Braun-Pivet s’interroge sur un lien entre son « identité juive » et sa visite critiquée en Israël
"Je ne comprends pas pourquoi c'est l'identité juive qui ressort (...) mais certains ne voient plus que ça", a déploré la quatrième représentante de l'État français
La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, victime depuis des années de menaces antisémites, s’est interrogée lundi sur le lien entre son « identité juive » et les critiques de sa visite de soutien à Israël, accusant Jean-Luc Mélenchon de lui mettre « une nouvelle cible dans le dos ».
« Très choquée », Mme Braun-Pivet a déclaré sur France Inter qu’elle était « Française », « pas pratiquante », « pas croyante ».
« Je ne comprends pas pourquoi c’est l’identité juive qui ressort (…) mais certains ne voient plus que ça », a déploré cette avocate de formation de 52 ans, descendante des immigrations juives polonaise et allemande, avec des grands-parents arrivés en France dans les années 1930.
Le leader de La France insoumise (LFI) avait estimé dimanche que Mme Braun-Pivet était en train de « camper à Tel Aviv pour encourager le massacre » à Gaza. « Pas au nom du peuple français! », avait-il protesté sur X (anciennement Twitter), en postant une vidéo du rassemblement parisien de milliers de manifestants propalestiniens.
« Connaissant un peu Jean-Luc Mélenchon, je suis convaincue qu’effectivement le mot ‘camper’ n’a pas été choisi par hasard et que le fait que je favorise les massacres, c’est à nouveau une nouvelle cible qu’on me met dans le dos », a-t-elle expliqué.
« Absurde police des mots », a répondu lundi M. Mélenchon à la quatrième représentante de l’État, rejetant toute connotation antisémite dans le mot « camper ».
Yaël Braun-Pivet a été placée sous protection policière renforcée à la suite de l’attaque le 7 octobre du groupe terroriste islamiste du Hamas qui a tué 1 400 personnes, en majorité des civils tués par balle, brûlés vifs ou morts de mutilation.
La présidente de l’Assemblée avait déjà déposé de nombreuses plaintes pour des courriers antisémites et menaces de mort avant cette attaque.
« Quand je lis certains tweets, que je reçois directement des lettres de menace, bien sûr que je me sens en danger », a-t-elle dit lundi.
Visite polémique
Comme une grande partie de la gauche, M. Mélenchon a jugé que son voyage en Israël durant le week-end était « une faute politique ».
Son discours en préambule d’une minute de silence au Palais Bourbon le 10 octobre en mémoire des victimes des attaques du Hamas avait déjà déclenché la polémique. Elle y avait qualifié Israël de « pays ami », réaffirmant « au nom de la représentation nationale, notre totale solidarité et notre soutien inconditionnel ».
Face à la polémique sur ce voyage, elle est revenue lundi sur cette position de « soutien inconditionnel », expression qu’elle a été la seule à employer à ce niveau de l’État.
Ce soutien s’applique à « l’existence d’Israël », pas au « gouvernement d’Israël ».
« La voix de la France a toujours été une voix qui prône l’existence de deux États », a-t-elle précisé. « Aujourd’hui, la sécurité d’Israël n’est pas assurée, l’existence de l’État palestinien non plus », a-t-elle insisté.
« Israël a le droit de se défendre (…) dans le respect du droit international et du droit humanitaire », a ajouté Mme Braun-Pivet, appelant à « secourir des populations innocentes qui souffrent et qui sont utilisées par les terroristes comme boucliers ».
Emmanuel Macron avait d’abord exprimé un soutien sans faille aux Israéliens et leur « droit à se défendre ». Mais devant le tollé dans les pays arabes, il a ensuite ajusté progressivement son propos en appelant à « épargner » les civils à Gaza et en évoquant la recherche d’une solution pacifique.
« Il eut été préférable que la voix de la France s’exprimât seulement par la voix du président de la République », a réagi sur franceinfo l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve.