Bannie du Liban en raison de ses liens avec Israël, une artiste reprend en arabe la chanson d’Eden Golan
Fervente chrétienne installée aux États-Unis, Carine Bassili espère ainsi réconcilier son peuple et les Israéliens : "Il n’y a pas de paix possible sans guérison ni réconciliation"
Carine Bassili ne s’attendait pas à ce que sa reprise en arabe de
« Hurricane », la chanson de l’artiste israélienne Eden Golan qui s’est classée cinquième à l’Eurovision, devienne à ce point populaire.
La courte vidéo de ce morceau, publiée sur Instagram par son ami Jonathan Elhoury, activiste libano-israélien, a d’ores et déjà remporté près de 14 000 likes.
« J’ai juste fait ça pour l’aider un peu », explique au Times of Israel l’artiste libanaise Bassili, âgée de 39 ans, installée aux États-Unis. « J’ai vu tout ce qu’elle a enduré sur les réseaux sociaux et ce qui lui est arrivé en Suède. »
Lors du concours Eurovision à Malmö, entre le 7 et le 11 mai derniers, la chanteuse israélienne a en effet essuyé à maintes reprises les huées de la foule, sur scène, et a dû s’entourer d’impressionnantes mesures de sécurité tout au long de la compétition en raison des menaces. Plusieurs manifestations anti-israéliennes ont émaillé son séjour dans cette ville scandinave.
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Née au Liban, Bassili est une ardente partisane de l’État juif, ce qui fait d’elle une exception dans un pays qui n’a jamais entretenu de relations diplomatiques avec Jérusalem et alors que le groupe terroriste islamiste du Hezbollah lance chaque jour des projectiles mortels sur Israël depuis le 8 octobre dernier.
Elle a quitté le Liban pour les États-Unis il y a de cela 19 ans. Son enfance a été gâchée par la guerre civile libanaise, née du conflit entre chrétiens et insurgés palestiniens, en 1975, et qui s’est étendue à d’autres pans religieux, jusqu’en 1990.
Elevée dans un quartier chrétien de Beyrouth situé non loin de Dahia, bastion du Hezbollah dans la capitale libanaise, elle se souvient des courses effrénées vers les abris anti-aériens – « c’était courir pour ne pas mourir » – et des roquettes tombées sur son école. Le conflit a d’ailleurs coûté la vie à plusieurs membres de sa famille.
« Nous avons grandi sans haïr personne », se souvient-elle. « Mais de nombreux chrétiens libanais ne font pas confiance aux Palestiniens, à cause de cette histoire commune. »
« Un voile s’est levé »
En 1982, l’armée israélienne est intervenue dans le conflit libanais pour prêter main forte aux chrétiens aux prises avec les milices palestiniennes et y a maintenu des troupes jusqu’en 2000. Pour autant, Bassili concède qu’elle « ne s’occupait pas vraiment d’Israël » lorsqu’elle était au Liban.
L’intérêt lui est venu, des années plus tard, en tombant par hasard sur les conférences de 2017 du rabbin américain Jason Sobel. Ces conférences l’ont incitée à lire plus attentivement l’Ancien Testament et à y entrevoir
« l’amour de Dieu pour Israël et le peuple juif ».
« Alors, un voile s’est levé », explique Bassili. Depuis, elle soutient avec ferveur le peuple juif ainsi que l’État juif, ce qu’elle exprime grâce à la musique.

En 2020, elle a commencé à entrer en contact avec des Israéliens en ligne – un crime dans son pays natal. « Le simple fait de chanter les louanges du Dieu d’Israël n’est pas autorisé dans les églises du Liban », explique-t-elle.
Elle rencontre notamment Yair Levi, chanteur juif orthodoxe israélien et capitaine de Tsahal, avec lequel elle se lie d’amitié. En janvier 2021, ils enregistrent ensemble une version en arabe de « Refa Na », chant hébreu de guérison tiré du livre des Nombres, dans la Bible. Cette chanson est publiée sur X depuis le compte officiel, en langue arabe, du gouvernement israélien, qui y voit l’exemple d’une « coopération musicale » entre les deux pays.
Ce chant biblique est empreint d’une forte signification pour Bassili.
تعاون موسيقي بين مغني إسرائيلي ومغنية لبنانية
تعاون موسيقي رائع بين مغني إسرائيلي ومغنية لبنانية.. ????????????????أغنية "إشفيها" ليائير ليفي وكارين باسيلي..تقول كارين: "الموسيقى هي مفتاح الى قلوب البشر اجمع، فندعو بالشفاء ربي إشفيها اولاً لقلوبنا المُتألمة وثانياً لدول الشرق الاوسط المستنزفة. نحن جيل واجهه الحروب الدمار والمآسي وحان الوقت ان نرفع اصواتنا لما هو كامن في قلوبنا وهي سُبل السلام والحان الرجاء بين الشعوب بدلا من الحرب. نعم للمحبة والشفاء لنكون شجرة حياة تُداوي الأمم. اليك ربي مُصليين اشفيها"الموسيقى جسر يربط بين الثقافات والشعوبיאיר לוי- Yair Levi Carine Bassili
Posted by إسرائيل تتكلم بالعربية on Saturday, January 30, 2021
« J’ai su que ce serait une bonne chose de chanter pour la réconciliation entre le Liban et Israël : il n’y a pas de paix possible sans guérison des plaies et réconciliation. Il faut en faire davantage et pas seulement dire que nous voulons la paix et un accord politique. Nous, Libanais, avons aussi besoin de panser nos plaies internes envers Israël, celles qui se trouvent dans nos cœurs.
Interdite à vie du Liban pour « collaboration »
Ce duo avec un Israélien lui a valu une interdiction à vie du territoire libanais. Al-Akhbar, journal affilié au Hezbollah, s’en est également pris à elle, dénonçant ce qu’il qualifie d’acte de « normalisation » avec Israël et sa chanson, de « naïve ».
« C’était la première fois qu’un duo réunissait une chrétienne libanaise et un Israélien. Je crois que cela a choqué tout le monde », analyse Bassili.
Elle a poursuivi son parcours artistique avec une autre chanson, en novembre 2023, intitulée « God of Israel », en collaboration avec Yair Levi et le chanteur chrétien américain Sean Feucht.
Récemment, ses prises de position pro-israéliennes – dont sa participation à des manifestations pro-israéliennes sur les campus américains – lui ont valu des réactions négatives dans son pays d’origine, certains l’accusant d’ignorer le sort des Palestiniens.
« Je pense qu’il y a, en la matière, bien assez d’informations sur les Palestiniens [dans les médias libanais] », affirme-t-elle. « Je veux parler de ce qui se passe de l’autre côté, pour que les Libanais en soient conscients. »
Elle a malgré tout reçu le soutien de certains chrétiens libanais, qui l’ont remerciée, dans des messages privés, d’être leur voix et ont salué son courage, tout comme des musulmans chiites libanais, dont l’un d’entre eux a de la famille au sein du Hezbollah. « J’ai été très surprise », dit-elle.

Quant à sa reprise arabe de « Hurricane », seule une brève vidéo est sortie sur les réseaux sociaux : Bassili ne sait pas encore si et quand elle allait l’enregistrer et la sortir, sans parler d’un possible duo avec Eden Golan. « Je ne sais pas si elle l’a écoutée », se demande-t-elle.
Parlant de sa foi, profonde, l’artiste dit vouloir adresser un message de soutien aux Israéliens en guerre contre le Hamas depuis le 7 octobre, jour où des terroristes venus de Gaza se sont déchaînés dans le sud d’Israël, tuant avec une extrême brutalité 1 200 personnes et faisant 252 en otage.
« La guerre est laide, et il est indéniable que, des deux côtés, des innocents sont morts, mais je crois que ce n’est pas qu’une guerre. C’est aussi une lutte entre le bien et le mal », dit-elle.
« Reportons-nous à notre Bible, et suivons l’histoire qu’elle nous raconte pour connaître la vérité – c’est ce j’ai fait -, pour comprendre comment ce conflit qui dure depuis si longtemps affecte la terre qui appartient au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. »
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