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Covid : des sites juifs de financement participatif agissent pour les victimes

Même si la population américaine réduit ses dépenses en pleine crise économique, les donations caritatives sont encore considérées comme "essentielles"

Une campagne de levée de fonds pour Lipa Friedrich, victime du COVID-10, sur le site internet Dryveup.com. a déjà permis de collecter plus d'1 million de dollars. (Capture d'écran : via JTA)
Une campagne de levée de fonds pour Lipa Friedrich, victime du COVID-10, sur le site internet Dryveup.com. a déjà permis de collecter plus d'1 million de dollars. (Capture d'écran : via JTA)

JTA — Après que le coronavirus a tué Lipa Friedrich, un chauffeur de bus âgé de 39 ans originaire de Monsey dans l’État de New York, en mars, plus personne n’était là pour subvenir aux besoins de sa femme et de leurs 11 enfants.

Pourtant, quelques jours après le lancement en ligne d’une cagnotte au profit de cette famille juive orthodoxe, les Friedrich se trouvaient dans une situation financière totalement différente. La campagne a permis de récolter plus d’un million de dollars. La plus grande partie de la somme a été rassemblée en 48 heures, et une autre collecte de fonds a rapporté encore davantage.

« Nous ne nous attendions pas à rassembler une telle somme », s’étonne Shlomo Spitzer, qui a organisé la campagne de levée de fonds pour la famille Friedrich.

Ce dernier a lancé la campagne à travers DryveUp, l’une des différentes plateformes utilisées par les Juifs orthodoxes pour collecter des fonds à l’intention des membres de la communauté qui se trouvent dans une situation difficile. Alors que ces plateformes existent depuis des années, elles ont démontré, pendant l’épidémie de coronavirus, toute leur efficacité pour rassembler des sommes importantes de la part d’une communauté relativement petite, de surcroît dans une période de crise économique.

« Je ne suis pas surpris – c’est un système dont l’efficacité a été prouvée encore et encore », commente Moshe Hecht, directeur du service innovation à Charidy, un autre site de financement participatif, à l’agence JTA. « Je suis surpris que cela fonctionne encore dans ce contexte, où les gens surveillent leurs dépenses et semblent très économes. »

Les initiatives de levée de fonds se déroulent sur quelques sites Internet spécialisés qui s’adressent principalement aux orthodoxes. Les campagnes utilisent souvent des affiches similaires à celles qu’on voit habituellement sur papier glacé, des images émouvantes et surfaites, ainsi que des vidéos spectaculaires. Elles font l’objet d’une grande publicité sur des sites Internet orthodoxes qui suivent de près les décès liés au coronavirus dans la communauté. Ces initiatives permettent assez fréquemment de récolter des sommes à six chiffres en l’espace de quelques jours.

Une boîte tzedaka, or charité, par Leo Horovitz exposée au Musée juif de Francfort. (Crédit : K R Horovitz)

Près de 850 000 dollars (776 000 euros) ont été récoltés via le site Chesed Fund pour Yerachmiel “Rick” Beilis, un père de famille de quatre enfants âgé de 52 ans et originaire de Chicago. Il est mort du Covid-19 le 4 avril.

En presque deux semaines, 5 000 donateurs ont utilisé Kupat Hair pour donner plus de 250 000 dollars (228 000 euros) en soutien à la veuve et aux neufs enfants non mariés du rabbin Chaim Aharon Turchin. Il était le responsable d’une yeshiva de Bnei Brak, en Israël, et a succombé à la maladie virale en avril.

Une campagne sur Charidy menée au nom d’Yochanan Hochauser, un père de famille britannique de 12 enfants qui est décédé du coronavirus en avril, a permis de lever plus de 830 000 dollars avec environ 7 600 donateurs.

« Cela s’explique par l’éducation que reçoivent les gens et leurs valeurs », commente Yossi Klein, le fondateur de DryveUp. « Tout le monde réduit ses dépenses actuellement. Personne ne fait de folies. Mais pour les choses essentielles, on est encore prêt à dépenser. Donc, si on a été éduqué en pensant que la charité est essentielle, on donne toujours. »

Dryveup est né d’une entreprise de marketing, Click and Market, que Yossi Klein a fondée il y a 10 ans. Le site prend une commission fixe pour une série de service de levée de fonds, dont le design graphique, la création de publicités, la production de vidéos et des supports marketing.

« Cette tragédie nous a dévastés au plus profond de nous », pouvait-on lire dans la campagne consacrée à Baila Rivka Mertzbach, une mère de 11 enfants de Monsey, qui est morte du Covid-19. « Les enfants sont effondrés, perdus, et en deuil de l’amour et de la chaleur de leur mère. Comment vont-ils survivre à cette douleur insoutenable d’une existence sans leur maman ? Sa famille est en deuil. »

Le Chesed Fund, un autre site populaire de financement participatif pour la communauté des orthodoxes, ne prend aucun frais sur sa plateforme et propose un service plus minimaliste, même si ses campagnes peuvent quand même lever des centaines de milliers de dollars en quelques jours. Au total, plus de 9 millions de dollars ont été collectés sur le site pour les victimes du Covid-19.

« Je pense que cela en dit long sur la force de la communauté », estime Avi Kehat, le fondateur du site, qui rapporte que le trafic sur son site a quadruplé au cours du mois dernier. « Des villes entières se sont mobilisées pour des membres [de la communauté] qui sont décédés. Et la communauté juive dans son ensemble s’est incroyablement mobilisée pour aider des individus dont nous n’avions jamais entendu parler auparavant ».

À la fin mars, une campagne est apparue en ligne via le Chesed Fund pour Nachman Morgan, un enseignant de longue date à la Toras Emes Academy à Los Angeles victime du Covid-19. Malkiel Gradon, l’organisateur de la campagne, assure qu’il n’a pas dépensé un centime pour en faire la promotion. Il s’est seulement basé sur le bouche-à-oreille. Même dans ce cas de figure, la campagne a permis d’attirer des donations et a dépassé les 193 000 dollars (176 000 euros) la semaine dernière, grâce à environ 1 450 donateurs, soit un don moyen de 133 dollars.

« Quand nous avons lancé la campagne, nous avons fixé comme objectif initial la somme de 150 000 dollars, en pensant que c’était un peu un rêve », relate Malkiel Gradon. « Et nous étions à 150 000 dollars dès le premier jour. »

La capacité des sites de financement participatif à lever rapidement de l’argent pour les victimes de tragédie a été démontrée pour la première fois dans le monde juif en 2015. Charidy a alors permis de lever environ 990 000 dollars (900 000 euros) en quelques jours pour la famille de Nadiv Kehaty, un père de famille de quatre enfants âgé de 30 ans qui est mort soudainement d’une crise cardiaque.

Comme Dryveup, Charidy propose une large gamme de services de marketing et de promotion. Le site organise également des campagnes avec des affiches soignées, une communication précise et de nombreuses vidéos produites de façon professionnelle. L’une d’elles commence par une vue plongeante permise par un drone sur des rues de Brooklyn et montre ensuite des images d’urgentistes avec une musique digne d’un film en fond sonore. La campagne a récolté 2 millions de dollars.

« Nous mettons beaucoup la main à la pâte », explique Moshe Hecht. « C’est ce qui nous distingue. »

Charidy gagne de l’argent en prenant une part de la somme collectée, même si comme l’a expliqué Moshe Hecht, les campagnes pour les victimes individuelles du coronavirus reposent sur un modèle de pourboire dans lequel les donateurs acceptent volontairement de payer un petit peu plus pour rémunérer le site. Jusqu’à maintenant, le site a levé 3,3 millions de dollars pour des individus victimes du coronavirus et 30 millions de dollars pour les organisations juives répondant à la crise du coronavirus, selon Moshe Hecht.

Même si cela semble être de l’argent facile, des organisateurs ont expliqué que lever des sommes importantes sur des sites de financement participatif demande beaucoup de travail. La campagne à 1 million de dollars pour la famille Friedrich s’est appuyée sur l’aide de plus de 200 personnes qui ont accepté de collecter une partie de l’objectif total. Shlomo Spitzer leur a fourni des affiches et des messages à publier sur des groupes Facebook et WhatsApp, et a répondu à leurs questions à tout moment de la journée.

« C’est la raison pour laquelle beaucoup de campagnes caritatives ne fonctionnent pas. Les gens pensent que les campagnes en ligne sont une sorte de tour de passe-passe », commente-t-il. « Vous la mettez en ligne et ça fait de l’argent. Mais ce n’est pas aussi facile que cela en a l’air. Il faut travailler très dur. C’est un travail à temps plein. »

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