Comment répondre à l’attentat ? Ben Gvir réitère sa demande d’une opération majeure
Malgré la réprimande d'un haut fonctionnaire du gouvernement, le ministre de la Sécurité nationale se dit déterminé à mener à bien la répression à Jérusalem-Est
Alors que le cabinet devait se réunir dimanche pour sa réunion hebdomadaire, deux jours après une attaque terroriste palestinienne meurtrière, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a réitéré sa demande d’une opération militaire de grande envergure à Jérusalem-Est – bien qu’il ait été réprimandé à ce sujet – et aurait exigé une liste de mandats de démolition de la municipalité.
Après l’attentat à la voiture-bélier à un arrêt de bus à Jérusalem, qui a fait trois morts, le cabinet et le cabinet de sécurité restreint devaient examiner une série de nouvelles mesures visant à prévenir de nouvelles attaques.
Dans une démarche inhabituelle, l’armée n’a pas lancé de frappes aériennes sur la Bande de Gaza pendant la nuit en réaction à un tir de roquette mené depuis l’enclave côtière samedi, ce qui pourrait indiquer qu’Israël prend des mesures pour éviter une escalade.
Selon la Douzième chaîne, ces mesures pourraient consister à saisir l’argent et les biens appartenant aux familles des terroristes, à placer des barrières aux arrêts de bus dans la capitale pour protéger les passagers des attaques à la voiture-bélier, à lutter contre l’incitation en ligne et à renforcer les points de contrôle et les patrouilles de sécurité entre les quartiers palestiniens et juifs.
Peu après l’attentat, le ministre d’extrême-droite Ben Gvir a publié une déclaration indiquant qu’il avait demandé à la police de se préparer à une grande répression antiterroriste à partir de dimanche, évoquant spécifiquement une célèbre campagne militaire de 2002 contre les groupes terroristes de Cisjordanie. Cependant, Ben Gvir n’a pas l’autorité nécessaire pour approuver seul une telle opération et ses commentaires ont été rejetés par un haut fonctionnaire du gouvernement.
Ce responsable a déclaré à plusieurs médias israéliens, sous couvert d’anonymat, que « les décisions d’une telle ampleur ne sont pas prises dans les déclarations d’un ministre ou de qui que se soit sur un trottoir, sur les lieux d’un attentat ».
Le fonctionnaire a déclaré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne déciderait d’une opération qu’après avoir consulté les services de sécurité et après une discussion ordonnée au sein du cabinet.
Le fonctionnaire a ajouté qu’il n’y avait aucune intention « de punir tous les habitants de Jérusalem-Est » et que toute action devrait également tenir compte de la prochaine fête du Ramadan et de la nécessité de permettre la liberté de culte dans la capitale.
La Douzième chaîne a rapporté que Netanyahu et le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient été pris par surprise par les déclarations de Ben Gvir, puisque rien n’avait encore été décidé.
Le reportage indique que Ben Gvir a demandé à la police d’imposer un confinement dans le quartier d’Issawiya, d’où venait le terroriste, mais que le chef de la police, Kobi Shabtaï, et d’autres officiers supérieurs ont rejeté cette demande en disant que c’était impossible, ce qui a provoqué la colère de Ben Gvir.
Le reportage indique que de hauts responsables du gouvernement ont à plusieurs reprises qualifié les déclarations de Ben Gvir « d’enfantines ».
Mais samedi soir, Ben Gvir a posté un tweet réitérant sa déclaration initiale, affirmant qu’il était « déterminé » à lancer une opération de grande envergure.
« A l’attention de ceux qui donnent des briefings contre moi, la police a l’autorité de démolir des bâtiments illégaux, d’arrêter plus de 150 cibles et de faire une descente dans leurs maisons, de mettre fin à l’incitation dans les mosquées, d’arrêter ceux qui ont des dettes et plus encore », a-t-il déclaré.
« La réunion du cabinet est importante et j’y ferai d’autres demandes, mais la gouvernance est très importante et je veillerai à ce qu’elle soit concrétisée », a ajouté Ben Gvir.
En outre, le quotidien Maariv a rapporté dimanche matin que Ben Gvir avait demandé à la mairie de Jérusalem de lui remettre la liste complète des ordres de démolition des maisons de Jérusalem-Est jugées illégales.
« A ce jour, la municipalité de Jérusalem a plus de 200 mandats de démolition de bâtiments illégaux dans l’est de la ville que personne n’a encore traités », a noté l’article, citant un affilié anonyme de Ben Gvir. « Le ministre veut avoir tous les mandats entre les mains dans le but de commencer à les faire appliquer de manière globale et à grande échelle, comme le gouvernement précédent ne l’a jamais fait. »
Un garçon de six ans, son frère de huit ans et un homme de 20 ans ont été tués et cinq autres ont été blessés dans l’attentat terroriste à la voiture-bélier perpétré vendredi à un arrêt de bus près du quartier de Ramot à Jérusalem-Est.
Ben Gvir, du parti d’extrême-droite, Otzma Yehudit, a fait campagne en promettant de sévir contre les attentats palestiniens et la criminalité arabe israélienne. Il a fait l’objet de vives critiques de la part de la droite radicale après plusieurs attaques terroristes meurtrières ces dernières semaines, ses détracteurs affirmant qu’il n’a pas réussi jusqu’à présent à tenir ses promesses d’éradiquer le terrorisme et d’introduire des punitions d’une sévérité sans précédent contre les attaquants et leurs familles, y compris la peine de mort pour les terroristes condamnés.
En arrivant sur les lieux de l’attaque de vendredi, Ben Gvir a été accueilli par le chahut de plusieurs passants en colère. « Les plus grandes attaques terroristes ont eu lieu sous votre surveillance », a crié l’un d’eux. Il y a deux semaines, sept Israéliens ont été tués dans une attaque terroriste par balles près d’une synagogue dans le quartier Neve Yaakov de la capitale.
Ben Gvir a déclaré qu’il avait ordonné à la police de mettre en place des barrages routiers autour d’Issawiya, d’où venait le terroriste, « et d’arrêter et de vérifier chaque voiture ».