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Concert du projet « Yiddish Glory » le 12 février à Paris

Les chansons ont été écrites par des habitants juifs soviétiques qui ressentaient l’urgence d’exprimer leurs émotions face à la mort

Le compositeur Psoy Korolenko, la chanteuse de jazz canadienne Sophie Milman, et les chanteurs et musiciens du projet « Yiddish Glory ». (Crédit : Vladimir Kevorkov)
Le compositeur Psoy Korolenko, la chanteuse de jazz canadienne Sophie Milman, et les chanteurs et musiciens du projet « Yiddish Glory ». (Crédit : Vladimir Kevorkov)

« Yiddish Glory » est un projet musical qui documente la machine à tuer nazie en Union soviétique.

Les musiciens et chanteurs du projet joueront à Paris ce mercredi 12 février, de 19h à 21h, au Centre de Russie pour la science et la culture (61, rue Boissière, 16e arrondissement). L’évènement, gratuit, nécessite une inscription à l’adresse mail : crsc.paris@crsc.fr

Le concert sera suivi d’une conférence sur le projet, nominé pour un Grammy Award en 2019, et son histoire. L’évènement est présenté dans le cadre de l’exposition interactive « Le Chemin vers la Victoire : les Juifs soviétiques pendant la Seconde Guerre mondiale », organisée au sein de l’institution parisienne jusqu’au 10 avril 2020.

Les chants qui seront joués, en yiddish, étaient inédits depuis la Seconde Guerre mondiale. Ils n’auraient jamais été rassemblés dans l’album sorti en 2018 et chantés à nouveau s’ils n’avaient pas été découverts par hasard dans des boîtes non marquées dans une bibliothèque ukrainienne, et repris par un groupe international d’universitaires et de musiciens, et notamment la chanteuse de jazz canadienne Sophie Milman.

« Je devais réaliser ce projet. Ça m’a vraiment touché. L’expérience juive soviétique est très différente, et j’ai pensé qu’il était important que les gens soient conscients qu’il y avait plus qu’Auschwitz en ce qui concerne l’Holocauste », explique Milman, née en Russie.

Ces chansons n’ont pas été écrites par des compositeurs célèbres, mais par des habitants juifs de l’Union soviétique qui ressentaient l’urgence d’exprimer leurs émotions face à la mort – des combattants de l’Armée rouge, des réfugiés, des personnes évacuées et des prisonniers des ghettos et des camps de travail.

Pour de nombreuses chansons, il s’agissait de premiers témoignages locaux des atrocités nazies en Europe de l’Est. Celles-ci détaillaient ainsi le service des Juifs soviétiques dans l’Armée rouge, leur héroïsme, la survie et la mort en Europe occupée par les nazis, les épreuves de la guerre, de la Shoah et autres atrocités nazies, ainsi que celles auxquelles les Juifs soviétiques morts pendant l’occupation allemande ont été confrontés, et les histoires de ceux qui travaillaient sur le front intérieur soviétique en Asie centrale, dans les montagnes de l’Oural et en Sibérie.

L’ethnomusicologue juif soviétique Moisei Beregovsky. (Crédit : autorisation de Dmitry Baevsky)

Peu de temps après leur écriture, les chansons ont été recueillies par l’ethnomusicologue soviétique Moisei Beregovsky qui, avec son équipe de chercheurs, a été arrêté en 1950 au plus fort de la purge anti-juive de Staline.

Au cours de la décennie précédente, Beregovsky avait été soutenu par le Cabinet de Kiev pour la culture juive (qui faisait partie de l’Académie ukrainienne des sciences) pour documenter et réunir les chansons folkloriques juives. Il a ainsi rassemblé des centaines de nouvelles chansons yiddish écrites par des Juifs en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.

Les compositeurs amateurs de ces chansons ont ainsi préféré le pouvoir émotionnel de la poésie et de la musique à la prose afin d’exprimer leur horreur face à la violence et la destruction dont ils ont été témoins. Dans certains cas, les auteurs-compositeurs ont utilisé le langage des chansons déjà existantes sur les pogroms, car ils ne disposaient pas encore du vocabulaire liée à la machine à tuer nazie.

À la fin des années 1940, la situation politique a changé. Staline n’avait plus aucune motivation à soutenir la culture yiddish comme moyen d’obtenir un soutien juif dans l’effort de guerre. Beregovsky a été emprisonné et ses importantes archives – y compris les chansons de guerre – ont été confisquées et placées sous scellées.

Beregovsky a été libéré en 1956, mais ses archives n’ont pas refait surface jusqu’à sa mort en 1961. L’ethnomusicologue, qui a poursuivi ses recherches après sa libération, est célèbre pour avoir conservé d’énormes quantités de morceaux klezmer et juifs. Cependant, il est décédé en pensant que les chansons critiques de la Seconde Guerre mondiale avaient disparu, et que plus personne ne les entendrait.

Étonnamment, il s’est avéré que Beregovsky avait tort.

Au milieu des années 90, des bibliothécaires de la Bibliothèque nationale Vernadsky d’Ukraine ont découvert des boîtes sans étiquette. À l’intérieur se trouvaient les documents manquants des archives de Beregovsky. Cependant, ce n’est que des années plus tard qu’un projet a été mis en place afin d’insuffler une nouvelle vie à ces paroles de chansons en mauvais état. Il a été mené par le Dr. Anna Shternshis, professeure associée d’études en yiddish de l’université de Toronto.

Il est devenu plus tard clair pour Shternshis que ces chansons devaient être entendues. Elle a ainsi formé une équipe afin de sortir l’album « Yiddish Glory ».

Psoy Korolenko et Anna Shternshis. (Crédit : Dan Rosenberg)

Après le choix des poèmes qui seraient repris, le Dr. Pavel Lion – connu professionnellement sous le nom de Psoy Korolenko – a composé l’essentiel de la musique des 18 chansons de l’album « Yiddish Glory ».

Originaire de Moscou et d’origine juive, le compositeur a entrepris cette tâche ardue de créer des solutions mélodiques appropriées. S’appuyant sur sa vaste connaissance de la musique yiddish, klezmer et soviétique, il s’est inspiré des paroles des chansons elles-mêmes.

Il se dit heureux d’avoir pris part au projet, expliquant que celui-ci transmettait un message « anti-guerre, anti-haine, anti-xénophobie, anti-ségrégation et anti-préjugés ».

« Le projet [est arrivé en 2018] à point nommé. Mais des projets comme celui-ci arrivent toujours à point nommé », dit-il.

La pochette de l’album « Yiddish Glory ».

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