Barkat parle de paix avec son homologue saoudien : « Ensemble, nous pouvons écrire l’Histoire »
Les ministres ont échangé une poignée de main et leurs coordonnées téléphoniques en marge d'un sommet de l'OMC et dans un contexte de discussions sur un accord régional historique qui comprendrait la normalisation
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le ministre de l’Économie Nir Barkat a déclaré lundi au ministre saoudien du Commerce, Majid bin Abdullah Al-Qasabi, que les deux pays étaient en mesure « d’écrire l’Histoire ensemble » pendant une conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du Commerce qui était organisée à Abou Dhabi.
Les deux hommes se sont serré la main et ils ont discuté avec amabilité en marge de la conférence. Ils ont aussi échangé leurs coordonnées.
« Israël s’intéresse à la paix avec les pays qui recherchent la paix et nous pouvons faire l’Histoire, ensemble », a dit Barkat à son homologue, selon un communiqué qui a été transmis par le ministère de l’Économie.
À la suite d’une vidéo virale de leur interaction, l’Arabie saoudite a nié que les ministres aient tenu une réunion officielle. Citant une source officielle saoudienne, l’agence de presse officielle du royaume, SPA, a rapporté que Qasabi se tenait aux côtés de son homologue nigérian lorsqu’un « individu inconnu s’est approché du ministre pour le saluer ».
Il « s’est ensuite présenté comme le ministre de l’Économie du gouvernement d’occupation israélien », a déclaré SPA, citant la source officielle saoudienne.
La source a également souligné la « position inébranlable du royaume sur la cause palestinienne et son soutien à la résistance du peuple palestinien face à l’agression israélienne », selon SPA.
Les ministres du Commerce de 160 pays se trouvaient à Abou Dhabi pour ce sommet de quatre jours, dont l’objectif était d’établir de nouvelles règles commerciales dans le monde – malgré le pessimisme affiché face à la probabilité d’avancées majeures, dans un contexte de divisions économiques croissantes qui reflètent la formation de blocs politiques de plus en plus rivaux à l’international.
L’administration Biden a œuvré à finaliser un accord historique qui permettrait à Israël et à l’Arabie saoudite de normaliser leurs relations diplomatiques. Le royaume et d’autres pays arabes veulent que des initiatives soient prises en faveur de l’établissement d’un Etat palestinien dans le cadre de cet accord potentiel.
Les accords dits d’Abraham, négociés par les Etats-Unis et signés en 2020, ont permis à Israël d’établir des liens officiels avec les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. Israël est en outre lié à la Jordanie et l’Egypte par des traités de paix.

Pour apporter une marge de manœuvre dans les pourparlers sur la reconnaissance d’Israël et pour permettre à l’accord de normalisation, négocié par les États-Unis, de reprendre un peu d’élan, les responsables saoudiens ont indiqué à leurs homologues américains que Ryad n’insisterait pas sur la nécessité, pour l’État juif, de prendre des mesures concrètes en faveur de la formation d’un état palestinien et que le royaume se contenterait d’un engagement politique en faveur de la solution à deux États, ont confié deux sources régionales de premier plan à Reuters, au début du mois.
L’Arabie saoudite est de plus en plus déterminée à garantir sa sécurité et à déjouer les menaces posées par l’Iran – ce qui est nécessaire pour que ce pays du Golfe puisse transformer son économie et attirer des investissements étrangers massifs.
En plus d’assurances contraignantes de la part des États-Unis en échange d’une normalisation des relations avec l’État juif, Ryad cherche aussi à avoir accès à des équipements militaires américains de pointe et au soutien de Washington dans la mise en place d’un programme nucléaire civil, ont fait savoir des responsables arabes et américains. Les analystes affirment que l’Arabie saoudite est décidée à obtenir cet accord avant les élections présidentielles américaines qui auront lieu au mois de novembre dans la mesure où si le président Biden ne devait pas être réélu, les Démocrates, au Congrès, pourraient rechigner à ratifier un accord conclu par une Maison Blanche républicaine.
Le mois dernier, deux hauts-responsables américains et un diplomate arabe de premier plan avaient dit au Times of Israel que si les intérêts des deux pays n’avaient pas changé depuis le 7 octobre, le prix « de la composante palestinienne » dans le cadre de l’accord s’était élevé.
S’il avait été demandé à Israël, avant la guerre, de prendre des initiatives limitées pour conserver en vie la solution à deux États, les officiels avaient indiqué qu’il faudrait dorénavant que l’État juif s’engage à prendre des initiatives irréversibles menant, à terme, à la création d’un Etat palestinien et qu’il accepte le retour de l’Autorité palestinienne à la tête de Gaza – une perspective à laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est opposé de manière répétée, ces derniers mois.
Certains ministres israéliens affirment, de leur côté, que la paix avec l’Arabie saoudite est possible même sans Etat palestinien.
Jacob Magid et l’AFP ont contribué à cet article.