Au sommet pour la paix, être un Israélien au Bahreïn, c’est presque normal
Malgré l'absence de liens diplomatiques officiels entre les deux pays, les invités israéliens ne sont pas seulement les bienvenus : Ils ont droit à un traitement VIP à Manama
MANAMA, Bahreïn. D’accord, d’abord la mauvaise nouvelle : Ce n’est pas pour demain que l’Etat d’Israël et le royaume du Bahreïn établiront des relations diplomatiques. Ce ne sera pas cette semaine, dans le sillage immédiat du sommet économique de « la Paix vers la prospérité » qui est organisé ici, et ce ne sera probablement pas dans les mois, ni même dans les années à venir.
Pour le moment, un accord de paix avec les Palestiniens reste l’ultime plafond de verre qui doit exploser avait qu’un Etat du Golfe, quel qu’il soit, ne soit prêt à normaliser ses liens avec Israël.
Mais il y a une bonne nouvelle : Ce plafond de verre est soumis à une grave secousse, cette semaine. La chaleur extrême avec laquelle les Israéliens sont accueillis ici est un témoignage remarquable d’un changement d’époque.
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Un petit groupe de citoyens autrefois désignés sous le terme « d’ennemis sionistes » a été accueilli à bras ouverts au Bahreïn.
Compte-tenu du boycott palestinien de la conférence de la Paix vers la prospérité, l’administration américaine n’a invité aucun responsable de l’Etat juif. Mais les journalistes, la communauté des affaires et la société civile israélienne venus au sein de cette minuscule nation insulaire sont traités comme des VIP.
Et si une normalisation officielle reste hors de portée, les liens entre les deux pays, à un niveau personnel, paraissent presque… Eh bien, normaux.
Nous, journalistes, avons remarqué la courtoisie des Bahreïnis à notre égard – et ce, avant même que nous ne décollions pour Manama.
Les autorités du royaume n’ont pas hésité une seconde quand la Maison Blanche a réclamé l’accréditation d’un certain nombre de correspondants-presse israéliens à l’événement. La dernière fois que des journalistes israéliens avaient été officiellement invités au Bahreïn, c’était il y a un quart de siècle.
Et quand certains, parmi nous, avons rencontré des difficultés dans nos demandes de visas, nous avons été rapidement aidés, sans bureaucratie lourde supplémentaire.
Lors de leur atterrissage au Bahreïn, les journalistes venus de l’Etat juif – ceux qui sont venus avec leurs passeports étrangers tout comme ceux qui sont entrés dans le pays avec leurs documents de voyage israéliens – ont été escortés par des responsables amicaux depuis la sortie de l’avion jusqu’à la porte de leur hôtel.
Nous avons évité les longues files d’attente au contrôle des passeports et nos aides bahreïnis ont même pris nos valises et nous les ont amenées alors que nous attendions dans un salon VIP de l’aéroport.
Pour être juste, tous les délégués qui attendaient le sommet de mardi et de mercredi ont bénéficié du même traitement. Mais le fait que les Israéliens fassent l’objet des mêmes soins très exactement que les Jordaniens, les Emiratis et les Saoudiens dans un pays arabe n’allait pas de soi.
Au Bahreïn – cette semaine tout du moins – j’ai été heureux de découvrir que les responsables ne semblaient pas éviter de prononcer le mot « Israël » : Il est écrit deux fois sur mon badge officiel, pour la conférence, et personne n’a sourcillé.
Et en fait, d’une certaine manière, nous, les journalistes israéliens, avons même été traités légèrement mieux que nos collègues. Tandis que les correspondants des autres pays ont reçu un pass presse, nous avons bénéficié pour notre part du statut de délégués – ce qui nous garantit un meilleur accès à certains événements de la conférence.
Même dans les rues de Manama, à l’écart du sommet parrainé par les Etats-Unis, personne n’a laissé échapper un mauvais mot en réalisant qu’il était en train d’interagir avec un Israélien. Tous ceux que nous avons été amenés à rencontrer – du légendaire chauffeur de taxi au vendeur de souk de la capitale – se sont montrés très amicaux.
Mardi soir, après la cérémonie d’ouverture du sommet, nous avons été invités au dîner qui a suivi.
Installés pas très loin du secrétaire d’Etat américain Steven Mnuchin, du haut-conseiller du président américain Jared Kushner et du prince héritier du Bahreïn, Salman bin Hamad bin Isa Al Khalifa, nous avons pu déguster un filet de loup aux courgettes, du Shish taouk, du machbous d’agneau traditionnel, des petits côtes soigneusement rôties avec du jus de truffes – et du houmous, bien entendu.
Ceux d’entre nous qui observons strictement les règles alimentaires juives se sont vus offrir du poisson grillé, enveloppé dans une feuille d’aluminium afin qu’il n’entre pas en contacts avec les plats sus-mentionnés – aussi délicieux que non cashers.
Et nous avons été rejoints à notre table pour une discussion ouverte et animée par le conseiller en communications du prince héritier, Isa Bin AbdulRahman al-Hammadi, de crainte que nous nous sentions isolés.
Homme jovial vêtu de l’habit arabe traditionnel, al-Hammadi — qui est aussi un ancien ministre du gouvernement Bahreïni – nous a dit que nous pouvions tout lui demander… dans la mesure où la conversation resterait officieuse.
Parce que, même si être un Israélien au Bahreïn a paru presque normal cette semaine, il faut bien reconnaître que la normalisation pleine et entière entre nos deux pays reste encore lointaine.
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