Israël en guerre - Jour 365

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Analyse100 000 documents, ici, prouvent qu'ils ont menti

Avec l’aide du Mossad, Netanyahu lâche une bombe sur l’accord du nucléaire

Israël a toujours dit que l'Iran avait dupé le monde et que l'accord sur le nucléaire permettait l'élaboration d'un arsenal nucléaire ; Trump doit maintenant "faire ce qu'il faut"

David Horovitz

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu donne un discours sur les preuves acquises, selon lui, par Israël des mensonges de l'Iran sur son programme nucléaire depuis le ministère de la Défense de Tel Aviv, le 30 avril 2018 (Crédit : AFP Photo/Jack Guez)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu donne un discours sur les preuves acquises, selon lui, par Israël des mensonges de l'Iran sur son programme nucléaire depuis le ministère de la Défense de Tel Aviv, le 30 avril 2018 (Crédit : AFP Photo/Jack Guez)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a lâché lundi une bombe sur l’Iran sous la forme de renseignements recueillis par le Mossad – mais aussi sur la communauté internationale sous la direction de l’administration américaine qui avait négocié l’accord sur le nucléaire avec Téhéran en 2015. Il a présenté d’importantes archives de documents iraniens qui révèlent que Téhéran a oeuvré à développer un arsenal d’armes nucléaires, menti à la communauté internationale à ce sujet, et pris les mesures nécessaires pour que le pays puisse travailler à l’élaboration de sa bombe dans le cadre du pacte de 2015.

Lors d’une présentation brève mais dévastatrice depuis le siège du ministère de la Défense de Tel Aviv, Netanyahu a dévoilé ce qu’il a qualifié de l’une des plus grandes réussites des services du renseignement israéliens : mettre la main sur des documents rédigés par l’Iran et consacrés à son propre programme sur les armes nucléaires, à savoir 55 000 pages auxquelles sont venus s’ajouter encore 55 000 documents sur CD, a-t-il expliqué. Ces archives retracent fidèlement les progrès réalisés par le programme global de construction d’armes nucléaires de la république islamique, qui porte le nom de projet Amad, a-t-il noté – s’exprimant en anglais, pour un retentissement maximal à l’international. Et en obtenant ces fichiers, a-t-il déclaré, Israël est dorénavant en mesure de prouver de manière irréfutable que les leaders iraniens ont menti « éhontément » au monde et que l’accord de 2015 est fondé sur une « duperie ».

« 100 000 documents, ici, prouvent qu’ils ont menti », a-t-il déclaré, debout devant ce qui, a-t-il dit, étaient des copies des documents et des CDs iraniens.

Regardant la conférence du Premier ministre depuis un studio de télévision, l’ancien chef des renseignements militaires de l’armée israélienne Amos Yadlin a qualifié les matériels obtenus de « preuve concluante » de la duplicité de Téhéran – la légitimation de l’affirmation constante par Israël de l’existence d’un programme d’armes nucléaires iranien, de la poursuite des travaux de la République islamique dans cet objectif et des mensonges proférés au monde à ce sujet.

Les documents d’archives volés ne contiennent « aucune preuve irréfutable » d’après 2015, a observé Yadlin, probablement parce que les fichiers les plus récents n’ont pas encore été archivés. Toutefois, dans la mesure où il est dorénavant établi que Téhéran a menti au monde jusqu’en 2015, a sèchement ajouté Yadlin, « on peut présumer que l’Iran a continué à mentir également depuis lors ».

Netanyahu a expliqué avoir d’ores et déjà partagé les fichiers avec les Etats-Unis et que ces derniers peuvent répondre de leur authenticité. Il a ajouté qu’il les partagerait également avec les autres pays et avec l’Agence internationale de l’énergie atomique. Le Premier ministre a toujours été opposé à la convention de 2015, négociée par le groupe P5+1 sous la direction du président Barack Obama. Sa présentation de lundi était clairement destinée, entre autres, à faire avancer sa demande de « corriger ou d’annuler » l’accord – un positionnement crucialement partagé par le président américain Donald Trump, qui doit décider dans moins de deux semaines s’il doit se retirer de cet accord.

Le Premier ministre s’est montré – il faut le noter – imprécis quant à la direction que devraient prendre, selon lui, les Etats-Unis et les autres pays du P5+1. Faut-il corrige l’accord ? Faut-il l’annuler ? Il a simplement déclaré qu’il avait la certitude que Trump prendrait la décision « qui s’impose – qui s’impose pour les Etats-Unis, qui s’impose pour Israël, et qui s’impose pour la paix dans le monde ».

Pour la toute première fois de mémoire d’Israélien, Netanyahu a sauté son discours prévu lors de l’ouverture de la nouvelle session de la Knesset afin de trier ses fichiers et de préparer son discours. Cette annulation survenue quelques heures après une opération présumée sur une base iranienne en Syrie a provoqué une mini-panique chez certains Israéliens. Attendant le discours de Netanyahu, le nouveau présentateur de la chaîne Hadashot – avec un petit degré seulement d’exagération – a déclaré que « tous les foyers » au sein de l’Etat juif « se préparent dorénavant au discours du Premier ministre et se demandent si la guerre avec l’Iran est inévitable ».

« Non », a répondu succinctement l’analyste militaire Roni Daniel.

Renchérissant, Amos Gilad, un ancien responsable du ministère de la Défense très respecté, a affirmé dans le studio : « Rassurons le public. Il n’y a pas de danger d’une guerre. Et l’Iran n’est pas en train de nous attaquer ».

Gilad a alors plutôt saboté ses tentatives de dissiper la panique en ajoutant : « L’Iran est déterminé à se débarrasser d’Israël. Ils adoptent une perspective historique… Ils développent des missiles. Ils disent que l’accord avec Obama les autorise dans huit ans à développer l’arme nucléaire s’ils veulent le faire ».

C’est cette approche iranienne patiente, cette menace iranienne inlassable, que Netanyahu a voulu mettre en exergue dans sa présentation. A cette fin, son discours a eu plusieurs objectifs complémentaires :

Premièrement, montrer aux Iraniens l’efficacité des appareils sécuritaires et du renseignement israéliens – capables de se saisir des matériels les plus étroitement surveillés de l’Iran sous son propre nez (et en conséquence, capables également d’identifier ses personnels les plus éminents, notamment Mohsen Fakhrizadeh qui est à la tête du programme sur le nucléaire).

Deuxièmement, détailler, étape par étape, les progrès réalisés par le programme nucléaire iranien tels qu’ils sont détaillés dans les propres documents, cartes, photos et vidéos de la république islamique – en cinq phases que Netanyahu a exposées l’une après l’autre : la création d’armes nucléaires, le développement de réacteurs, la création de systèmes d’implosion nucléaires, la préparation de tests nucléaires et, enfin, l’intégration d’armes nucléaires sur des missiles.

Troisièmement, donner à la communauté internationale des preuves à partir desquelles elle pourra formuler une réponse plus appropriée à la duplicité terrifiante de Téhéran.

Le président américain Donald Trump durant une conférence de presse conjointe avec le président nigérian Muhammadu Buhari dans la roseraie de la Maison Blanche, le 30 avril 2018 (Crédit : AFP PHOTO / SAUL LOEB)

Et, quatrièmement, donner à Trump les informations de renseignement dont il a besoin pour adopter le positionnement le plus ferme possible contre le maintien de l’accord sur le nucléaire de 2015 sous sa forme actuelle – peu importe les degrés de dérision ou de menaces de la réponse apportée par l’Iran.

Est-ce que cela marchera ? Est-ce que les pays du groupe P5+1 vont soudainement se découvrir une nouvelle volonté d’acier lorsqu’il s’agira d’affronter les Ayatollahs malveillants ? Netanyahu, quant à lui, y croit peu. Mais, comme il l’a déclaré, il s’est coordonné avec l’administration Trump. Et le président, dans les minutes qui ont suivi la présentation de Netanyahu à Tel Aviv, a estimé depuis les jardins de la Maison Blanche que Netanyahu avait envoyé le bon message, et que la perspective d’une ouverture iranienne vers la bombe, dans sept ans, était « inacceptable ».

Netanyahu a déclaré avec force lundi, comme il l’a toujours fait, que l’accord sur le nucléaire était un pacte « terrible » qui « n’aurait jamais dû être conclu ». Dorénavant, dit-il, il en a la preuve.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président américain Barack Obama à la Maison Blanche le 9 novembre 2015 (Crédit : Raphaël Ahren / Times of Israël)

L’administration Obama avait clamé qu’aucun accord n’aurait pu satisfaire Israël mais cela n’a n’a jamais été vrai. Israël voulait un pacte qui aurait démantelé le programme entier d’armes nucléaires en Iran et l’accord de 2015 ne le garantissait tout simplement pas. Une fois encore, Netanyahu en a dorénavant la preuve.

Même lundi, armé de ces archives iraniennes révélatrices de danger et de duplicité, Netanyahu n’a pas demandé que le pacte soit annulé. Il a plutôt souligné que l’accord, tel qu’il est, ouvre la voie à l’élaboration d’un arsenal nucléaire et il a affirmé que les matériels qu’il présentait montraient, sans l’ombre d’un doute, que les Iraniens avaient bien l’intention de profiter de cette opportunité – d’enrichir des montages d’uranium, de développer des missiles balistiques, de militariser.

Son message au monde sur les responsables-vautours de l’Iran et leurs objectifs nucléaires : Ils sont dangereux. Ils sont trompeurs. Il faut les arrêter et… ce n’est pas trop tard.

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