« Charlie Coulibaly » : La Cour d’appel confirme la condamnation de Dieudonné
En plus des deux mois de prison avec sursis, le polémiste a été condamné au versement de 10 000 euros d'amende et à la publication de la décision dans des journaux nationaux
Le 21 juin dernier, la Cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation de Dieudonné M’Bala M’Bala poursuivi pour apologie du terrorisme.
Au lendemain des attaques terroristes de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, Dieudonné avait déclaré sur sa page Facebook, « Sachez que ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly ».
Dans ce slogan, Dieudonné a détourné « Je suis Charlie » en soutien au journal satirique français Charlie Hebdo, pour l’associer au nom d’Amédy Coulibaly, qui a tué une policière et quatre Juifs deux jours plus tard dans un supermarché casher en janvier 2015.
Suite à ces déclarations la justice française avait ouvert une enquête pour apologie du terrorisme contre le polémiste.
En première instance, le 18 mars dernier, Dieudonné avait été condamné à deux mois de prison avec sursis. Le tribunal correctionnel de Paris avait déclaré que l’association des termes « Charlie » et « Coulibaly » était un « amalgame provocateur ».
Suite à cette condamnation, Dieudonné sur les conseils de ses avocats, a fait appel de la décision rendue en première instance et avait soulevé une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) qui avait été rejetée par la Cour d’appel.
La décision de la Cour d’appel, rendue hier, ne vient pas seulement confirmer la décision de première instance. En effet, la cour a ajouté une amende à hauteur de 10 000 euros, ainsi que la publication, aux frais de Dieudonné, de la décision dans les éditions écrites et en ligne des quotidiens Le Figaro, Le Monde et Libération.
En outre Dieudonné a également été condamné au versement de la somme de 2 000 euros à l’association Avocats Sans Frontières et à l’Association Française des Victimes du Terrorisme.
Maître Oudy Ch. Bloch et Maître Muriel Ouaknine Melki sont intervenus en leur qualité d’avocats de l’OJE (Organisation Juive Européenne) pour l’Association Avocats Sans Frontières (ASF). Dans leur plaidoirie, ils ont souligné l’attitude du polémiste qui fait aujourd’hui un véritable « commerce de l’antisémitisme et du racisme pour se faire de l’argent ».
Me Muriel Ouknine Melki a, de son côté, souligné que s’il a choisi le nom de « Coulibaly, c’est parce que c’est le seul tueur de juifs ». En accolant « Coulibaly » à « Je me sens Charlie », il valorise un terroriste.
Me Oudy Ch. Bloch a mis l’accent sur le commerce développé par le polémiste qui n’est en définitive « qu’un petit boutiquier de la haine » qui gagne son argent sur celle-ci. La cour se devait de condamner Dieudonné en conséquence de ces agissements, explique Oudy Ch. Bloch, la tenue de propos antisémites ne pouvant pas devenir le fond de commerce du polémiste.
Pour sa défense, Dieudonné avait souligné son ostracisme des médias qui le traitent, selon lui comme un terroriste alors qu’il est un « humoriste ».
D’autre part, de manière assez confuse Dieudonné a indiqué qu’Amedy Coulibaly était noir, comme lui, et que la jeune policière qu’il avait tuée, qui aurait pu être sa fille, était également noire, c’est pour cela qu’il avait ajouté « je me sens Charlie Coulibaly ».
« Ce qui est remarquable dans cette décision c’est que la Cour d’appel a été au-delà du jugement de première instance en condamnant Dieudonné à deux peines complémentaires, à une amende importante et à la publication de la décision, » a déclaré Maître Oudy Ch. Bloch au Times of Israël.