Bennett interdit au peintre anti-“embrasseurs d’amulettes” de recevoir le prix Israël
Yair Garbuz, qui avait été critiqué pour un discours jugé raciste en 2015, a été écarté de la prestigieuse récompense
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Deux ans après un discours prononcé pendant la campagne électorale de Yair Garbuz, qui a été largement critiqué et dans lequel il déplorait que la gauche du pays ait perdu contre une « poignée d’embrasseurs d’amulettes et d’adorateurs d’idoles », le ministre de l’Education Naftali Bennett l’a empêché de recevoir le prix Israël.
Le peintre, auteur et militant de gauche était en lice pour le prix Israël des Beaux-arts, mais l’incapacité de la commission de sélection à prendre une décision unanime a ouvert la voie à Bennett, qui préside le parti nationaliste religieux HaBayit HaYehudi, pour bloquer sa nomination, a annoncé mercredi le quotidien Yedioth Ahronoth.
Garbuz a fait profil bas depuis son controversé discours de mars 2015, qui a été largement condamné et a été vu par certains comme un facteur de la défaite électorale de l’Union sioniste de centre gauche contre le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
A l’époque, Garbuz avait déclaré devant des milliers de personnes qu’une « poignée » d’extrémistes avait mis la main sur le pays, et décrit les religieux comme des criminels.
« Ils nous disent, et veulent que nous croyons » que les extrémistes de droite sont à peine une « poignée », avait déclaré Garbuz, avec « les voleurs et les maitres chanteurs », « les corrompus et les hédonistes », « les destructeurs de la démocratie », « ceux qui pensent que la démocratie est la tyrannie de la majorité » et « les embrasseurs d’amulettes, les adorateurs d’idole, et ceux qui se prosternent sur les tombes des saints. »
« S’ils n’étaient qu’une poignée, avait poursuivi Garbuz, comment se fait-il que cette poignée nous gouverne ? Comment se fait-il que, sans que personne ne s’en aperçoive ou ne s’en mêle, la poignée soit devenue une majorité ? »
Ses propos avaient été perçus comme une attaque cinglante contre les hommes portant la kippa, les Juifs séfarades et la droite en général, et avaient entraîné une sévère critique venue de l’ensemble du spectre politique.
Son nom est toujours utilisé par les politiciens et les experts pour parler de ceux qui auraient des opinions racistes sur les Juifs mizrahis.
En réponse à la perte du prix Israël, Garbuz a déclaré à la radio militaire qu’il était « heureux d’être nominé pour le prix Israël, et heureux de ne pas le recevoir des mains de Naftali Bennett. »
« Ce que j’ai perdu, c’est une poignée de mains de Bennett et une somme d’argent, et je pourrais très bien vivre sans cela », a-t-il déclaré.
S’en prenant à nouveau à Garbuz et à l’élite ashkénaze qu’il représente, Bennett a défendu sa décision dans un entretien publié mercredi par le site d’information Ynet.
Reconnaissant qu’il n’était pas expert en beaux arts, le ministre de l’Education a déclaré avoir eu le sentiment qu’il était faux que seule une « poignée » de personnes pouvaient définir la culture israélienne. « Nous avons une culture merveilleuse et personne n’en a le monopole », a-t-il ajouté.
Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri a remercié le président de HaBayit HaYehudi dans un tweet publié quelques heures après la publicisation de la décision. « Au nom de ceux qui embrassent des amulettes et se prosternent sur des tombes, bravo ! »
La députée de l’Union sioniste Shelly Yachimovich a elle aussi réagi, décrivant sur Twitter que Bennett avait « raison… cette fois ».
Le ministre de l’Education a fait les gros titres la semaine dernière en ce qui concerne un autre prix Israël, quand il a annoncé que le controversé militant de droite David Beeri recevrait le prix pour la carrière de toute une vie.
Beeri est à l’origine de la Fondation de la Cité de David, appelée Elad en hébreu, dont le principal projet est le parc archéologique rénové de la Cité de David, situé juste à l’extérieur des murailles de la Vieille Ville de Jérusalem.
Elad achète également des maisons dans le village arabe voisin de Silwan et les loue à des Juifs, une initiative qui a entraîné des accusations d’alimentation des tensions dans la capitale.