De rares « dieux frappeurs » retrouvés dans un temple cananéen de plus de 3000 ans
Ces découvertes de l'âge du bronze réalisées à Lachish sont qualifiées "d'époustouflantes" par l'archéologue Yosef Garfinkel, qui a publié un rapport sur ces fouilles de 2013-2017
Deux « dieux frappeurs » et d’autres rares artefacts rituels figurent parmi les découvertes fascinantes décrites dans un rapport complet, publié récemment, sur les fouilles réalisées de 2013 à 2017 sur le site archéologique de Lachish. Le rapport examine en profondeur les pratiques de culte cananéennes du 12e siècle avant l’ère commune, de la modeste structure du temple aux objets rituels découverts à l’intérieur.
« Cette fouille était à couper le souffle », commente le professeur Yosef Garfinkel, archéologue en chef de l’Institut d’archéologie de l’Université hébraïque de Jérusalem, dans un communiqué de presse publié lundi. Le rapport de fouille, « Le Temple nord-est de niveau VI à Tel Lachish », a été publié récemment dans la revue universitaire Levant : The Journal of the Council for British Research in the Levant.
« Une fois tous les 30 ou 40 ans seulement, nous avons la possibilité de fouiller un temple cananéen en Israël. Ce que nous avons trouvé jette un nouvel éclairage sur la vie antique dans la région. Il serait difficile de surestimer l’importance de ces découvertes », indique Yosef Garfinkel, qui a dirigé les fouilles avec le professeur Michael Hasel de l’Université adventiste du Sud, dans le Tennessee.
La structure du temple, appelée « Temple nord-est » par les archéologues, a été découverte dans le parc national de Tel Lachish, près de l’actuel Kiryat Gat, et son plan est similaire à celui des temples contemporains découverts dans le nord d’Israël à l’ancienne Naplouse, à Megiddo et à Hazor.
Au cours du milieu et de la fin de l’âge du bronze, les habitants de Lachish contrôlaient de grandes parties des basses terres de Judée, et la ville était l’une des principales villes cananéennes de la Terre d’Israël. Mentionnée dans la Bible, Lachish a été construite vers 1800 avant l’ère commune et plus tard détruite par les Égyptiens vers -1550. La ville s’est redressée, avant de tomber deux nouvelles fois, « succombant pour de bon vers 1150 avant l’ère commune », selon le communiqué de presse.
Le temple cananéen du 12e siècle avant l’ère commune, bien qu’il ne soit pas un complexe massif, est une découverte unique pour les archéologues. L’article du Levant écrit que, « par rapport au plan des autres temples de la fin de l’âge du bronze et du premier âge du fer, le Temple nord-est de Lachish est modeste dans ses dimensions et peut être défini comme moyen ».
Selon le communiqué de presse, l’enceinte était divisée en une zone avant marquée par deux colonnes et deux tours, qui menait à un grand hall. De là, un sanctuaire intérieur a été délimité par quatre colonnes de soutien « et plusieurs ‘pierres dressées’ non taillées qui ont pu servir de représentations des dieux du temple », décrit le communiqué de presse. Les deux « pierres dressées » sont assez grandes : la plus grande mesure 60 cm de large et 90 cm de long et la plus petite mesure également 60 cm de large et seulement 70 cm de long.
Contrairement à la structure typique des temples cananéens, l’enceinte comprend également des pièces annexes. « La présence de salles annexes dans cette structure est l’un des principaux points qui a alimenté le débat sur sa caractérisation en tant que temple ou palais de cérémonie », écrivent les auteurs. Il est possible que l’ajout de salles annexes à un temple ayant des caractéristiques « syriennes » soit un précurseur des temples de l’âge du fer comme le temple de Motza et le temple biblique de Salomon à Jérusalem. Le schéma illustrant l’article du Levant indique qu’il y avait environ huit ou neuf zones dans l’enceinte du grand temple, dont un « Saint des Saints ».
Outre les pierres debout, le communiqué de presse énumère une pléthore d’autres objets rituels découverts, tels que « des chaudrons en bronze, des bijoux inspirés de l’ancienne déesse égyptienne Hathor, des poignards et des têtes de hache ornés d’images d’oiseaux, des scarabées, et une bouteille plaquée or portant le nom de Ramsès II, l’un des pharaons les plus puissants d’Égypte ».
La découverte la plus fascinante est peut-être celle d’une paire de dieux frappeurs, qui ont été découverts à l’intérieur du sanctuaire du temple, comparable au « Saint des Saints » du temple de Jérusalem-Salomon. Appelée salle H dans l’article, elle « est située dans la partie la plus intérieure de la structure et sur son axe central, directement en face de l’entrée principale ».
On trouve des dieux frappeurs au Levant dans des temples de la fin de l’âge du bronze et du premier âge du fer. Les auteurs écrivent que les figurines sont communément identifiées à deux dieux cananéens, Baal ou Resheph, qui sont tous deux connus comme des divinités de la guerre, « bien qu’il soit impossible d’identifier nos figurines avec l’un ou l’autre en raison du manque d’attributs clairs ».
Selon l’article, les dieux de la forge mesurent à peine 10 cm et 8,5 cm. Les deux petites figurines masculines sont en bronze et étaient à l’origine recouvertes d’argent. Tous deux marchent la main droite levée et portent des jupes courtes et de grands chapeaux, dont l’un, écrit l’article, rappelle la couronne blanche de Haute-Égypte. L’un des dieux tient toujours une arme, une masse ou une massue, attachée au front de la figurine, écrit l’article. « Sous leurs pieds se trouvent des chevilles qui servaient à attacher les figurines à des supports en bois, comme en témoignent les restes de bois ». Selon d’autres restes trouvés sur l’un des dieux – perles et indications d’un collier – l’un d’eux aurait été porté en pendentif.
L’histoire de Lachish a été parcourue de hauts et de bas et, selon l’article du Levant, plusieurs indices découverts dans la salle principale « représentent une phase secondaire de construction qui semble refléter un état de crise précédant la destruction du temple ».
Parmi les découvertes les plus marquantes rapportées lors des fouilles, on trouve la découverte de ce que les chercheurs appellent le premier récit connu de la lettre sémitique « samech ». Signalée en 2015, la lettre a été trouvée sur un « pot légèrement plus grand qu’une carte de visite », comme l’écrivait alors le Times of Israël, qui a été retrouvé à l’intérieur des ruines du temple.
L’inscription, trois lignes contenant neuf lettres sémitiques anciennes, a été découverte lors de fouilles sur le site en 2014 et daterait d’environ 1130 avant l’ère commune. C’est la première inscription cananéenne trouvée depuis plus de 30 ans dans un contexte de l’âge du bronze tardif.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.
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