Israël en guerre - Jour 346

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Des médecins étrangers à la rescousse des hôpitaux et centres de rééducation israéliens

Face au besoin, ces quatre professionnels de santé ont décidé de laisser leur cabinet et de prendre des « congés » pour faire du bénévolat en Israël et apporter leur aide

La docteure Aviva Wolff avec un patient du centre de rééducation de l'ADI Negev-Nahalat Eran (Autorisation)
La docteure Aviva Wolff avec un patient du centre de rééducation de l'ADI Negev-Nahalat Eran (Autorisation)

Le brigadier général de l’armée américaine en retraite Robert Ezenauer n’était encore jamais venu en Israël, mais celà faisait partie de ses projets. Lorsque cet ophtalmologiste pour enfants âgé de 70 ans a appris par un ami que l’hôpital Soroka de Beer Sheva cherchait quelqu’un pour le remplacer durant deux semaines, comme pour les autres médecins rappelés en service de réserve, il s’est mis sur les rangs.

« Je me suis dit que ce serait une bonne manière de donner un coup de main à Israël et aux enfants », explique Ezenauer au Times of Israel. Il avait été chirurgien aux côtés des forces spéciales américaines en Afghanistan et en Irak et avait opéré des enfants lors de ces guerres. « Aider les enfants, c’est ma passion », explique-t-il.

Depuis le début de la guerre, ce ne sont pas moins de 400 médecins et 30 professionnels de santé originaires des États-Unis et d’ailleurs qui sont venus en Israël dans le but de soigner les nombreux blessés ou remplacer les personnels rappelés au titre de la réserve.

Ces neuf derniers mois, le ministère de la Santé a reçu « des milliers de demandes de renseignements » sur le bénévolat, explique son porte-parole. Un site Internet destiné aux professionnels de santé a d’ailleurs été créé au début de la guerre, sur lequel 7 000 médecins se sont inscrits et seront contactés en cas de besoin pour effectuer un bénévolat.

Ezenauer dit avoir « beaucoup travaillé » dans cet hôpital, en aidant par exemple les internes à pratiquer des chirurgies correctrices du strabisme, ce défaut de parallélisme des yeux .

Le Général de brigade des États-Unis à la retraite et Dr. Robert Ezenauer (Autorisation)

« Nous avons pratiqué de nombreuses interventions en l’espace de très peu de temps », explique le Dr Mohamed Wattad, médecin à Soroka. « Il nous a enseigné de nouvelles techniques chirurgicales. »

Ezenauer se souvient, lorsqu’il était à la clinique, d’avoir entendu des hélicoptères venir de Gaza.

« Cela m’a rappelé les zones de combat », explique Ezenauer. « On entend décoller les hélicoptères, sans savoir si on va dormir cette nuit-là. » Pour lui, être « militaire est une expérience forte ».

Le Dr Mark Kissin

Depuis le début de la guerre, ce sont 26 médecins – pour l’essentiel venus des États-Unis, mais aussi du Canada, de Hongrie et de France – qui se sont portés volontaires pour venir en aide au centre hospitalier Galilée de Nahariya (nord). Trois d’entre eux sont revenus une seconde fois.

Parmi eux, le Dr Mark Kissin, chirurgien vasculaire originaire de New York, est venu en octobre et en juin. Né en Russie, il s’est installé avec ses parents en Israël à l’âge de 8 ans, puis aux États-Unis à 16 ans. Il est revenu trois ans en Israël pour y faire son service avant de regagner les Etats-Unis et étudier la médecine.

Le Dr. Mark Kissin et sa fille, Sasha, font du bénévolat au Centre hospitalier de Galilée. (Autorisation)

Au deuxième jour de la guerre, il a appelé plusieurs hôpitaux pour proposer ses services. Grâce à une de ses connaissances, il est entré en contact avec un chirurgien vasculaire de l’hôpital Galilée.

« Après 34 ans d’absence, à peine arrivé, je suis repassé en mode
israélien », confie Kissin. « De l’avis de cet ami, mon anglais s’est dégradé mais je parle à nouveau couramment hébreu. »

Il est venu accompagné d’un chirurgien thoracique new-yorkais, le Dr. David Zeltsman. Ils ont passé deux semaines à faire du bénévolat à l’hôpital en octobre, puis de nouveau en juin. Cette fois, Sasha, la fille de Kissin qui est en deuxième année à UCLA-Davis, a elle aussi fait du bénévolat à l’hôpital.

Ce qui a impressionné Kissin, c’est la façon dont des gens de religions différentes ont travaillé ensemble à l’hôpital dans « dans un contexte particulièrement difficile ». Depuis le mois d’octobre, toutes les unités de l’hôpital se trouvent dans des pièces protégées, la plupart souterraines.

« L’hôpital est en situation d’urgence », explique- t-il. « C’est problématique pour les patients car il n’ont pas beaucoup d’intimité. Mais manifestement, ils sont tous très respectueux les uns des autres. »

Selon les équipes médicales, cela « les a aidés moralement que nous soyons là, et aussi pour parer au cas d’un événement faisant un grand nombre de victimes ». Ils l’en ont remercié, tout comme il les remercie.

« C’est ce que j’ai fait de plus important dans toute ma vie
professionnelle », confie-t-il.

Le Dr Samuel Esterson

Le Dr Samuel Esterson est venu deux fois faire du bénévolat au Centre médical de réadaptation Kaylie à ADI Negev-Nahalat Eran, un village adjacent à Ofakim.

A ce jour, le centre a soigné 50 soldats et civils blessés par la guerre.

Esterson, qui est physiothérapeute, a suppléé un confrère rappelé au service.

Il y a de cela deux ans – il avait alors 65 ans -, il avait décidé de passer l’examen de licence de physiothérapie en Israël. Il avait étudié « près de 300 heures, je ne plaisante pas », et réussi, ce qui lui a permis, une fois venu faire du bénévolat au sein de cet établissement, de ne pas avoir besoin d’une licence temporaire et « d’entrer et faire son travail ».

La deuxième fois, il est venu avec sa femme, Malka, infirmière diplômée elle, dépourvue de licence israélienne, mais qui a donné un coup de main au personnel infirmier.

Selon Esterson, les soldats sont de vrais « héros ».

Certains ont « les épaules à moitié détruites par l’usage des
lance-grenades », dit-il. Ils souffrent de lésions nerveuses périphériques, de fractures et de lésions osseuses. Pour autant, « ils s’entraident ».

Esterson a également soigné des personnes d’âge moyen voire âgées qui se sont cassé l’épaule ou la hanche en courant vers des abris.

À l’hôpital, lorsque les personnes âgées ont vu arriver les soldats, « Ils les ont encouragés. C’est l’esprit, c’est incroyable. »

La Dre Aviva Wolff

À New York, la Dre Aviva Wolff traite habituellement des artistes de théâtre et des personnes souffrant de troubles musculo-squelettiques. Elle est consultante à la Juilliard School. Elle effectue également des recherches en biomécanique de la main et du poignet au laboratoire d’analyse du mouvement du Dr Leon Root à l’Hôpital de chirurgie spécialisée.

Lorsqu’elle a eu connaissance du besoin urgent de thérapeutes et de spécialistes de la main en raison de la guerre, elle a décidé de venir faire du bénévolat, elle aussi au centre de rééducation Kaylie à ADI Negev-Nahalat Eran.

La Dre Aviva Wolff prépare une attelle pour un patient blessé lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre. (Autorisation)

« On entend parler des morts », dit-elle au Times of Israel. « On entend parler des otages. On entend parler des victimes du 7 octobre, mais on n’entend pas parler des centaines et des centaines de soldats gravement blessés, parfois invalides ou affaiblis à vie. J’ai l’impression que personne n’en parle. »

Lors des deux semaines qu’elle a passées en Israël en juin, Wolff a fabriqué une attelle pour un homme blessé par un missile à Rahat. Son index n’était pas en place et il lui manquait deux doigts.

« Il ne pouvait rien tenir avec sa main », explique Wolff. « Je lui ai fabriqué une attelle pour positionner correctement son index et faire que les médecins puissent le remettre en place avec une chirurgie. »

Elle explique qu’un grand nombre des personnels du centre de rééducation ont été évacués.

« Certains n’ont pas pu revenir », ajoute-t-elle. « Même les personnels de soin souffrent de traumatismes. »

De retour à New York, elle revient sur cette expérience bénévole.

« J’ai vu de mes yeux une résilience dont je n’avais jamais été témoin ailleurs », conclut Wolff.

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