Blocage de Sciences Po Strasbourg contre un partenariat avec l’université Reichman d’Herzliya
Des étudiants de l'IEP ont repris les blocages en cette rentrée 2025 après que le conseil d'administration a décidé de la reprise du partenariat avec l'université Reichman, suspendu en juin 2024
Des étudiants ont bloqué l’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg lundi 6 janvier pour protester contre son partenariat avec l’université Reichman de Herzliya, a constaté l’AFP.
Des poubelles taguées des inscriptions « À bas le sionisme » et « Fuck Israël » ont été placées devant l’entrée de l’établissement, aux côtés d’une banderole proclamant « Israël Génocide Sciences Po complice ».
Sur place, un étudiant, membre du comité Palestine Sciences Po Strasbourg a expliqué à l’AFP que « le bâtiment est bloqué pour la journée a minima » et qu’une assemblée générale était prévue en fin de matinée pour décider de la suite à donner à cette action.
« Il y a un soutien affiché de l’université Reichman aux actions qui sont menées dans la bande de Gaza, aux étudiants qui sont dans l’armée israélienne », a dénoncé cet étudiant, Léo.
Ce blocage est organisé en raison du « vote antidémocratique » pour renouer « un partenariat avec une université complice de génocide », a déclaré à l’AFP Lucille, une étudiante.
Le partenariat entre l’IEP de Strasbourg et l’université Reichman, noué en 2015, avait été suspendu en juin dans le contexte du conflit à Gaza et sous la pression des mouvements étudiants.
Rentrée bloquée à Sciences Po Strasbourg : les étudiants opposés au renouvellement d’un partenariat avec une université israélienne https://t.co/BNADthUiRZ pic.twitter.com/L9d1oI6TEe
— France 3 Alsace (@F3Alsace) January 6, 2025
La motion à l’origine de cette décision estimait que l’université Reichman affichait un soutien jugé trop marqué à la guerre menée par Israël contre les terroristes du Hamas. Elle critiquait notamment les liens entre l’université avec Tsahal et les services secrets israéliens.
Cette décision était le résultat d’une motion présentée par la liste Solidarit’Etudiants qui, tout en condamnant « sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne le 7 octobre 2023 », dénonçait les positions de l’université Reichman, « profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste […] au regard de la guerre en cours à Gaza ».
Mais les membres du conseil d’administration de Sciences Po ont renouvelé leur soutien à ce partenariat lors d’un vote le 18 décembre.
Le texte avait été voté à 14 voix pour, 1 contre et 4 abstentions, tandis que 14 membres du conseil d’administration n’ont pas pris part au scrutin. Cinq enseignants-chercheurs ont annoncé démissionner du conseil d’administration après ce vote, qu’ils ont qualifié de « déni de démocratie » en dénonçant de « nombreuses pressions tant internes qu’externes ».
« Je ne suis pas surpris par le blocage, je m’y attendais », a déclaré à l’AFP le directeur de l’IEP de Strasbourg Jean-Philippe Heurtin.
« Je pense que c’est une erreur d’appréciation de la part des étudiants et d’un certain nombre de collègues qui pensent qu’effectivement l’université Reichman est inféodée au gouvernement de Netanyahu, ce qui, de mon point de vue, n’est pas le cas. Je pense que c’est une université qui a su préserver la liberté académique, ce qui est la seule chose qui nous importe dans ce cadre-là », a-t-il ajouté.
Dans le cadre de ce partenariat, des étudiants de l’université Reichman étaient accueillis à l’IEP de Strasbourg, qui envoyait deux étudiants par an en Israël. Ces échanges ont cessé pendant la période du Covid-19 et après l’attaque du mouvement terroriste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.