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Des New-Yorkais combattent en chanson les comparaisons d’anti-vax avec la Shoah

Lassés, les musiciens écrivent une réponse satirique "profondément juive" qui, selon eux, vise davantage la catharsis qu'à convaincre les opposants

Avishai et Naomi Weinberger chantent "The Anti-Vaxxer's Lament"(Complainte d'un Antivaccin), une réponse satirique aux activistes comparant les restrictions COVID à la Shoah. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Avishai et Naomi Weinberger chantent "The Anti-Vaxxer's Lament"(Complainte d'un Antivaccin), une réponse satirique aux activistes comparant les restrictions COVID à la Shoah. (Crédit : capture d'écran YouTube)

JTA – C’était un après-midi de Shabbat tranquille lorsque la frustration qui s’était accumulée en Michal Schick s’est transformée en une chanson.

Depuis des mois, Michal Schick faisait le compte dans sa tête – et parfois sur Twitter, où la scénariste de New York est active – des comparaisons avec la Shoah liées à la pandémie qui, pour elle et beaucoup d’autres, n’ont aucun sens.

Il y avait les personnes qui disaient que rester à la maison leur donnait l’impression d’être Anne Frank. Les politiciens qui comparent les masques obligatoires aux lois raciales des nazis. Et, de plus en plus, les étoiles jaunes portées par les militants anti-vaccination.

Dans le monde entier, ces images et ces idées ont alarmé les Juifs et d’autres personnes qui ne comprennent pas comment des mesures visant à préserver la santé peuvent être assimilées de quelque manière que ce soit à l’assassinat industriel de 6 millions de Juifs par les nazis lors de la Shoah. Les organismes de surveillance de l’antisémitisme, dont l’Anti-Defamation League (ADL), ont demandé à plusieurs reprises que les analogies cessent, affirmant qu’elles banalisent une tragédie aux proportions incomparables.

Schick a adopté une approche différente. Elle a griffonné quelques paroles et a contacté son ami Avishai Weinberger pour lui demander s’il connaissait quelqu’un qui jouait du ukulélé.

« C’est une façon plus amusante de le faire que de hurler dans sa tête tout le temps », a-t-elle déclaré.

Le résultat de leur collaboration est « The Anti-Vaxxer’s Lament » (Complainte de l’Anti-vaccin), une chanson de deux minutes qui met au pilori les comparaisons de la Shoah à l’ère du COVID-19.

Dans une vidéo publiée cette semaine, la mère de Weinberger, une musicienne pour enfants prénommée Naomi, gratte un air enjoué tout en chantant les mots de Schick, écrits du point de vue de quelqu’un qui rejette les vaccins.

« Ma vie est comme la Shoah. Je le dis avec une grande fierté », dit un couplet. « ‘Parce que la santé et la sécurité publiques sont identiques à un génocide. »

Plus tard : « Les nazis avaient un problème avec l’existence des juifs. Mais la vie dans le ghetto n’avait rien à voir avec ce à quoi je résiste ! »

Schick a dit qu’elle a été inspirée par des « chansons internet hargneuses » comme celles popularisées par le duo de comédie-folk Garfunkel et Oates, qui sont devenues virales en 2009 lorsqu’elles ont fait la satire de l’opposition au mariage homosexuel.

Avishai Weinberger, un scénariste qui vit à Brooklyn, a déclaré qu’il se souvenait davantage de Tom Lehrer, le satiriste dont les chansons comprennent une chanson dans laquelle Wernher von Braun, le scientifique nazi spécialiste des fusées qui a été amené aux États-Unis, pense allègrement à la chute des bombes.

Walt Disney (à g.) rend visite à l’ancien scientifique nazi Wernher von Braun en 1954, ayant longtemps admiré le jeune et brillant créateur d’armes suscitant l’étonnement. (Crédits : domaine public)

« Il y a quelque chose à dire, je pense, sur le fait que si l’on est vraiment en colère, on peut la transformer en quelque chose où l’on peut être calme et où quelqu’un d’autre peut être bouleversé », a déclaré M. Weinberger. « Nous ne nous sentons absolument pas concernés, mais nous avons des opinions sur les personnes sur lesquelles nous chantons, et nous espérons que cela les dérange un peu. »

La chanson est une réponse profondément juive à une tendance inquiétante, a déclaré M. Weinberger, et il ne s’attend pas à ce qu’elle fasse changer d’avis les gens.

« Lorsque les Juifs doivent faire face à des gens qui les rabaissent, sous quelque forme que ce soit, il y a une longue tradition qui consiste à y faire face par l’humour », a-t-il dit. « La chanson n’est pas de savoir comment résoudre le problème. Je pense que c’est ce que l’on fait quand on est fatigué de devoir régler le problème. C’est plus pour nous que pour eux. »

Selon la tradition familiale, l’arrière-grand-père paternel de Weinberger a échappé aux nazis en entrant dans un café en Allemagne, en posant son manteau sur une chaise comme s’il avait l’intention de garder le siège, et en sortant par une porte latérale qui donnait sur le territoire français.

Naomi Weinberger, dont le père a quitté la Pologne pour l’Argentine à l’âge de 4 ans, a déclaré qu’elle avait sauté sur l’occasion d’accompagner son fils parce qu’elle trouvait les paroles et l’approche de Schick très intelligentes.

Sur cette photo d’archives, mardi 27 juillet 2021, des personnes se rassemblaient pour protester contre le laissez-passer de vaccination COVID-19 à Rome. Les manifestants en Italie et en France portaient des étoiles de David jaunes, comme celles que les nazis demandaient aux Juifs de porter pour s’identifier pendant la Shoah. Certains portaient des pancartes assimilant les cartes de vaccination à des dictatures. (Crédit : AP Photo/Riccardo De Luca)

« Invoquer la Shoah est une chose tellement exagérée à faire. On ne peut pas répondre à ce qui se passe car c’est tellement absurde », a-t-elle déclaré. « Mais on peut répondre en émettant autre chose qu’un simple roulement des yeux, ce que Michal a brillamment exprimé. J’ai été ravie de participer à ce projet. »

Jusqu’à présent, Schick et Weinberger disent n’avoir reçu que des réactions positives. « Une poignée de personnes ont dit que le visionnage avait été cathartique (qui purifie, libère des éléments considérés comme impurs) pour eux, et j’apprécie vraiment cela, car l’écriture a été cathartique », a déclaré Schick.

Mais même cette semaine, les comparaisons avec la Shoah semblent s’accélérer et se répandre alors que les tensions sur les vaccins COVID-19 s’aggravent dans de nombreux endroits.

Un législateur républicain du Kentucky a posté une image du tatouage d’un survivant de camp de concentration pour critiquer les exigences en matière de vaccins. M. Weinberger a entendu parler d’une personne de son entourage qui comparaît les employés de restaurants vérifiant les cartes de vaccination à des nazis. Quant à Mme Schick, elle a décrit comment un membre d’une communauté YouTube axée sur les costumes, dont elle fait partie, a posté un mème Internet d’Anne Frank anti-vax, avant de s’excuser en larmes après avoir essuyé de vives critiques.

« Pour moi, [le problème] est de voir ce type de pensée s’infiltrer chez des gens et dans des endroits auxquels on ne s’attend pas. Il ne s’agit pas seulement de voir des gens avec des signes d’étoile jaune dans les rassemblements », a déclaré Schick. « C’est ce rappel insidieux de l’ignorance et de la déshumanisation de base qui existe même dans des sphères où l’on pense pouvoir être à l’aise. »

Schick et Weinberger disent que si leur objectif est que l’absurdité des analogies dans leur chanson touche une corde sensible, ils n’ont pas nécessairement d’espoir.

« Un effort pourrait être fait pour essayer d’arrêter la marée de personnes ignorantes qui utilisent nos traumatismes de masse », a déclaré Weinberger. « Peut-être qu’à la fin de la journée, ça marchera et peut-être que ça ne marchera pas. Mais une chose qui marchera à coup sûr, c’est que ça nous aide à nous en sortir. »

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