Avec Trump à Bethléem, la grève de la faim est l’éléphant dans le magasin de porcelaines
La grève des prisonniers a paralysé la rue palestinienne et le président américain peut gagner de la confiance simplement en montrant qu’il sait qu’elle existe
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël

BETHLEEM – Lundi, à la veille de la visite du président américain Donald Trump, la ville de Cisjordanie était totalement fermée. Mais la raison pour laquelle les magasins étaient fermés et les rues vides n’a rien à voir avec l’homme le plus puissant au monde.
La grève de la faim de plus de 1 000 prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes a atteint son 36e jour, et en soutien, une grève générale a été déclarée en Cisjordanie et pour les citoyens arabes d’Israël, à la fois par le Comité de soutien des prisonniers, et par le Haut comité de liaison, l’institution qui représente officiellement les Arabes israéliens.
Trump a rencontré mardi matin le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas au palais présidentiel de Bethléem, qui a une grande importance puisque les chrétiens croient qu’il s’agit du lieu de naissance de Jésus.
Peu d’images ou de messages adressés à Trump étaient affichés sur la place principale ou dans les rues de la ville. Et pourtant, une bannière proclamait que « la ville de la paix accueille l’homme de paix », avec des photographies d’Abbas et Trump.

Akram Alayasa, porte-parole du ministère des Affaires des prisonniers de l’AP, était l’une des 100 personnes qui manifestaient dans un campement installé devant l’église de la Nativité lundi après 22h00.
Le campement de protestation, où se rassemblent quotidiennement les membres de la famille des grévistes, serait la raison pour laquelle Trump ne visitera pas l’église, qui est, selon la tradition chrétienne, bâtie sur le lieu de naissance de Jésus.
Selon Alayasa, les Palestiniens se sont abstenus d’afficher des photographies de Trump avant sa visite car ils auraient été “trop embarrassés”.
Les Palestiniens seront probablement ravis si Trump se contente de reconnaître l’existence de la grève de la faim, qui a été pour eux le sujet le plus important depuis qu’elle a été lancée le mois dernier par Marwan Barghouthi, un cadre du Fatah qui purge cinq peines de prison à vie pour avoir tué des civils israéliens.
La visite de Trump en Israël et en Cisjordanie fait partie de son premier voyage présidentiel à l’étranger, et suit une première étape en Arabie saoudite, où il a appelé les dirigeants islamiques à faire face à l’extrémisme.
Il a également parlé de raviver les efforts de paix au point mort entre Israéliens et Palestiniens, mais sans donner beaucoup de précisions sur la manière dont il compte s’y prendre.

Hossam Zumlot, conseiller d’Abbas, a dit que « si le président Trump veut négocier et nous mener vers un accord historique, un accord majeur, nous sommes prêts à être ses partenaires. »
Alayasa a ajouté que les Palestiniens avaient été lassés des échecs de Barack Obama, le prédécesseur de Trump, et qu’ils voulaient du concret.
“Après huit années d’Obama et ses discours agréables, il n’y a toujours rien. Les Palestiniens souhaitent et espèrent que l’Amérique comprendra leur cause”, a-t-il dit.
Une série de mesures économiques a été approuvée par Israël juste avant l’arrivée de Trump, comprenant notamment l’extension des heures d’ouverture du poste-frontière avec la Jordanie, l’approbation de la construction palestinienne en Zone C, et le développement de quelques zones industrielles. Elles n’ont cependant pas été bien accueillies à Ramallah.
« Elles ne répondent même pas aux minimums nécessaires au développement de l’économie palestinienne », a déclaré Nabil Abu Rudeinah, porte-parole d’Abbas.
Majdi Khaldi, conseiller d’Abbas, a dit mardi à la radio Voix de la Palestine qu’à court terme, la reprise des négociations devait régler les problèmes économiques des Palestiniens, liés à la poursuite du conflit et aux restrictions israéliennes sur le commerce et la circulation.