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Cafés et magasins de Jérusalem en proie à la nouvelle réalité du coronavirus

Les restaurants et les cafés proposent des plats à emporter pour endiguer l'épidémie, mais ont été contraints de mettre la plupart de leurs employés en congé sans solde

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Nissim Naveh au comptoir de la boulangerie Lehem shel Tomer à Arnona, où les clients font la queue pour acheter du pain mais ne peuvent pas s'asseoir pour boire un café, le 15 mars 2020. (Jessica Steinberg/Times of Israel)
Nissim Naveh au comptoir de la boulangerie Lehem shel Tomer à Arnona, où les clients font la queue pour acheter du pain mais ne peuvent pas s'asseoir pour boire un café, le 15 mars 2020. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

Il est à peine 10 heures et demie, et les étagères de la boulangerie artisanale hiérosolymitaine Lehem Shel Tomer [Le pain de Tomer] se vident rapidement.

Quatre personnes fourmillent dans cette franchise du quartier d’Arnona, choisissant entre les pains frais et les quiches aux légumes disposées sur une table aux côtés des sacs en papiers remplis de rugelach, de croissants et autres pâtisseries.

A l’extérieur, quelques clients attendent patiemment que le magasin se vide pour qu’ils puissent acheter leur pain. En ce premier jour de fermeture des magasins en pleine pandémie de coronavirus, seules 4 personnes sont autorisées à entrer à la fois dans le magasin, les autres doivent attendre leur tour.

« Les gens attendent dehors patiemment », décrit Nissim Naveh, un employé de la boulangerie, laquelle a ouvert à 7h30.

Quatre clients sont autorisés à entrer à la fois dans la boulangerie Lehem shel Tomer à Arnona, où les tables ont disparu mais où les affaires continuent. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

Les quelques tables et chaises qui sont habituellement placées à l’extérieur et dans la salle de ce café de proximité ne sont pas installées. Nissim Naveh précise qu’elles sont empilées à l’arrière du bâtiment. Le café fermera à 20h30.

« La plupart des gens achètent du pain et des cookies », raconte Vered Chen, qui gère les 6 magasins de cette chaîne de boulangerie, ajoutant que son personnel a été réduit pour l’instant. « Nous essayons de faire en sorte que les choses roulent ».

Les considérations relatives au personnel est l’une des préoccupations majeure de nombreux propriétaires locaux à qui l’on a dit de fermer leurs cafés et restaurants dans le cadre de la lutte que mène Israël, et le monde, contre le coronavirus.

Chez Zariffa, un café populaire de la rue Horkania, dans le quartier de Katamonim, Merav Sami, la propriétaire, a condamné les zones de places assises, et les chaises en fer forgé ont été soigneusement empilées à côté des tables. Mais la petite cuisine était ouverte, devant le magasin, et un de ses employés préparait des salades, des sandwichs et des cafés à emporter pour les clients.

Zariffa propose également des cookies, des gâteaux et des pâtisseries et une large variété d’options vegan et sans gluten, qu’ils se font livrer par des fournisseurs externes.

Merav Sami du café Zariffa, à Jérusalem, essaie de trouver comment rester en activité pendant la période du coronavirus. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

« C’est au fur et à mesure que nous essayons de comprendre ce qui se passe », explique Mme Sami, propriétaire du café avec son mari Dror. Il souffre de problèmes de santé et s’est mis en auto-quarantaine à leur domicile, en face.

Merav Sami est nerveuse. Elle se tient à deux mètres de quiconque entre dans le magasin, comme recommandé, expliquant qu’elle ne veut prendre aucun risque, au vu de la santé de son mari.

« Puis-je avoir un café avec du lait de soja ? », commande une cliente, qui a d’abord essayé de convaincre le barista de la laisser s’asseoir dans le café. « Nous sommes des locaux, nous sommes comme une famille. »

« Je ne peux laisser personne s’asseoir », regrette Mme Sami, en écartant les bras. « Ce sont les instructions que j’ai du ministère de la Santé ».

Zariffa est connu pour son excellent café, ses sandwichs et ses salades et son kahdeh frais, un fromage kurde fourré aux légumes verts sautés ou au potiron en cubes.

Le couple Sami a ouvert Zariffa il y a 5 ans, et leur commerce a immédiatement décollé. Ils ont ouvert un bar à côté, dans une impasse derrière le café. Ils emploient en tout 12 personnes, désormais en congé sans solde, à l’exception d’un cuisinier.

Merav Sami espère garder son commerce ouvert et survire à cette période. Pour le moment, elle propose des plats à emporter ou un service de livraison, en fonction du montant de la commande.

« Nous avons essayé de préparer davantage de nourriture hier soir pour les commandes d’aujourd’hui », indique-t-elle. « Maintenant, on vit au jour le jour. »

Tzahi Mishan dans son magasin de falafels, où les affaires ont déjà baissé de 50 % ces dernières semaines (Jessica Steinberg/Times of Israel)

A quelques rues de là, dans la rue Shai Agnon, Tzahi Mishan, de Shalom Falafel, n’est pas sûr de pouvoir rester ouvert longtemps dans ces conditions.

Les plats en inox sur son comptoir sont pleins de concombres, tomates et chou fraîchement coupés, des boulettes de falafel attendent d’être fourrées dans un pain pita. La matinée a été calme, et peu de clients se penchent sur le comptoir pour dire à Mishan s’ils voulaient ou non du zkhoug épicé dans leur falafel comme ils le font habituellement.

« Je n’ai pas dressé les tables ce matin, juste celle-ci », dit-il en montrant du doigt une table à l’avant du magasin. « Les affaires ont baissé de 50 %, et si les chiffres du coronavirus continuent à grimper, cela ne vaudra pas le coup d’ouvrir, et je devrais fermer. »

A coté de l’établissement de Tzahi Mishan, on trouve un magasin Lotto, qui vend des bonbons et des glaces, un bureau de change Manhattan Change, le Cafe Agnon, un pilier du quartier qui propose des viennoiseries et des sandwichs, une succursale de la banque Leumi et un supermarché Co-op. Les affaires étaient fragiles pour ce petit centre commercial en ce dimanche matin, bien plus calme qu’à l’accoutumée, sans les clients assis à savourer leurs cafés.

Avi Sasson à Manhattan Change, où le seul commerce est celui des Israéliens qui essaient de racheter leurs shekels avec des devises de vacances annulées. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

« Nous essayons de garder nos distances des clients », commente un employé du Cafe Agnon, qui emballait des gâteaux et des rugelach pour plusieurs clients, derrière un haut comptoir improvisé.

« Je n’attends pas derrière le comptoir », dit Dalia, une habituée qui achète son pain tous les 2-3 jours dans ce café. Elle a fait le tour pour se rapprocher des étagères de pains et de pâtisserie, et personne ne l’a arrêtée.

« Avez-vous du corona en pita ? Il me le faut », plaisante un autre client.

Tout le monde a ri.

A deux numéros de là, au Manhattan Change, géré par les frères Sasson, les affaires sont assez limitées depuis quelques semaines, confie Avi Sasson. Les gens ont acheté des devises pour aller à l’étranger, mais maintenant qu’ils n’en ont plus besoin, ils veulent récupérer leurs shekels.

Ils resteront ouverts aussi longtemps que possible, et se félicitent de la vitre de sécurité qui les sépare de leurs clients, confie M. Sasson.

« Chaque fois que je manipule des espèces, je me lave les mains avec du gel », décrit Sasson, montrant la grande bouteille de gel antibactérien posée sur son bureau.

Uri Ohayon à Bethléem, une boulangerie et une épicerie fine, où les commandes de pain frais se succèdent en permanence. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

Il y a une grande bouteille de gel et des gants jetables sur une table devant le magasin Bethleem, à Baka qui vend du pain frais, des fromages, du vin et des condiments sur la route de Bethléem. Le propriétaire, Uri Ohayon, était occupé à couper du pain frais provenant des deux boulangeries artisanales, Teller et Duvdevan, qui lui en fournissent quotidiennement.

« Vous voyez ça ? », dit-il en montrant des notes griffonnées sur le comptoir. »Il y a deux sortes de gens qui appellent. Ceux qui veulent savoir si nous sommes ouverts, et ceux qui veulent commander du pain pour demain. »

Uri Ohayon et l’un de ses fils placent les pains frais sur leurs étagères ouvertes ; son autre fils adolescent s’occupe de Tziga, le glacier voisin qu’il a ouvert avec sa femme Sigi en octobre. Les tables sont empilées dans le magasin de glace, et il n’est pas sûr qu’il restera ouvert.

« Là-bas ? », dit Uri Ohayon. « Seul Dieu le sait. »

« Nous surmonterons cela aussi, Uri », assure Chaim, un client qui attend de payer ses miches de pain. « En attendant, personne ne renonce à son pain frais. »

Itzik Yaakov de Hamakom Shel Itzik, son café sur la route de Bethléem, où les affaires étaient au ralenti le premier jour des fermetures pour coronavirus. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

Le voisin d’Ohayon, Itzik Yaakov, qui possède Hamakom Shel Itzik, un petit endroit connu pour son café, ses shakshuka et ses tables quotidiennes remplies d’habitués, avait empilé ces dernières, mais Yaakov était dans sa minuscule cuisine de service, préparant du café et des sandwichs pour les clients.

Hamakom Shel Itzik existe depuis une quinzaine d’années, passant d’un simple kiosque vendant des journaux, des bouteilles de vin et du chewing-gum, à ce lieu de rencontre populaire du quartier.

« Très peu de gens viennent, et ils prennent surtout du café, des sandwichs et des salades », dit-il.

Alors qu’il a habituellement une équipe tournante de six personnes pour cuisiner et servir les clients, il ne reste plus que Yaakov pour le moment, et il espère que les clients continueront à appeler, commander et acheter à manger. Les livraisons ne sont pas possibles, car c’est une activité trop coûteuse.

« Il se peut que des gens qui se promènent avec leurs enfants ou qui font une pause avec eux s’arrêtent pour prendre quelque chose », estime-t-il. « Nous sommes là au cas où ».

Sarah Talmor, la gérante bien connue du Grand Café de Baka, espère au moins proposer des plats à emporter aux clients pendant la fermeture du café pour cause de coronavirus. (Jessica Steinberg/Times of Israel)

Au Grand Cafe, le café phare de la rue Bethlehem, la gérante Sarah Talmor se tenait devant les portes fermées alors que ses enfants escaladaient une clôture voisine. Elle espère pouvoir au moins proposer des plats à emporter aux clients dans un avenir proche.

« Nous sommes le salon de cette rue », commente la gérante, qui a dû renvoyer chez lui l’ensemble de son personnel, soit 30 à 40 personnes. « Tout le monde venait s’asseoir ici ».

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