Belgique : dans une école publique, des enfants portent un keffieh lors d’un spectacle
La vidéo de la danse a été relayée dans un premier temps par le bourgmestre socialiste d'Evere Ridouane Chahid, avant que celui-ci ne supprime sa publication sans plus d'explication

Le député fédéral Ridouane Chahid, également président du Conseil communal d’Evere, dans la périphérie de Bruxelles, a partagé samedi sur ses réseaux sociaux des images de la la fête de l’école publique Marie Popelin sur lesquelles on devine un dessin réalisé par un élève et représentant un cœur dans lequel est contenu le drapeau palestinien.
Une vidéo de l’événement montre également une scène sur laquelle des enfants présentent aux parents d’élèves rassemblés devant un spectacle de danse, visiblement préparé en classe, sur la musique « Dammi Falastini » (en français : « Mon sang est palestinien ») du très populaire Mohammed Assaf.
Les enfants arborent sur la tête des keffieh blanc et noir — symbole du mouvement palestinien — et rouge — plutôt caractéristique de l’habillement traditionnel en Jordanie et Arabie saoudite.
La vidéo a notamment été relayée par le compte Instagram « Bob Hasbara », très actif dans la dénonciation de l’antisémitisme en Belgique et dans la défense d’Israël.
Le député Ridouane Chahid était donc présent lorsque le spectacle de danse a eu lieu. Habitué des manifestations pro-palestiniennes, il milite régulièrement sur ses réseaux sociaux pour la reconnaissance par la Belgique de l’État de Palestine. Le Parti socialiste auquel il appartient a d’ailleurs récemment ajouté des drapeaux palestiniens au sommet de son quartier-général à Bruxelles pour soutenir cette position.
Le drapeau palestinien flotte également devant la mairie d’Evere, une décision que le bourgmestre défend en expliquant qu’il s’agit « d’un soutien au peuple palestinien, ni plus, ni moins ».
Initialement, la vidéo du spectacle de danse avait été relayée par Chahid lui-même avant qu’il ne la supprime de son compte Instagram. En description, il avait mentionné le fait que le thème de la fête scolaire était « un tour autour du monde » et que les enfants avaient également « chanté/dansé pour Cuba, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud ».
Des enfants en keffieh palestinien, c'est ce weekend dans une école à Evere (Bruxelles). Il leur manque le drapeau du Hamas, un couteau et une Kalach.
Qui est derrière cette triste mise en scène politique @RidouaneChahid ? pic.twitter.com/YNQCfnScMb
— Radio Bruxelles (@radio_bxl) May 25, 2025
Contactée, une parent d’élève indique au Times of Israel que, concernant le dessin du drapeau palestinien en forme de cœur, « l’école était décorée par plus de 1 000 dessins faits par les enfants qui représentaient chaque drapeau de chaque pays du monde. Il s’agit d’un dessin parmi plus de 1 000 dessins ».
Au sujet du spectacle de danse, elle précise que « d’autres classes ont présenté des spectacles en portant des vêtements associés à la culture du pays qu’elles représentaient ».
Ce sont ces deux représentations qui ont pourtant été mises en avant par le député Chahid, avec toute la portée symbolique que le contexte actuel de guerre à Gaza entre Israël et le Hamas exacerbe.
« Je pense que l’enseignant n’avait pas connaissance de la symbolique du keffieh », a tenu à préciser la parent d’élève interrogée. « Symbolique que moi-même, par exemple, ne connaissais pas. »
« Je trouve dommage qu’on voie une intention politique dans une fête d’école qui n’avait que pour but de faire voyager les enfants », a-t-elle conclu.
« Dammi Falastini » est la chanson la plus connue de Mohammed Assaf, vainqueur de la deuxième saison du télé-crochet « Arab Idol », dont la finale a eu lieu en Égypte en 2013. La victoire d’Assaf a créé une controverse au sein de la direction du Hamas, qui a vu dans le succès du chanteur une caisse de résonance de la cause palestinienne, mais aurait cherché à le censurer à cause de l’interprétation rigoriste du Coran par le groupe terroriste, interdisant la musique, selon un article publié dans le journal Al Arabiya en 2013.
Il a par ailleurs été révélé dans plusieurs journaux, dont le New York Times, que Mohammed Assaf avait été arrêté en de nombreuses occasions par des hommes du Hamas qui auraient tenté de le dissuader de poursuivre une activité « non compatible avec l’islam ».