Israël en guerre - Jour 530

Rechercher
Opinion

Ce que les leaders israéliens, Donald Trump et le reste du monde doivent à Yarden Bibas

Le cœur brisé, il s'est excusé de ne pas avoir su protéger son épouse et ses deux jeunes fils du Hamas. Mais c'est nous, bien sûr, qui lui devons des excuses et qui devons éradiquer l'idéologie islamiste du culte de la mort

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Yarden Bibas rend hommage à son épouse Shiri et à ses deux jeunes fils Kfir et Ariel, au cimetière régional de Tsoher, le 26 février 2025. (Crédit : GPO)
Yarden Bibas rend hommage à son épouse Shiri et à ses deux jeunes fils Kfir et Ariel, au cimetière régional de Tsoher, le 26 février 2025. (Crédit : GPO)

Tout Israël s’est immobilisé pour assister, dans la journée de mercredi, à l’inhumation de Shiri, Ariel et Kfir Bibas. Nous avons vu Yarden Bibas évoquer sa femme et ses jeunes fils dans son éloge funèbre ; nous l’avons vu s’excuser de ne pas être parvenu à les sauver des mains des envahisseurs barbares ; nous l’avons vu implorer son épouse assassinée de « veiller sur moi de manière à ce que je ne sombre pas dans les ténèbres. »

Et la nation entière n’a pas pu retenir ses larmes.

Les meurtres impardonnables de Shiri, Ariel et Kfir Bibas ont non seulement résumé l’horreur infligée par le Hamas et par ses complices gazaouis à l’État d’Israël, mais aussi le vice sans égal des auteurs de ces atrocités. Ces meurtres ont aussi résumé, en même temps, la bataille insistante, incessante que livre le peuple d’Israël pour réaffirmer sa sécurité et son droit à vivre dans le pays qui est le sien.

Plus de 1 200 personnes avaient été massacrées par les terroristes qui avaient pris d’assaut le sud d’Israël il y a 16 mois – et nous commençons à peine à réaliser l’ampleur de ces pertes. Nous savons que des familles entières ont été mises à mort dans leurs habitations, que des centaines de personnes ont été exécutées de sang-froid lors d’une rave-party, nous savons que des vies, les unes après les autres, ont été brutalement anéanties par des êtres humains qui avaient perdu toute trace d’humanité.

Et il y a eu la famille Bibas et sa rousseur qui, sans crier gare, a incarné tout cela – parce que nous avons assisté à l’enlèvement de Shiri au kibboutz Nir Oz alors qu’elle cherchait désespérément à protéger son enfant si jeune et son bébé ; parce que nous les avons vus encore en vie à Gaza à la fin de la journée ; parce que nous avons su que les parents de Shiri avaient perdu la vie au kibboutz, ce matin-là ; parce que nous avons gardé l’espoir, pendant 16 mois, qu’ils avaient survécu d’une manière ou d’une autre et qu’ils reviendraient vivants ; parce que le Hamas a encore une fois retourné le couteau dans la plaie en restituant une autre dépouille que celle de Shiri ; parce que nous en apprenons davantage concernant les circonstances précises, impitoyables de leurs assassinats, des circonstances qui ne méritent que le mépris – au-delà de ce que même leur famille survivante est en mesure de supporter.

Mais également parce que, en cette journée de mercredi, le peuple d’Israël s’est connecté à cette famille et que les Israéliens se sont connectés les uns aux autres, alignés en bord de route sur l’itinéraire emprunté par le cortège funéraire, rassemblés sur la place des Otages, regardant les insupportables éloges funèbres prononcés depuis un cimetière du sud d’Israël, près du kibboutz. Dans ce même sud d’Israël où le Hamas et ses partenaires avaient massacré sans pitié, brûlé vif et commis d’innombrables viols, il y a 509 jours, et où Israël et ses communautés dévastées ont trouvé la force et la volonté de revenir et de commencer à reconstruire. Dans ce même sud où Yarden Bibas, père et mari endeuillé, qui a été libéré il y a moins d’un mois après 15 mois d’une captivité terrible où ses pires craintes pour sa précieuse famille se sont finalement confirmées, a trouvé le courage et la force de se lever et de mettre son âme à nu, de déclarer son amour pour ses chers disparus et son déchirement face à un deuil impossible.

Les funérailles de Shiri Bibas et de ses deux jeunes fils Kfir et Ariel, au cimetière régional de Tsoher, le 26 février 2025 (Crédit : capture d’écran vidéo/GPO)

Nous avons été dans l’incapacité, en tant que nation, de seulement commencer à concentrer nos esprits de manière appropriée sur tous ceux qui avaient été assassinés il y a 16 mois. En grande partie parce qu’à l’heure où j’écris ces lignes, 63 otages se trouvent toujours entre les mains des monstres de Gaza – dont peut-être 24 sont encore vivants – parfois enchaînés dans des tunnels sombres et sans air, battus, affamés.

Et aussi parce que le Hamas n’éprouve strictement aucun remord (au contraire), qu’il reste déterminé à nous détruire. Cela m’a peut-être échappé, mais même Mousa Abu Marzousk, que le New York Times considère comme « l’une des personnalités les plus pragmatiques du Hamas », n’a semblé rien trouver à redire au massacre du 7 octobre dans une interview accordée au journal, cette semaine, même s’il a exprimé des réserves nuancées concernant les conséquences pour Gaza des atrocités commises par les siens.

Des gens se rassemblent pour rendre hommage aux otages assassinés Shiri, Ariel et Kfir Bibas, sur la place des otages à Tel-Aviv, le 26 février 26, 2025 (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Il est évident qu’Israël doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour rapatrier tous les otages restants. Il est également évident qu’Israël doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le Hamas et ceux qui partagent son idéologie islamiste du culte de la mort de relever la tête, de se réarmer et de trouver des moyens, nouveaux et anciens, de tuer ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin.

Notre Premier ministre, qui refuse catégoriquement de présenter des excuses et d’assumer la pleine et entière responsabilité de ne pas avoir mis en place les politiques appropriées et les moyens de défense adéquats contre les préparatifs manifestes du Hamas en vue de ce massacre de masse, hésite à passer à la deuxième phase de l’accord fragile de cessez-le-feu, qui a ouvert la porte à la libération des otages dans le cadre d’un échange des captifs contre des prisonniers palestiniens. Sa principale préoccupation semble être l’obligation de retirer tous les soldats de Tsahal de Gaza et de s’engager à respecter un cessez-le-feu permanent.

Cela semble difficile à comprendre. Oui, le Hamas cherchera sans doute à obtenir des pays médiateurs la garantie qu’Israël ne rompra pas le cessez-le-feu si et quand il remettra le dernier de ses otages – c’est le levier qui lui permettrait d’assurer sa survie et sa renaissance. Mais le Hamas violera manifestement tout engagement de cessez-le-feu – en recrutant et en formant des hommes armés, en important et en fabriquant des armes et des roquettes, en creusant des tunnels…

Le défi pour Israël ne consistera pas à démontrer à la communauté internationale que le Hamas travaille encore d’arrache-pied pour tenter de massacrer à nouveau des Juifs – il n’a jamais cessé de le faire et il ne cessera jamais. Et l’actuelle administration américaine, contrairement à celle qui l’a précédée, s’est ralliée sans réserve aux deux principaux objectifs de la guerre menée par Israël : rapatrier les otages dans leur totalité et détruire le Hamas. Non, le défi consistera, pour Israël et ses alliés, à mieux éliminer la menace que ce que que nous sommes parvenus à faire jusqu’à présent et depuis le 7 octobre.

Des foules se rassemblent pour rendre hommage aux membres de la famille Bibas assassinés alors que leur cortège funèbre a commencé à Rishon LeZion, le 26 février 2025 (Crédit : Dor Pazuelo/Flash90)

Le président Donald Trump a comme projet d’expulser les habitants de Gaza et de transformer le territoire vidé de ses habitants en station touristique – mais si cette vision n’était pas présentée, encore et encore, comme étant ostensiblement viable par le leader du monde libre, et si elle n’était pas saluée par un Premier ministre apparemment peu désireux de le fâcher, elle serait assurément rejetée comme étant, au mieux, un bouleversement irréalisable.

Comment Israël est-il censé « éradiquer » le Hamas – pour reprendre les termes du secrétaire d’État Marco Rubio – sans infliger de lourdes pertes à ceux que Trump a appelé le « peuple merveilleux » de Gaza avant la relocalisation qui a été proposée ? Le Hamas a été massivement dégradé en 16 mois de guerre, mais il s’avère être encore capable de recruter, et son idéologie reste largement populaire. Et si le Hamas n’est pas éradiqué, qui séparera le « Hamas » des « Gazaouis » lorsque la bande sera vide de ses occupants ?

Une bande de Gaza vide constitue apparemment une opportunité de développement immobilier séduisante mais l’éparpillement de sa population endoctrinée ailleurs éclipserait plutôt – au risque d’un énorme euphémisme – les avantages économiques de la « Riviera de Gaza » qui est envisagée par Trump, provoquant des troubles massifs, l’instabilité, la mort et la dévastation dans toute la région.

Des personnes en deuil se rassemblent pour rendre hommage à Shiri, Ariel et Kfir Bibas sur la place des Otages à Tel Aviv, le 26 février 2025 (Crédit : Ahmad Gharabli / AFP).

En plus d’une stratégie militaire plus incisive, plus ciblée et plus efficace que l’invasion lente qui avait été menée par Israël au lendemain du 7 octobre, c’est à la racine de l’idéologie du culte de la mort qu’il faut s’attaquer.

Ce n’est pas leur localisation qui pose problème aux Gazaouis, c’est l’endoctrinement. Il ne s’agit pas d’arracher les habitants de Gaza à leur terre ensanglantée, mais de les arracher à l’esprit du Hamas. Ce ne sont pas de « beaux » logements ailleurs qui sont nécessaires, Président Trump, mais ce sont de beaux enseignants et de beaux chefs spirituels qui réaffirment la vie.

À quel point cela semble-t-il délirant ? Totalement, tant que Trump insistera, par exemple, sur le fait que le Qatar « essaie absolument d’aider » à trouver une solution pour Gaza, alors même que sa chaîne de télévision Al Jazeera glorifie le Hamas dans tout le monde arabe. Cela restera le cas tant qu’une grande partie du monde arabe gardera le silence, trop terrifiée par le lavage de cerveau de ses masses pour s’élever ouvertement contre la corrosion mortelle de l’extrémisme islamique.

Des foules se rassemblent pour rendre hommage aux membres de la famille Bibas assassinés alors que leur cortège funèbre passe à l’intersection de Gan Yavne, le 26 février 2025 (Crédit : Yossi Aloni/Flash90)

Ce n’est pas Yarden Bibas, tourmenté, éploré alors qu’il enterrait son épouse et ses fils qu’il chérissait, qui n’a pas su les protéger. Et comme l’a dit sa sœur Ofri il y a quelques jours, ce n’est pas la vengeance qui s’avère être nécessaire aujourd’hui. C’est de sagesse et de volonté stratégique dont nous avons besoin pour rétablir notre capacité durable à vivre en sécurité sur notre terre et pour permettre véritablement l’éradication, dans le monde entier, de l’esprit islamiste du culte de la mort.

Les dirigeants d’Israël le doivent à Yarden Bibas. Les dirigeants du monde libre le doivent à tous ceux qui sanctifient la vie.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.