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Attentat de Christchurch : la France, étape-clé du projet du suspect

L'un des moments-clé de la radicalisation du terroriste aurait été la victoire d'Emmanuel Macron contre Marine Le Pen lors de la présidentielle française de 2017

Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 4 mai 2017 (Crédit : Capture d’écran France TVInfo)
Marine Le Pen et Emmanuel Macron, le 4 mai 2017 (Crédit : Capture d’écran France TVInfo)

Le principal suspect de l’attaque des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande motive ses attaques en estimant combattre ce qu’il juge être une submersion culturelle des peuples européens blancs par l’immigration, multipliant notamment les références à la France, étape clé de son cheminement.

Un manifeste de 74 pages a été publié vendredi sur les réseaux sociaux, dans lequel l’auteur dévoile ses motivations, se disant « fasciste », dénonçant un « génocide blanc », et revendiquant avoir mené une « attaque terroriste ».

Idéologie suprématiste

Le titre de ce document de 74 pages, « le Grand remplacement », fait écho à une théorie du complot de l’extrême droite identitaire, introduite en 2011 par le Français Renaud Camus sur la disparition des « peuples européens », « remplacés » selon lui par des populations non-européennes immigrées. L’auteur et chroniqueur Yann Moix, relaxé en juillet, avait été condamné mercredi en appel pour diffamation envers Camus, qu’il avait qualifié d' »assez antisémite ». La cour d’appel de Paris a condamné Yann Moix à verser 1 000 euros de dommages et intérêts à Renaud Camus, ainsi qu’à s’acquitter de 2 000 euros de frais de procédure. Camus a été condamné en appel en 2015 à 4 000 euros d’amende pour provocation à la haine ou à la violence contre les musulmans, pour des propos tenus en 2010. L’avocat de Camus, Me Stéphane Bonichot, a salué une « décision importante » pour son client, qui « a toujours expliqué qu’il avait des positions particulières sur différents sujets, mais qu’il n’était pas antisémite ».

Le manifeste du suspect, un Australien de 28 ans, porte le sous-titre « vers une nouvelle société, nous ne cessons de marcher », accompagné d’un logo déclinant des thèmes suprématistes, comme l' »autonomie ethnique », la « protection de l’héritage et de la culture », l' »anti-impérialisme »…

Dès les premières lignes du document, l’homme enjoint l’Occident « blanc » à élever son taux de fertilité, sous peine d’un « remplacement culturel et racial complet du peuple européen », et évoque un « génocide blanc » du fait de l' »immigration de masse » et des « envahisseurs ».

Au fil du document, il se proclame « raciste », « fasciste » et « majoritairement en accord avec Oswald Mosley », fondateur en 1932 de l’Union britannique des fascistes.

La France, étape-clé de son cheminement

Il déclare avoir décidé de fomenter « un attentat violent » en 2017, « en voyageant en tant que touriste en Europe de l’Ouest, en France, en Espagne, au Portugal et ailleurs ».

Une camionnette s’est écrasée dans le grand magasin Ahlens, Ahlens, à Drottninggatan, dans le centre de Stockholm, le 7 avril 2017 (Crédit : AFP / TT News Agency / Andreas Schyman)

Il est en Europe en avril 2017 lors de l’attaque au camion de Stockholm qui fait cinq morts, dont une fillette de 11 ans, Ebba Akerlund, « jeune, innocente et morte », « tuée par un attaquant islamiste », écrit-il. « Mon cynisme blasé lors des précédentes attaques n’a pas fait effet ».

Second moment-clé de sa radicalisation, affirme-t-il : la victoire d’Emmanuel Macron contre Marine Le Pen lors de la présidentielle française de 2017, celle, selon lui, d’un « ancien banquier internationaliste, mondialiste, anti-Blanc » contre une « mollassonne » et « timide ». Il a plus tard des mots très durs pour le parti de Mme Le Pen, le jugeant « complètement incapable de créer un réel changement ».

« Mon espoir d’une solution démocratique s’est alors envolé », conclut-il, avant d’affirmer avoir visité « une France emplie d’envahisseurs ».

La « goutte d’eau qui fait déborder le vase » fut sa visite des villes françaises, où, dit-il, « dans chaque village les envahisseurs étaient là ».

Un massacre prémédité de longue date

Le tireur confie avoir prémédité son geste depuis ce voyage en Europe en 2017.

Il précise que la Nouvelle-Zélande n’était pas (son) choix initial » pour perpétrer « l’attaque terroriste », mais qu’il s’est finalement rangé à cette option.

Il ciblait les deux mosquées de Christchurch et de Linwood, où ont eu lieu les tueries, mais aussi une troisième, dans la localité proche d’Ashburton.

Un cours aux abords de la mosquée dans le centre de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, le 15 mars 2019 (Crédit :AP Photo/Mark Baker)

Il assure avoir ciblé la population musulmane essentiellement en raison de « ses taux de fertilité particulièrement élevés ».

Partisan d’une ségrégation culturelle

Le tireur affirme ne pas haïr les autres peuples à condition qu’ils restent sur leurs territoires. « Je souhaite le meilleur aux différents peuples du monde, sans distinction d’ethnie, race, culture ou foi, et qu’ils vivent dans la paix et la prospérité, vivant selon leurs traditions, dans leurs propres nations ».

Filiation idéologique

Anders Behring Breivik faisant un salut nazi à son arrivée à son procès contre l’État, le 15 mars 2016. (Crédit : Jonathan Nackstrand/AFP)

Il cite dans le texte différents auteurs d’attaques racistes ou d’ultra-droite, notamment le Norvégien Anders Breivik qui avait tué 77 personnes en juillet 2011, notamment en ouvrant le feu sur un rassemblement de la Jeunesse travailliste sur l’île d’Utøya. Il affirme avoir eu « un bref contact » avec lui.

Il a aussi « lu les écrits de Dylan Roof », qui avait attaqué une église fréquentée par des Noirs en juin 2015 à Charleston, aux Etats-Unis, tuant neuf personnes.

Musique

Il a mis en scène son acte en le diffusant sur les réseaux sociaux. Il écoute dans sa voiture avant l’attaque une chanson à la gloire des combattants serbes de Bosnie de la guerre de Bosnie durant les années 90.

On voit les noms écrits en alphabet cyrllique de deux personnalités de l’histoire serbe et monténégrine: Marko Miljenov, un général monténégrin qui a combattu les Ottomans et Stefan Lazar, le roi serbe qui a commandé les troupes serbes lors de la bataille du Kosovo en 1389.

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