Israël en guerre - Jour 433

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Des experts militaires internationaux soutiennent Tsahal pour sa campagne de 2014 à Gaza

Un nouveau rapport affirme qu’Israël met en place un standard qu’aucune autre armée ne peut atteindre

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Des soldats de Tsahal dans la bande de Gaza pendant l'Opération Bordure protectrice l'été 2014 (Crédit : Unité du porte-parole Tsahal / Flickr)
Des soldats de Tsahal dans la bande de Gaza pendant l'Opération Bordure protectrice l'été 2014 (Crédit : Unité du porte-parole Tsahal / Flickr)

Les armées du monde entier seraient beaucoup moins efficaces si elles devaient opérer sous les mêmes restrictions que l’armée israélienne pendant sa campagne de l’été 2014 à Gaza, affirme un groupe d’anciens dirigeants militaires et de la défense de neuf pays dans un nouveau rapport publié vendredi.

A la suite d’investigations qui ont duré plusieurs mois sur le conflit de 50 jours, le groupe de militaires de haut niveau (HLMG) – composé de généraux et de fonctionnaires de la défense retraités d’Allemagne, de Colombie, d’Inde, d’Espagne, d’Australie, des Etats-Unis, de France, du Royaume-Uni et d’Italie – a conclu qu’Israël avait non seulement agi selon les lois des conflits armés, mais avait largement dépassé ses exigences, malgré des rapports accablants de l’ONU et d’organisations non gouvernementales accusant l’armée israélienne de potentiels crimes de guerre.

Le groupe avait déjà défendu les actions d’Israël dans la bande de Gaza plus tôt cette année, soumettant leur rapport préliminaire à la commission des droits de l’Homme de l’ONU qui enquête sur cette opération, mais le rapport final de 80 pages du groupe va bien plus loin que leurs affirmations initiales.

« Nos conclusions sont diamétralement opposées à celles du rapport de l’ONU », a déclaré jeudi au Times of Israel le Colonel Richard Kemp, l’un des auteurs du document et ancien commandant des forces britanniques en Afghanistan, accusant le manque d’expertise militaire de la commission des Nations unies qui enquête sur ce conflit.

« Le rapport de l’ONU a été fait trop vite et par les mauvaises personnes ».

Le colonel Richard Kemp parle devant le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies le 29 juin 2015 (Photo: Autorisation UN Watch / Oliver O'Hanlon)
Le colonel Richard Kemp parle devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies le 29 juin 2015 (Photo: Autorisation UN Watch / Oliver O’Hanlon)

Le HLMG, qui comprend l’ancien président de la commission militaire de l’OTAN, l’ancien secrétaire général de l’armée italienne, un ancien ambassadeur extraordinaire des Etats-Unis pour les crimes de guerre et l’ancien directeur général de l’agence de renseignements militaires indienne, a été formé par l’initiative des amis d’Israël, un groupe britannique créé en 2010 pour combattre une « campagne sans précédent de délégitimation d’Israël ».

Les rapports de l’ONU et d’ONG ont été écrits par des experts des droits de l’Homme, et pas par du personnel militaire qui est plus familier avec les lois sur les conflits armés.

Sans cette expertise, les commissions enquêtant sur l’opération Bordure protectrice de 2014 ont abouti à des conclusions biaisées et inexactes, d’après Kemp.

Les lois des conflits armés

Une question centrale de ces rapports est les pertes civiles. L’un des problèmes, selon le rapport, était l’acceptation par l’ONU des chiffres du Hamas pour les pertes de combattants vs. civils, ce qui porte la proportion de non-combattants tués à presque 70 % des quelque 2 000 morts, à comparer aux 50 % affirmé par Israël.

Le HLMG a trouvé que les chiffres du Hamas sont inconsistants, avec par exemple des « inclusions de noms dupliqués, des âges incorrects, des décès liés aux combats causés par le Hamas ou ses organisations affiliées, comme dans le cas de roquettes mal tirées, et des décès non liés aux hostilités mais classés comme tel ».

Des Palestiniens ramassent leurs effets dans les maisons détruites par les bombardements israéliens dans le nord de la bande de Gaza, à Beit Lahiya, le mardi 4 août 2014. (Crédit : Emad Nasser / Flash90)
Des Palestiniens ramassent leurs effets dans les maisons détruites par les bombardements israéliens dans le nord de la bande de Gaza, à Beit Lahiya, le mardi 4 août 2014. (Crédit : Emad Nasser / Flash90)

Plus problématique, les rapports de l’ONU et des ONG ont été établis selon le point de vue des droits de l’Homme et traitent le concept de mort civile comme intrinsèquement mauvais, même quand ces incidents sont survenus pendant des circonstances acceptables légalement, a déclaré Kemp.

« Les lois des droits de l’Homme ne sont pas l’ensemble de lois qui gouverne ceci, ce sont les lois du conflit armé », a-t-il ajouté.

Extrait d'un tract d'avertissement largué par l'armée israélienne sur Gaza (Crédit: bureau du porte-parole de l'armée israélienne)
Extrait d’un tract d’avertissement largué par l’armée israélienne sur Gaza (Crédit: bureau du porte-parole de l’armée israélienne)

Les commissions enquêtant sur le conflit devraient avoir cherché à voir que tout ce qui était faisable a été fait pour éviter les morts de non-combattants, pas que des pertes ne sont pas arrivées, ce qui est inévitable en temps de guerre. Le standard de zéro mort civile est impossible à tenir, a déclaré Kemp.

Néanmoins, les 11 anciens fonctionnaires militaires et gouvernementaux ont conclu qu’Israël a adopté un niveau extrêmement haut de contraintes, jamais atteint, citant la maintenant fameuse technique de « frapper au toit » en larguant des munitions non explosives pour avertir les résidents que leur immeuble allait être bombardé, les coups de téléphone et les tracts jetés prévenant les non-combattants de quitter les lieux pour attaque imminente et d’autres exemples de missions annulées à cause des pertes de non-combattants potentielles.

« Ce seuil n’est pas quelque chose que les autres nations peuvent atteindre, a déclaré Kemp. Nous ne pouvons pas appeler tout le monde en Irak avant une frappe ».

Ce standard, qui commence déjà à être appliqué dans d’autres armées que l’armée israélienne, est un obstacle à l’opportunisme militaire, a affirmé Kemp.

« Vous ne pouvez pas accomplir cet objectif et être efficace. C’est pour ça que nous ne sommes pas efficaces », a déclaré Kemp, se référant spécifiquement à la campagne actuelle de la coalition contre l’Etat islamique en Syrie et en Irak.

Non seulement cette intense attention internationale sur chaque mort civile est un obstacle intrinsèque à la capacité de l’armée israélienne et d’autres armées à mener une guerre efficace, mais cela met aussi ironiquement en danger plus de citoyens, puisque chaque mort civile peut être utilisée de manière perverse par le Hamas et d’autres groupes comme une arme sur le « front » de l’opinion publique.

Anticiper des crimes de guerre, n’en trouver aucun

Le groupe a rencontré des représentants de toute la structure politique et militaire d’Israël, du Premier ministre Benjamin Netanyahu aux soldats incorporés qui ont combattu à Gaza, tout en rassemblant du matériel pour leur rapport.

Kemp, qui a aussi dirigé précédemment l’équipe du terrorisme internationale du comité conjoint du renseignement du Royaume-Uni, a défendu les actions militaires israéliennes contre Gaza avant, témoignant devant la commission Goldstone de l’ONU sur l’opération israélienne Plomb Durci de 2008-2009.

Le reste du groupe, cependant, a seulement eu des connexions brèves ou tangentielles avec l’armée israélienne, et beaucoup sont venus dans le groupe en s’attendant à trouver des indications de crimes israéliens, a déclaré Kemp.

Mais le HLMG n’en a trouvé pratiquement aucune, rejetant la responsabilité de la grande majorité des pertes civiles – 50 % des personnes tuées pendant le conflit, selon certaines estimations – sur le Hamas, dont le groupe affirme qu’il a institué une politique délibérée pour causer le plus grand nombre de morts palestiniennes civiles possible afin de mener une guerre de communication contre Israël.

Le rapport loue non seulement les mesures opérationnelles d’Israël pour éviter les pertes civiles précédemment mentionnées, mais aussi sa stratégie globale et sa structure organisationnelle, qui requiert l’implication constante des représentants de l’avocat militaire général pour assurer que les lois de la guerre et les règles de l’engagement sont respectées.

De plus, le rapport note qu’Israël a essayé à de nombreuses reprises d’éviter le conflit et d’y mettre fin par des moyens diplomatiques, pour être seulement repoussé par le Hamas à chaque fois.

Comme chaque membre du groupe est retraité, ils ne représentent par leurs pays, et Kemp a expliqué que le potentiel de contrecoup ou de menace sur leurs réputations professionnelles maintient le groupe indépendant et objectif.

Bien qu’il y ait eu de saines discussions pendant l’enquête, Kemp a déclaré que le groupe était uni dans ses conclusions. « Ce n’était pas de la pensée groupée. Si une personne était en désaccord, nous l’aurions écoutée », a-t-il dit.

La communication du Hamas : censure et manipulation

Le rapport décrit l’usage de boucliers humains par l’organisation terroriste et confirme beaucoup des affirmations contre le Hamas, notamment l’utilisation d’hôpitaux, d’écoles de l’ONU, d’ambulances et d’autres « sites sensibles » pour forcer Israël à des positions compromettantes et porter la condamnation internationale sur l’État juif.

Un obus sur le sol de l'école Sobhi Abu Karsh fortement endommagé dans le quartier Chajaya de la ville de Gaza, un bastion du Hamas, le mardi 5 août 2014 (Crédit photo: Mohammed Abed / AFP)
Un obus sur le sol de l’école Sobhi Abu Karsh fortement endommagé dans le quartier Chajaya de la ville de Gaza, un bastion du Hamas, le mardi 5 août 2014 (Crédit photo: Mohammed Abed / AFP)

En plus des aspects militaires de l’opération de l’été 2014, le HLMG a concentré une attention considérable sur le manipulation par le Hamas des médias, la censure et la « fabrication proactive » étant utilisées comme outils dans l’arsenal de communication du groupe terroriste.

Le Hamas a parfois empêché par la force les médias de prendre et publier des photos de combattants blessés, autorisant seulement les photos de civils blessés, a indiqué le rapport.

Le Hamas « préparait » aussi les scènes après les frappes israéliennes, enlevant les armes et les combattants, avant d’autoriser les journalistes sur les lieux afin de faire croire que seuls des civils étaient touchés par les attaques.

Le HLMG n’accuse pas seulement l’organisation terroriste de perpétuer ces actes d’intimidation et de chicanerie, mais aussi les médias internationaux pour ne pas être plus francs à propos de la vision clairement distordue et censurée de Gaza qu’ils rapportaient. Bien que certains médias aient admis plus tard les manipulations, a dit le HLMG, les dommages étaient déjà faits.

La même chose, dans une certaine mesure, peut être dite du rapport du HLMG. Avec des rapports par l’ONU, Amnesty International, Breaking the Silence, Human Rights Watch et d’autres, le document du HLMG peut être trop peu, trop tard.

Le responsable de l'information pour le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme, Rolando Gomez, présente le rapport de la Commission d'enquête sur le conflit de Gaza de 2014 aux côtés de la présidente de la Commission Mary McGowan Davis, au centre, et d'un membre de la Commission Doudou Diene, lors d'une conférence de presse sur leur rapport rendu le 22 juin 2015, à l'Office des Nations Unies de Genève. (Photo: AFP / Fabrice Coffrini)
Le responsable de l’information pour le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme, Rolando Gomez, présente le rapport de la Commission d’enquête sur le conflit de Gaza de 2014 aux côtés de la présidente de la Commission Mary McGowan Davis, au centre, et d’un membre de la Commission Doudou Diene, lors d’une conférence de presse sur leur rapport rendu le 22 juin 2015, à l’Office des Nations Unies de Genève. (Photo: AFP / Fabrice Coffrini)

En plus de la publication du document, le groupe a déjà prévu de discuter de leurs conclusions au Congrès américain, et des membres du HLMG s’exprimeront aussi dans leurs pays. Bien qu’il n’y ait pas encore de projet officiel, le groupe espère aussi présenter ses conclusions à l’ONU, la cour pénale internationale et d’autres institutions mondiales, a déclaré Kemp.

Alors qu’il était important pour les anciens dirigeants diplomatiques et militaires de défendre ce que le groupe perçoit comme des actions légales et légitimes d’Israël à Gaza par obligations morales et éthiques, les 11 hommes le perçoivent aussi avec un sens de l’auto-préservation, alors que le monde change ses attentes sur comment combattre les groupes terroristes et autres acteurs non étatiques.

Le rapport sur le conflit de 2014 à Gaza est juste le premier d’une étude plus large sur les guerres modernes, a déclaré Kemp. « Il y aura un projet plus vaste sur ce qui peut être fait contre ce type d’insurrection ».

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