Cleveland : Un rabbin puni pour le vol d’un drapeau palestinien à un groupe étudiant
Alexander Popivker écope d'une peine avec sursis et d'une mise à l'épreuve de 18 mois ; il doit en outre suivre des cours de gestion de la colère et est interdit d'accès au campus

JTA – Un rabbin orthodoxe de la région de Cleveland a été condamné à une peine de prison avec sursis et à 18 mois de mise à l’épreuve pour avoir volé une bannière pro-palestinienne à un groupe d’étudiants d’une université locale.
La condamnation à 10 jours de prison avec sursis, prononcée mercredi, clôt un dossier houleux au cours duquel des étudiants ont en outre accusé le rabbin, militant pro-israélien, Alexander Popivker, de harcèlement.
Popivker, un homme à tout faire de la banlieue de Cleveland Heights, a été accusé de vol en janvier après s’être emparé de la bannière de Solidarity for Palestinian Human Rights [Solidarité pour les Droits Humains Palestiniens], une organisation étudiante de l’Université d’État de Cleveland.
La condamnation avec sursis de Popivker signifie qu’il échappera probablement à la prison s’il maintient un bon comportement tout au long de sa période de mise à l’épreuve. Il est également tenu de suivre des cours de gestion de la colère et l’université lui a interdit l’accès au campus en raison de son comportement.
Cette affaire représente un des rares cas, dans les annales des débats sur Israël dans les campus, où une action en justice a été engagée contre un militant pro-israélien pour son comportement agressif à l’égard d’étudiants pro-palestiniens.
Des groupes pro-israéliens à travers le pays ont déposé une série de plaintes officielles accusant certains groupes universitaires de créer une atmosphère hostile aux juifs sur les campus. Plusieurs étudiants pro-palestiniens ont été inculpés pour leur activisme à travers le pays.
Les manifestations pro-israéliennes de Popivker à Cleveland State, plusieurs mois avant son bannissement, ont quelquefois dégénéré en affrontements avec des étudiants. Il a souvent comparé les Palestiniens à des nazis et certains étudiants l’ont accusé du harcèlement de personnes visiblement musulmanes, ce qu’il nie. Il a également contacté la faculté et les employeurs d’une étudiante en droit pour dénoncer ses opinions pro-palestiniennes, et publié des messages sur les réseaux sociaux la visant – un incident qui a conduit l’étudiante, avec le soutien d’un éminent doyen juif de l’université, à demander une injonction restrictive à l’encontre de Popivker.
L’université de Cleveland, dont la police a procédé à l’arrestation initiale de Popivker, a refusé de faire des commentaires sur la sentence. Un porte-parole de l’université avait auparavant déclaré à la Jewish Telegraphic Agency que Popivker « n’avait pas été banni pour le contenu de son discours, mais pour la manière dont il avait choisi de l’exercer ».

La section locale du Conseil des relations américano-islamiques a déclaré en février que le groupe d’étudiants pro-palestiniens avait déjà salué la décision de l’école d’interdire l’accès au campus à Popivker. « Nous restons profondément affectés par les actes de harcèlement à l’encontre de la communauté arabe, musulmane et plus particulièrement palestinienne, mais nous sommes soulagés de savoir que nos étudiants et nos communautés sont en sécurité sur le campus pour le moment », a déclaré le conseil d’administration de l’association à l’époque.
Mercredi, Popivker a déclaré à la JTA que la sentence était « sévère et déraisonnable » et qu’elle avait été « motivée par les fausses allégations de l’université selon lesquelles j’aurais harcelé des musulmans et que je serais islamophobe ». Il a ajouté que la décision rendue contre lui était une limitation de son « droit au premier amendement de défendre une cause dans une université publique. »
Popivker admet volontiers avoir volé la bannière, qualifiant son acte de désobéissance civile parce que le drapeau « efface Israël de la carte ». Mais il rejette la responsabilité de sa mauvaise réputation sur le campus sur « les organisations, les professeurs et les étudiants palestiniens » qui, selon lui, « subissent un lavage de cerveau avec des calomnies diaboliques contre l’État d’Israël ».

Les groupes juifs locaux ont été lents à réagir à l’affaire Popivker, mais après les accusations de vol du drapeau, The Lawfare Project, un groupe de juristes pro-israéliens, l’a qualifié de « militant juif pour les droits civiques ». Un porte-parole de The Lawfare Project a refusé de commenter la condamnation de Popivker.
Popivker a profité de son audition pour tenter d’organiser un rassemblement appelant l’université à adopter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah, un document qui a suscité la controverse car il affirme que certains types de critiques à l’égard d’Israël sont antisémites. Une douzaine de personnes se sont présentées au palais de justice pour distribuer des drapeaux israéliens, principalement des amis et des membres de la famille, a-t-il déclaré.