Ben Gvir envoie ses voeux à un Likudnik accusé d’avoir agressé des manifestants
Rami Ben-Yehuda, accusé d'avoir menacé la procureure du procès pour corruption contre le Premier ministre, dit que les vœux du chef d'extrême droite n'ont aucune importance
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a envoyé ses vœux d’anniversaire à un militant du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait agressé des manifestants antigouvernementaux et qui est accusé d’avoir menacé la famille de la procureure chargée du procès pour corruption du Premier ministre.
« Salutations chaleureuses depuis Chypre. Nous vous aimons, que Dieu vous bénisse », déclare Ben Gvir dans la vidéo envoyée à Rami Ben-Yehuda.
Ben Gvir, qui est à la tête du parti d’extrême droite Otzma Yehudit et est l’une des figures les plus en vue du gouvernement intransigeant de Netanyahu ; il a refusé tout commentaire sur la vidéo.
Ben-Yehuda est connu pour ses attaques virulentes sur les rivaux politiques et les opposants du parti. Il a été suspendu du Likud en septembre après avoir agressé physiquement des manifestants anti-Netanyahu, et a fait l’objet d’une injonction d’éloignement en 2021 suite à son agression verbale contre l’épouse du député Zeev Elkin, qui a quitté le Likud.
Malgré ses frasques, qui consistent notamment à insulter les opposants à la réforme judiciaire en les qualifiant de « méprisables servantes d’Hitler » ou à souhaiter qu’un législateur soit envoyé « dans les chambres à gaz », Ben-Yehuda a été salué par des membres éminents du Likud et photographié en leur compagnie.
Ben-Yehuda a déclaré au quotidien Haaretz, qui a été le premier à publier la vidéo, que Ben Gvir l’avait envoyée après avoir rencontré un autre membre du Likud à Chypre, où le dirigeant d’extrême droite passait ses vacances.
« Cette vidéo n’a aucune signification », a déclaré Ben-Yehuda au journal, cherchant de toute évidence à écarter toute spéculation sur ses allégeances partisanes soulevée par la vidéo.
Il a également minimisé ses problèmes juridiques, prédisant que les accusations portées contre lui « tomberaient à l’eau » une fois qu’elles seraient entendues par le tribunal.
En février, Ben-Yehuda a été inculpé pour des menaces proférées à l’encontre de la procureure Liat Ben-Ari et de son fils dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook, après la plainte déposée par cette dernière auprès de la police et sa demande d’injonction d’éloignement à son encontre.
Dans la vidéo, on entend Ben-Yehuda dire : « Où est ton fils ? Dis-nous où ton fils a disparu. Shwekey, où es-tu allé ? », faisant référence au fils de Ben-Ari, Tomer Shwekey.
Il l’accuse également de couvrir la participation alléguée de son fils dans l’agression d’un policier lors d’une manifestation, une affirmation mensongère qu’il a déjà formulée par le passé.
Suite au déferlement de menaces et de vitriol à son encontre par les partisans de Netanyahu depuis le début du procès en 2020, Ben-Ari aurait envisagé de démissionner de son poste. Les mesures de sécurité prises à son égard ont été renforcées cet été, suite aux informations reçues par la police selon lesquelles les menaces étaient devenues plus sérieuses.
Les défenseurs du premier ministre ont sévèrement critiqué Ben-Ari et d’autres membres du système judiciaire et des forces de l’ordre qu’ils accusent, sans preuve, de tenter de destituer Netanyahu pour des motifs politiques.
Netanyahu est jugé dans trois affaires de corruption. Il est accusé de fraude et d’abus de confiance dans les affaires 1000 et 2000, et de corruption, de fraude et d’abus de confiance dans l’affaire 4000. Il nie avoir commis des actes répréhensibles et affirme que les accusations ont été fabriquées dans le cadre d’un coup d’État politique mené par la police et le parquet.