Cisjordanie : Des soldats se filment violentant et humiliant des Palestiniens
L'armée enquête sur des images de militaires en train de frapper et de maltraiter des détenus, dans un contexte de tensions accrues et de violences des résidents des implantations
Des dizaines de photos et de vidéos ont fait leur apparition depuis une semaine, montrant des soldats israéliens violentant et humiliant des Palestiniens appréhendés en Cisjordanie – souvent alors que ces derniers sont menottés et qu’ils ont les yeux bandés.
Sur l’une des vidéos les plus brutales – qui a été floutée – des soldats se filment alors qu’ils violentent sept ouvriers de Cisjordanie capturés alors qu’ils tentaient d’entrer sans permis au sein de l’État juif dans un secteur proche du sud des collines de Hébron.
Sur les images, les Palestiniens sont nus ou à moitié dévêtus, les yeux bandés, les menottes aux poignets et ils crient de douleur. L’un d’entre eux se fait traîner sur le sol.
Une capture d’écran montre un soldat piétiner la tête de l’un des Palestiniens avec sa botte tandis qu’un autre pointe son arme sur le détenu.
Autre scène de violence capturée par la caméra, un soldat donne des coups de pied dans l’estomac d’un Palestinien, les yeux bandés, avant de lui cracher dessus et de l’insulter en arabe.
Sur des images, un soldat réserviste religieux enlace les épaules d’un Palestinien qui a, là encore, les yeux bandés et les mains immobilisées par des menottes, et il danse avec lui en faisant des cercles au son d’une musique religieuse qu’il a enregistrée sur son téléphone. Il lui demande : « Mais pourquoi tu ne danses pas ? », alors même que l’homme, incapable de voir autour de lui, perd ses repères et son équilibre.
טוב יעשה הרמטכל, ואם לא אז @idfonline ואם לא אז @gantzbe
שידאגו שהמילואימניק הפושע הזה עוד היום יעוף הביתה על טיל, יודח ממילואים ותיפתח נגדו חקירה על סיכון ביטחון המדינה
ההפסד האמיתי של מדינת ישראל יהיה אם דברים כאלו יעברו ללא תגובה https://t.co/4GIgQRz88P
— ???? ???? Eran Nissan ערן ניסן (@eran_nissan) November 1, 2023
Un autre clip court montre un détenu palestinien, les yeux bandés, contraint à s’asseoir sur le sol, les jambes recouvertes d’un drapeau israélien.
En réponse à ces images, l’armée a annoncé que « le comportement des soldats qui apparaît dans ces vidéos est grave et il va à l’encontre des valeurs de Tsahal. Tous ces incidents font l’objet d’une enquête. Les commandants s’entretiendront avec tous les soldats sur le front. Un soldat a d’ores et déjà été renvoyé de son service de réserviste ».
Ces incidents de violence surviennent dans un contexte de tensions qui ne cessent de grimper en Cisjordanie entre Palestiniens, forces de sécurité israéliennes et partisans du mouvement pro-implantation. Selon des sources de l’Autorité palestinienne, 122 Palestiniens de Cisjordanie ont été tués depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël, le 7 octobre.
La majorité de ces 122 Palestiniens ont été tués par les militaires israéliens, tandis que quelques-uns ont été abattus par des partisans du mouvement pro-implantation.
Mardi, des partisans du mouvement pro-implantation ont incendié une maison vide du village palestinien de Masafer Yatta, dans le sud des collines de Hébron, jetant des pierres sur les habitations ainsi qu’à Tuba, le hameau voisin.
Les activistes palestiniens et israéliens ont aussi signalé que pendant la semaine, des hommes masqués du mouvement pro-implantation avaient attaqué des civils palestiniens dans les villages de Susiya et d’Umm al-Khair, qui se trouvent dans le même secteur. Dans le premier cas, des résidents d’implantation armés auraient pris d’assaut le village, dimanche, intimidant les résidents et leur disant qu’ils avaient vingt-quatre heures pour quitter leur maison sous peine d’être tués.
A Umm al-Khair, les Israéliens seraient entrés dans le village, dimanche matin, et ils auraient accusé les habitants de soutenir le Hamas, les fouillant et leur ordonnant de mettre des drapeaux israéliens sur leurs habitations, selon des locaux qui se sont exprimés auprès de la chaîne publique Kan.
En réponse à une demande soumise par le Times of Israel, l’armée a indiqué qu’il ne lui avait pas été demandé d’intervenir et qu’elle ignorait tout des événements en conséquence. A Umm al-Khair, les militaires sont entrés dans le village après avoir entendu des cris et ils ont fouillé et interrogé certains résidents. Des photos et des vidéos d’incitation à la violence et à la haine ont été découvertes sur leurs téléphones, selon Tsahal, et elles ont été transmises aux services de sécurité.
La police israélienne, de son côté, n’a pas répondu à une demande de commentaire.
Ces incidents surviennent dans le contexte de la guerre en cours qui oppose Israël au Hamas, dans la bande de Gaza, qui a éclaté après l’assaut barbare commis par le groupe terroriste palestinien sur le sol israélien, le 7 octobre. A cette date, environ 3 000 terroristes ont fait irruption en Israël depuis la bande de Gaza par voie terrestre, aérienne et maritime, ont tué plus de 1 400 personnes et pris en otage 230 personnes de tous les âges, sous un déluge de milliers de roquettes tirées sur les villes et villages israéliens.
La vaste majorité des victimes de ces hommes armés qui avaient réussi à prendre le contrôle des communautés frontalières étaient des civils – notamment des nouveau-nés, des enfants et des personnes âgées. Des familles entières avaient été exécutées dans leurs habitations et plus de 260 jeunes avaient été tués alors qu’ils prenaient part à un festival de musique électronique, entre autres barbaries perpétrées par les terroristes.
Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, a déclaré que, depuis le début des combats, plus de 8 500 personnes avaient perdu la vie dans la bande. Ces chiffres ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante. Un nombre significatif de morts seraient des terroristes du Hamas, déclarent les autorités israéliennes, et un grand nombre des personnes tuées auraient été victimes des centaines de roquettes tirées en direction d’Israël et qui, manquant leur trajectoire, seraient retombées dans la bande.