Chef de la FIFA: Israël pourrait co-organiser la Coupe du monde de football
Lors de sa 1ère visite officielle en Israël, Gianni Infantino a assisté à l'inauguration du centre pour la paix de l'ex-ambassadeur américain, provoquant la colère des Palestiniens

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a déclaré lundi que la signature des accords d’Abraham pourrait conduire, à terme, à l’organisation conjointe par Israël et ses voisins arabes de la Coupe du monde de football.
Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a indiqué, dans un bref communiqué, que le patron de l’instance mondiale du football « a lancé l’idée qu’Israël puisse accueillir la Coupe du monde 2030 avec d’autres pays de la région menés par les Emirats arabes unis », lors d’échanges entre les deux hommes.
Infantino, qui effectue sa première visite officielle en Israël, s’exprimait lors de l’inauguration du Centre Friedman pour la paix par la force au Musée de la Tolérance à Jérusalem, un centre créé par l’ancien ambassadeur de l’administration Trump en Israël, David Friedman.
« Je pense que co-organiser est l’avenir et donc pourquoi ne pas en rêver et y penser, que ce soit au niveau senior, junior, pour les hommes ou les femmes, parce que la Coupe du monde de la Fifa a cette magie unique de rassembler et d’unir les gens », a de son côté répondu Gianni Infantino, quand on lui a demandé si Israël pourrait un jour co-organiser l’évènement avec des pays de la région.
Parlant des accords d’Abraham, les accords de normalisation négociés par les États-Unis qu’Israël a signés l’année dernière avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, Infantino a déclaré que cette initiative pourrait conduire à une coopération régionale pour l’organisation de tournois de football.
Infantino a déclaré que l’instance dirigeante du football mondial envisageait de transformer les tournois masculins et féminins en événements annuels et qu’à ce titre, Israël pourrait être co-organisateur.
« Pourquoi ne pouvons-nous pas rêver de la Coupe du monde en Israël et chez ses voisins ? » a-t-il demandé. « Avec les accords d’Abraham, pourquoi ne pourrions-nous pas le faire ici, en Israël, avec ses voisins du Moyen-Orient et les Palestiniens ? ».
Infantino a également cité l’équipe nationale d’Israël, où juifs et arabes jouent ensemble, comme un exemple de coexistence inspirée par le sport.

Lors de son intervention, Infantino a souligné à quel point une Coupe du monde est devenue « un énorme événement et pas juste un rendez-vous sportif », qui suppose de vendre 3 à 4 millions de billets, de recevoir 1,5 à 2 millions de visiteurs et qui est regardé par 4 milliards de téléspectateurs.
« Il a réitéré que la Fifa veut mettre le football au service de la société, de faire vraiment une différence en apportant sa contribution, là où c’est possible, à la paix et la stabilité dans la région », selon le communiqué de la Fifa.
La FIFA a été largement critiquée pour sa première tentative d’organiser un tournoi dans la région, en attribuant la Coupe du monde 2022 au Qatar. Cette décision a été critiquée en raison du mauvais bilan du Qatar en matière de droits de l’homme et des nombreuses allégations de corruption dans l’organisation de l’événement.
Le ministre des Sports et de la Culture, Chili Tropper, qui a rencontré Infantino plus tôt dans la soirée, a déclaré qu’ils ont discuté de la future coopération entre la FIFA et Israël.
Tropper a salué « ma volonté d’amener de grands événements sportifs internationaux en Israël ».
Cependant, la participation du chef de la FIFA à l’événement aurait provoqué la colère des Palestiniens, qui ont annulé une réunion entre lui et le chef de la fédération palestinienne de football, Jibril Rajoub, à Ramallah, a rapporté la radio de l’armée.
Les Palestiniens étaient furieux à la fois de l’association avec un responsable de Trump dont les politiques ont conduit les Palestiniens à rompre leurs liens avec les États-Unis, et de l’emplacement au Musée de la Tolérance à Jérusalem.
Le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a critiqué l’événement, déclarant que Friedman est « notoirement connu pour ses positions extrémistes et son soutien à l’annexion, à la colonisation et à d’autres crimes au regard du droit international, en plus de ses efforts notoires pour nier les droits inaliénables du peuple palestinien. »
L’AP a noté que le musée de la tolérance a été construit sur le site de tombes musulmanes : « L’une des exigences fondamentales de la paix est le respect des sites religieux, le maintien de leur statu quo, et de leur statut, et dans le cas particulier du cimetière de Mamilla, de permettre sa restauration plutôt que de poursuivre le processus de profanation. »

Des responsables de l’administration Trump – dont l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo et l’ancien secrétaire au Trésor Steve Mnuchin – ainsi que des responsables, des ambassadeurs et des hommes d’affaires israéliens ont assisté à cet événement en grande pompe. Benjamin Netanyahu, premier ministre lors de la signature des accords d’Abraham et actuellement leader de l’opposition, est arrivé en retard avec sa femme, Sara.
Parmi les autres invités internationaux figurait le quarterback Peyton Manning, membre du Hall of Fame de la NFL.
Plus tôt dans la journée, la Knesset a lancé un nouveau caucus consacré aux accords d’Abraham.
Jared Kushner et Ivanka Trump étaient présents aux côtés de Netanyahu, représentant les dirigeants américains et israéliens, depuis évincés, qui ont signé les accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Maroc et le Soudan.

Netanyahu lui-même, qui a rencontré Kushner et Trump à la Knesset avant l’événement, a déclaré : « Tant que les gens disaient qu’on ne pouvait pas faire la paix avec le monde arabe sans faire la paix avec les Palestiniens, aucune paix n’était possible. Nous avons brisé le veto palestinien et avons conclu quatre accords de paix historiques. »
L’AFP a contribué à cet article.