Bnai Brith et un groupe allemand veulent en finir avec les manifestations pronazies
L'organisation juive et la Fondation Antonio Amadeus ont constaté que des manifestations antisémites continuaient à avoir lieu, même là où des lois interdisent
Une importante organisation juive et un groupe allemand de défense des droits de l’homme demandent aux autorités européennes d’interdire à titre absolu les manifestations d’extrême droite qui ont lieu chaque année en Europe.
L’appel, publié mardi dans un rapport du B’nai B’rith International et de la Fondation Antonio Amadeus à Berlin, demande aux autorités européennes les moyens d’en finir avec les manifestations qui, chaque année, glorifient le nazisme, comme il l’indique.
« Grâce aux lois, aux forces de l’ordre, à la pression publique et à l’éducation, il est possible de mettre un terme à ces manifestations de pure haine dans les rues d’Europe », explique le rapport.
Certains pays, comme l’Allemagne, disposent déjà de lois interdisant de telles manifestations, mais ces lois ne sont pas toujours appliquées avec toute la rigueur requise pour empêcher la tenue des événements, précise le rapport.
« Les déficiences dans la mise en œuvre et le respect des interdictions contribue à l’affaiblissement des protections juridiques » contre de telles manifestations publiques de haine, ajoutent les communiqués, qui voient dans l’antisémitisme « le point commun de ces manifestations », auxquels s’ajoutent « le déni et la distorsion de la Shoah et la glorification des criminels de guerre nazis et de leurs complices ».
Le rapport cite 12 manifestations annuelles qui, suivant son analyse, glorifient le nazisme, de la Hongrie à l’Allemagne en passant par l’Espagne, la Lettonie, la Bulgarie, la Belgique, la Finlande, l’Italie, la Grèce et la Pologne.
Ensemble, ces événements attirent des dizaines de milliers de participants chaque année.
Les pancartes, slogans et images antisémites sont monnaie courante lors de nombreux événements étudiés, estiment les auteurs du rapport.
La glorification des nazis et de leurs complices en Europe est un phénomène aux multiples facettes.
Surtout à l’Est du continent, les collaborateurs sont considérés comme des héros pour s’être rangés du côté de l’Allemagne nazie contre les Soviétiques.
Ce sentiment semble s’être intensifié ces dernières années, à la faveur des combats entre la Russie et l’Ukraine et des discours des deux dirigeants évoquant l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Nombre des participants à ces manifestations d’extrême droite en Europe disent y voir une célébration de l’identité nationale, et non pas nécessairement de l’idéologie nazie.
Selon le rapport, en dépit du débat qui les entoure, ces manifestations d’extrême droite, avec ou sans imagerie nazie, persistent depuis leur avènement dans les années 1990.
L’un des cas évoqués dans le rapport à l’appui de la persistance des manifestations d’extrême droite est la Journée d’honneur du 12 février en Hongrie, qui a débuté en 1997 avec 150 participants et en a attiré 2 500 en 2019.
Les autorités de Budapest ont interdit l’événement pour la première fois en 2009, mais les organisateurs ont contourné l’interdit en créant un parti politique et en organisant la manifestation sous couvert d’une convention du parti.
En 2017, la police de Budapest a de nouveau tenté de faire interdire l’événement, invoquant la présence de terroristes, mais la Cour suprême a annulé l’interdiction, au motif de la liberté de réunion.
En 2022, la Cour suprême n’a cette fois pas annulé l’ordre d’interdiction, mais les manifestants ont tout de même organisé un événement néonazi clandestin.
Le rapport, intitulé « Dans les rues d’Europe: Ces manifestations annuelles à la gloire du nazisme », est un « premier pas important vers la compréhension de ces phénomènes », a écrit Robert Klinke, en charge des questions relatives aux minorités au ministère des Affaires étrangères allemandes, dans un communiqué concernant le rapport.
Son importance, a-t-il ajouté, réside dans la façon dont il aide à « reconnaître ces manifestations à la gloire du nazisme pour ce qu’elles sont, à savoir des démonstrations de haine et de nationalisme, et à les identifier comme mode d’expression de l’antisémitisme moderne ».