Des élus de l’opposition évacués de la commission en charge de la refonte judiciaire
Simcha Rothman a fait savoir qu'il voulait parler et que les écarts entre les parties n'étaient pas insurmontables ; l'opposition a alors entonné un chant de protestation

Au moins 14 députés de l’opposition ont été exclus d’une réunion de commission houleuse consacrée à l’avancée de certaines propositions de lois entrant dans le cadre de la refonte controversée du système judiciaire, lundi, alors même que le député d’extrême-droite Simcha Rothman signalait son désir d’ouvrir le dialogue.
Rothman, président de la commission de la Constitution, du droit et de la Justice, avait ouvert la session en saluant l’appel lancé dimanche par le président Isaac Herzog à trouver un compromis sur ces réformes. Il a ensuite déclaré que les écarts entre les différentes parties n’étaient pas insurmontables.
« Je salue l’initiative prise par le président d’ouvrir un dialogue réel qui traitera des moyens d’améliorer le système judiciaire en réglant ses défaillances et de rééquilibrer la relation entre ce système et les autorités variées du gouvernement », a indiqué Rothman.
« Les écarts qui existent entre les propositions faites par le président, le projet de loi que j’ai moi-même soumis ou le plan présenté par le ministre de la Justice Yariv Levin ne sont pas négligeables mais ils ne sont pas importants non plus », a estimé le député de HaTzionout HaDatit, qui avait déclaré dimanche que les parties « pourraient débattre plus tard, entre la première lecture en plénière et les deuxième et troisième lectures ».
Il a toutefois continué à faire avancer le processus législatif.
La refonte proposée imposerait des changements radicaux dans les systèmes légal et judiciaire israéliens, en ôtant presque toute capacité de la Haute-cour de procéder au réexamen judiciaire des lois et des décisions gouvernementales. Elle accorderait aussi au gouvernement la majorité automatique au sein de la Commission de sélection judiciaire, chargée de nommer les juges.
Mais l’opposition était, lundi matin, bien décidée à ne pas rendre les armes alors même que des milliers d’Israéliens manifestaient aux abords du parlement.
Lorsque la réunion de la commission a commencé, les législateurs de l’opposition ont entonné la chanson interprétée par Gali Atari, « Ein Li Eretz Aheret » — « Je n’ai pas d’autre terre » en tapant sur la table.
דיוני ועדת חוקה נפתחים בשירה של האופוזיציה – ״אין לי ארץ אחרת״ pic.twitter.com/85hhY66TBN
— דפנה ליאל (@DaphnaLiel) February 13, 2023
Écrite en 1982 alors qu’un gouvernement de droite dirigé par le Likud menait une guerre controversée au Liban, cette chanson évoque la promesse « de ne pas garder le silence et de chanter » face à un pays « qui a changé de visage. » Ofra Fuchs, qui l’avait composée, avait expliqué en 2015 que cette chanson était destinée à être utilisée par la gauche lors de ses manifestations.
La réunion de commission a ensuite été rapidement troublée par les cris et les querelles, les députés de l’opposition hurlant à Rothman : « Vous devriez avoir honte ! » Au moins 14 législateurs ont été exclus de la session pour perturbations de la réunion.
Alors que le panel se réunissait, des dizaines de milliers de personnes arrivaient à Jérusalem dans le cadre d’une journée de grève et de manifestation nationales.
Les protestataires ont brièvement bloqué l’entrée à l’aéroport Ben Gurion et des enfants, accompagnés de leurs parents, ont bloqué la Rue Namir, une artère de circulation importante, dans le nord de Tel Aviv.

Herzog avait lancé un fervent appel, dimanche, au dialogue et au compromis sur le plan de réforme radical du système judiciaire du pays qui est proposé par la coalition.