Des milliers de civils gazaouis avec des drapeaux blancs partent vers le sud de Gaza
Des Palestiniens affirment que les soldats leur ont dit de garder les mains en l'air ; un chef de Tsahal promet que la mission se poursuivra jusqu'à son terme
Des milliers de civils gazaouis se sont dirigés vers le sud de la bande de Gaza mardi en empruntant un couloir d’évacuation mis en place par Tsahal pour permettre un passage en toute sécurité, selon une agence du ministère israélien de la Défense.
Le COGAT, le coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires, a partagé une brève vidéo sur X montrant le mouvement des civils vers le sud, dont beaucoup peuvent être vus portant des drapeaux blancs et brandissant leurs mains en l’air, alors qu’ils passent à côté d’un char israélien.
Le porte-parole de Tsahal en arabe, Avichay Adraee, a également publié une séquence brève, indiquant aux habitants que la route de Salah a-Din serait ouverte pour permettre aux Palestiniens d’évacuer vers le sud de la bande de Gaza entre 13h et 16h.
« Si vous tenez à votre vie et à celle de vos proches, dirigez-vous vers le sud en suivant nos instructions », a-t-il écrit. « Soyez assurés que les dirigeants du Hamas ont déjà pris soin d’eux-mêmes. »
Des photographes de l’AFP et de l’AP ont également documenté le mouvement vers le sud de grands groupes de Palestiniens sur la route de Salah a-Din dans la bande de Gaza mardi.
Depuis des semaines, l’armée exhorte les habitants du nord de la bande de Gaza à évacuer vers le sud, car ses opérations terrestres et aériennes contre la bande de Gaza visent essentiellement le nord de l’enclave. Israël a distribué des tracts dans le nord de la bande de Gaza pour inciter les habitants à partir et leur a fourni des cartes des itinéraires d’évacuation.
????Happening now: Thousands pass through the evacuation corridor the @IDF opened for civilians in northern Gaza to move southwards. pic.twitter.com/lq7ZpfMiM4
— COGAT (@cogatonline) November 7, 2023
Des centaines de milliers de personnes ont déjà répondu à l’appel, mais d’autres sont restées sur place, dissuadées par la surpopulation dans le sud, la diminution des réserves de nourriture et d’eau et la crainte d’un voyage périlleux.
Le Hamas a accusé Tsahal d’avoir tiré et frappé les convois d’évacuation, des accusations fermement démenties par Israël. Tsahal a au contraire fourni des preuves que des agents du Hamas tentaient d’empêcher les civils de se rendre au sud, en dressant des barrages routiers et même en tirant sur les convois.
Samedi, alors que la route de Salah a-Din était ouverte pour un couloir humanitaire, l’armée a déclaré que le Hamas avait profité de la situation pour lancer des mortiers et des missiles guidés antichars sur les troupes qui s’efforçaient d’ouvrir la route aux civils.
Amal, une jeune réfugiée qui a emprunté la route lundi, a déclaré à l’Associated Press que la situation était « très difficile ». Elle a expliqué que les chars avaient tiré près du groupe et que les soldats avaient ensuite ordonné à tout le monde de lever les mains et d’agiter des drapeaux blancs avant d’être autorisés à passer.
Lors d’une interview sur ABC lundi soir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété les allégations israéliennes selon lesquelles le Hamas « utilise ses civils comme boucliers humains, et alors que nous demandons à la population civile palestinienne de quitter la zone de guerre, ils les en empêchent sous la menace d’une arme ».
Lundi, une femme qui avait quitté le quartier d’Al-Shati, dans le nord de la bande de Gaza, a accordé une interview à la chaîne de télévision Al-Araby, basée au Qatar, pour raconter son périple.
« Nous étions à pied, nous avons eu peur, nous avons levé la main avec nos cartes d’identité, [Tsahal] a tiré mais ils n’ont pas tiré sur nous, nous avons continué à marcher », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté que la situation à Al-Shati était effrayante, avec de nombreux morts, et que Tsahal avait largué des tracts les appelant à partir, de sorte que « tous les habitants d’Al-Shati sont partis ».
Ce couloir d’évacuation était l’un des nombreux couloirs mis en place par Tsahal dans les dix jours qui ont suivi le lancement de sa vaste opération terrestre dans la bande de Gaza. Alors qu’Israël marque le premier mois depuis le massacre brutal perpétré par le Hamas le 7 octobre, qui a déclenché la guerre en cours, un général de haut rang de Tsahal a déclaré que l’armée continuait à faire des progrès significatifs vers son objectif d’éliminer le Hamas.
Le chef du Commandement du sud, le général Yaron Finkelman, a résumé le premier mois de guerre contre le Hamas en saluant les soldats et les commandants – « la génération de la victoire », a-t-il dit.
« Nos actions portent atteinte au cœur des activités du Hamas. Nous avons éliminé des dizaines de commandants, trouvé de nombreux tunnels et nous frappons durement l’ennemi », a-t-il dit après une visite dans la bande de Gaza.
Finkelman a indiqué que les soldats conservaient en permanence à l’esprit les otages détenus par le Hamas et que « ramener ces derniers était notre boussole ».
« Pour la première fois depuis des décennies, l’armée israélienne se bat dans le cœur de Gaza City, dans le cœur du terrorisme. C’est une guerre complexe, difficile et malheureusement, elle a aussi un prix élevé », a-t-il continué.
« Nous allons continuer à nous battre avec toute notre puissance, avec l’objectif de vaincre le groupe méprisable du Hamas. Nous tirons notre esprit militaire de la force de la nation d’Israël. Nous ne connaîtrons pas de répit, nous ne nous arrêterons pas avant d’avoir mené à bien notre mission – la victoire », a-t-il poursuivi.
Israël a déclaré la guerre au Hamas à la suite de l’assaut meurtrier du Hamas, au cours duquel 3 000 terroristes ont franchi la frontière de Gaza pour pénétrer en territoire israélien le 7 octobre, massacrant environ 1 400 personnes – principalement des civils – dans des communautés du sud d’Israël. Ils ont également pris au moins 240 otages, y compris une trentaine d’enfants.
Au moins 30 soldats de Tsahal ont été tués depuis le début de l’opération terrestre à Gaza.
Confronté au pire traumatisme subi par les civils de son histoire, Israël s’est engagé à mettre fin au contrôle du Hamas sur le territoire et à éliminer la menace terroriste qui surgit régulièrement de l’enclave depuis près de vingt ans.
Selon le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, plus de 10 300 habitants de Gaza ont été tués depuis le début de la guerre. Ces bilans des morts ne peuvent être vérifiés de manière indépendante et incluent à la fois des civils et des membres du Hamas tués à Gaza, y compris à la suite de tirs de roquettes ratés par le groupe terroriste lui-même. Israël affirme avoir tué quelque 1 500 terroristes du Hamas à l’intérieur du pays le 7 octobre et après cette date.
Israël assure essayer de minimiser les pertes civiles et accuse le Hamas d’utiliser des non-combattants comme boucliers humains et de positionner des combattants et des infrastructures militaires dans des maisons, des écoles, des mosquées et des hôpitaux.