Contrat de 9,1 M de $ pour la fourniture par Casterra de ricin pour les biocarburants
Casterra, une filiale d'Evogene, signe un accord avec une grande société pétrolière et gazière pour vendre ses graines de ricin à haut rendement qui seront cultivées en Afrique
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
La société israélienne Casterra, filiale de la société de génomique végétale computationnelle Evogene, a signé un accord chiffré à 9,1 millions de dollars pour vendre ses graines de ricin exclusives à haut rendement à l’une des 10 premières sociétés pétrolières et gazières au monde pour la production de biocarburants durables.
Selon les termes de l’accord-cadre signé avec la société pétrolière et gazière anonyme, Casterra a indiqué avoir reçu une commande initiale d’une valeur totale de 9,1 millions de dollars pour la fourniture de quelques centaines de tonnes métriques de ses graines de ricin à haut rendement oléagineux, qui devraient être livrées au cours de l’année 2023 et être cultivées en Afrique. Les graines riches en huile génétiquement modifiées sont utilisées comme matière première pour la production de biocarburant ou de biodiesel.
Le biodiesel est basé sur un mélange d’environ 93 % à 95 % de diesel fossile ordinaire et de 5 % à 7 % d’huile non fossile dérivé de plantes telles que le ricin. Ces dernières années, l’huile de ricin a également été utilisée dans d’autres domaines et applications tels que les lubrifiants, les cosmétiques, les produits pharmaceutiques, l’électronique et l’aérospatiale.
Aujourd’hui, la plupart des approvisionnements mondiaux en ricin proviennent de l’Inde, où le ricin est cultivé selon des méthodes traditionnelles et récolté à la main. La société basée à Rehovot est en train de développer des variétés de graines de ricin à haut rendement en s’appuyant sur la technologie génomique basée sur l’intelligence artificielle (IA) et les connaissances informatiques d’Evogene, qui est spécialisée dans la modification génétique des plantes à des fins industrielles.
« L’accord que nous avons annoncé n’est que la pointe de l’iceberg », a déclaré Eyal Ronen, PDG de Casterra, au Times of Israel. « Nous avons signé un accord-cadre pour les années à venir, ce qui signifie que le montant des commandes en dollars devrait doubler l’année prochaine et même quadrupler au cours des cinq prochaines années.
Ronen a précisé que les commandes provenaient de l’une des dix plus grandes compagnies pétrolières et gazières du monde, parmi lesquelles figurent Chevron, Enron, Shell, Total et YPF.
Cet accord intervient au moment où l’Union européenne (UE) a décidé d’exiger que tous les carburants utilisés pour les transports, y compris le diesel, contiennent environ 10 % de biocarburants, taux qui devrait être porté à 14 % d’ici 2030. L’UE stipule en outre que la production de biocarburants devra être assurée à partir de matières premières qui ne font pas concurrence aux cultures vivrières.
Les matières premières les plus courantes pour les biocarburants en Europe sont l’huile de palme, l’huile de soja et d’autres huiles comestibles telles que le tournesol et le colza. À la fin de l’année dernière, le régulateur a demandé aux entreprises européennes d’éliminer progressivement, d’ici à 2030, l’importation et l’utilisation d’huile de palme, dont la production est liée à la déforestation.
« Les premiers à adopter les biocarburants sont les sociétés pétrolières et gazières, qui sont déjà à la recherche d’alternatives à l’huile de palme, car elles requièrent d’importants volumes », a déclaré Ronen.
C’est là que Casterra estime avoir une bonne opportunité de marché. Avec la technologie d’Evogene basée sur l’IA et les bases de données génomiques brevetées des plantes, ainsi qu’en intégrant des capacités de calcul avancées, Casterra a produit des variétés de ricin dont le rendement est, selon l’entreprise, quatre à six fois supérieur à celui des variétés sauvages que l’on trouve dans la nature, et qui génèrent une teneur en huile de 50 %, alors que les variétés naturelles en extraient 30 à 40 %, voire moins. La société a, en outre, fabriqué une machine de récolte et de décorticage mécanique pour répondre à la demande mondiale d’un approvisionnement accru et stable en huile de ricin.
« Nous disposons d’une base de données de plus de 300 variétés provenant de 40 pays différents. Grâce à l’IA, qui nous permet une recherche rapide d’informations et l’application de méthodes de culture avancées et précises, nous sommes en mesure d’adapter le développement aux caractéristiques de l’huile, qu’elle soit destinée à l’industrie aéronautique ou à l’industrie automobile », a affirmé Ronen. « Nous développons ce que l’on appelle dans l’industrie des marqueurs génétiques ou génomiques. »
Les principaux avantages du ricin sont qu’il n’est pas comestible, qu’il est facile à cultiver, qu’il pousse sur des terres reculées où il est difficile de faire pousser des cultures vivrières et qu’il offre le meilleur rendement d’huile en termes de dollars par hectare et de méthodes de culture, puisqu’il ne nécessite pas d’irrigation, a ajouté M. Ronen.
Avec l’augmentation des besoins en biocarburants, l’intérêt pour l’utilisation de l’huile de ricin comme source végétale pour les biocarburants devrait également croître. Le marché mondial industrialisé de l’huile de ricin et de ses dérivés devrait atteindre 2,06 milliards de dollars d’ici 2028 contre 1,55 milliard de dollars en 2022, selon les données de Market Reports World.
La taille du marché du biodiesel a atteint 32,05 milliards de shekels en 2021 et devrait atteindre 75,57 milliards de dollars en 2030, selon une analyse d’Emergen Research.
Casterra exploite trois sites de production. L’entreprise dispose d’un centre de R&D en Israël et d’un site de production local au Brésil, ainsi que d’un autre site en Zambie.
Selon Ronen, à l’avenir, les projets de R&D seront axés sur l’adaptation des caractéristiques de l’huile à différents usages, tels que l’industrie aéronautique ou les polymères.