le financier a contesté, devant le juge , toute implication

Arnaud Mimran au tribunal de Paris, le 7 juillet 2016. (Crédit : Bertrand Guay/AFP)
Arnaud Mimran au tribunal de Paris, le 7 juillet 2016. (Crédit : Bertrand Guay/AFP)

Dix ans après, cela commençait à ressembler à deux « cold-cases » sans espoir de dénouement. Mais la jonction des dossiers du meurtre d’un escroc à la taxe carbone et de l’assassinat d’un milliardaire a permis à deux juges parisiens d’incriminer comme commanditaire l’homme d’affaires Arnaud Mimran.

Mis en examen le mois dernier pour « meurtre en bande organisée » pour l’un et « complicité d’assassinat » pour l’autre, le financier a contesté, devant le juge d’instruction, toute implication.

En septembre 2010, Samy Souied, l’une des figures de l' »escroquerie du siècle » sur le marché des quotas d’émissions de CO2 en 2008-2009, qui aurait coûté 1,6 milliard d’euros au fisc selon la Cour des comptes, est abattu porte Maillot à Paris. Les tueurs s’enfuient sur un scooter à la plaque volée.

Un an plus tard, en octobre 2011, Claude Dray, milliardaire ayant fait fortune dans le parfum puis l’immobilier de luxe, est retrouvé mort par balles dans sa luxueuse villa de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Pas d’effraction, pas de vol, des mobiles à foison.

Chacune de ces deux enquêtes, distinctes, semble végéter pendant de nombreuses années, malgré quelques « tuyaux » et des soupçons qui portent sur Arnaud Mimran, 49 ans.

Ex-partenaire d’affaires du premier, ex-gendre du second, ce flambeur, proche du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, vient d’une famille fortunée. A partir du début des années 2000, il s’attire progressivement l’attention de la justice pour ses activités concernant sa « passion » : la bourse.

Dans le dossier Souied, fin 2013, un témoin anonyme vient renforcer les soupçons à l’égard de Mimran, en le présentant comme « commanditaire ». Mais le financier conteste et il n’y a aucune mise en cause.

D’autant que certains des avocats des parties civiles sollicités par l’AFP soupçonnent une proximité de M. Mimran et d’autres protagonistes de la « mafia du CO2 » avec certains hauts gradés policiers, ralentissant l’enquête. Ces accusations font l’objet d’une enquête de la police des polices depuis l’été 2016.

Témoignages anonymes

Entre 2019 et 2020, deux renseignements anonymes permettent toutefois de relancer les deux enquêtes.

Le premier désigne Mimran comme commanditaire et un des frères de la famille Khider, proche du financier, comme « intermédiaire » dans le meurtre de Souied.

Le second accuse un membre de la même fratrie Khider, suspectée de « recouvrer des dettes » pour le « golden-boy » à l’époque, d’avoir participé « à une autre exécution sur les indications d’Arnaud Mimran pour accéder au pavillon de la victime », ce qui ressemble au dossier Dray.

Selon un document d’enquête évoqué par Mediapart et consulté par l’AFP, les juges d’instruction ont joint en mars les deux dossiers au vu « des similitudes (…) pouvant désigner un même commanditaire en la personne d’Arnaud Mimran : circonstances des assassinats similaires supposant un commanditaire proche des victimes, utilisation d’un calibre identique, existence d’un conflit avec les victimes, comportement relevant de la préparation avant les faits ».

Fêtard, l’amateur de grosses cylindrées et de virées poker à Las Vegas avait un contentieux financier avec Souied évalué à 60 millions d’euros par le témoin de 2013. Souied a été abattu porte Maillot, là où Mimran lui avait demandé de l’attendre pour lui remettre une bague destinée à sa compagne.

Avec Claude Dray, Mimran entretenait des relations houleuses, notamment après une séparation difficile avec sa fille. Mais il s’était rabiboché avec celle-ci quelques semaines avant l’assassinat, ce qui aurait pu lui apporter des informations sur l’accès au domicile de M. Dray, avant de la quitter de nouveau quelques temps après.

En épluchant les factures téléphoniques, la Brigade criminelle a déterminé, dans un procès-verbal du 26 mars dévoilé par Mediapart et consulté par l’AFP, que M. Mimran, certains membres de la fratrie Khider et une de leurs connaissances, Brice K., s’étaient retrouvés avant le meurtre de Souied à deux reprises, de nuit, à Paris.

Les suspects, hormis M. Mimran, s’étaient aussi retrouvés à Orly, une poignée d’heures avant l’assassinat, là où la plaque de scooter utilisée par les tueurs avait été dérobée.

Mi-avril, le financier a été mis en examen pour « complicité d’assassinat » de M. Dray.

Dans le dossier Souied, Arnaud Mimran, Djoudi Khider et Brice K. ont été mis en examen pour « meurtre en bande organisée ».

Mimran dément

Tous contestent les faits.

Devant le juge d’instruction, le 15 avril, M. Mimran s’est défendu dans une courte déclaration, consultée par l’AFP: « je n’ai jamais été ni le commanditaire ni l’auteur des assassinats de mon ex-beau père en 2011 ni de Samy Souied en 2010 », a-t-il dit.

Pour lui, sa mise en cause à ce moment-là n’avait « qu’un seul objet »: « m’empêcher d’être libéré le 9 mai alors que j’aurai accompli l’intégralité de ma peine », a-t-il dit.

M. Mimran devait en effet finir de purger sa peine de huit ans de prison à laquelle il avait été été condamné en appel à Paris en 2017 pour sa participation à la fraude au marché des quotas d’émission de CO2, une escroquerie à 283 millions d’euros.

Il doit par ailleurs comparaître du 8 au 25 juin aux assises avec Farid Khider et quatre autres accusés pour l’enlèvement et la séquestration en vue d’extorsion d’un richissime financier suisse en janvier 2015.

Dans les dossiers Souied comme Dray, plusieurs avocats des parties civiles interrogés par l’AFP sont convaincus que M. Mimran est le commanditaire. Mais les investigations ne sont pas terminées.

Ainsi, concernant M. Dray, seul le « golden boy » est mis en cause pour « complicité » d’un assassinat dont les auteurs n’ont pas encore été mis en cause: « les indices contre Mimran peuvent suffire » pour le mettre en examen, mais pas forcément pour le faire condamner, concède un conseil des parties civiles.

La jonction des deux dossiers pourrait en outre permettre d’avancer sur d’autres assassinats irrésolus, potentiellement liés eux aussi à ce cercle de l’escroquerie à la taxe carbone.

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