Des olim de France créent un vignoble de luxe dans le Golan
Youval Matlisah, Claude Seror, Mickaël Golan et Jacques Nataf sont aux manettes d'un domaine viticole dans le nord qui produit 5 bouteilles de vin-boutique

Sur la table, quelques tranches de fromages, du pain venu paraît-il du meilleur boulanger de ce coin du Golan, quelques crudités, et les 5 flacons produits par la cave Claude Seror. Autour voici Youval Matlisah, le vigneron fondateur et propriétaire de la cave, Marine Cicurel, en charge du marketing, et Itay Lahat l’œnologue qui a assemblé ces vins. Au mur, les distinctions reçues par cette jeune cave dont les premiers vins ont été commercialisés en 2013.
Cette petite cave (30 000 bouteilles par an) se trouve à Ramat HaGolan à quelques kilomètres de la frontière syrienne. Au loin, plus au nord on devine la présence du mont Hermon.
A l’ouest de ce plateau, surplombant le lac du Kinneret, une poignée de villages agricoles, des moshavs, profitent de l’air frais dû à la relative altitude des lieux et de la vue sur la « mer intérieure israélienne ».
C’est dans l’un d’eux, à Avnei Eitan que trois bonnes fées d’origines françaises, aux reins solides, ont décidé de soutenir le développement du projet de Youval Matsliah.

Ils sont trois investisseurs, auquel un quatrième ami est venu s’associer : Claude Seror, ancien patron dans le textile, Mickaël Golan, l’homme d’affaires qui a chamboulé les télécoms israéliens en lançant Golan Telecom en 2011, et Jacques Nataf le fondateur, en 1973, de la marque de prêt-à-porter Sinequanone, puis de Kookaï.
Né en Israël de parents français, Youval Matsliah a la main verte. Jusqu’en 2015, il travaille dans l’agriculture dans le Gush Katif, cet ensemble d’implantations israéliennes en bordure de la Bande de Gaza. Mais entre le mois d’août et de septembre de cette année, Ariel Sharon alors Premier ministre décide unilatéralement d’évacuer la zone et de la confier à l’Autorité palestinienne provoquant une crise qui a marqué les esprits en Israël.
En retour, Youval Matsliah reçoit un terrain, à Avnei Etan, qu’il fait petit à petit fructifier, avant que les trois amis, « rejoint par Jean-David Bénichou qui a voulu se joindre à l’aventure, » explique Claude Seror, ne se décident à investir dans le projet.
Claude Seror raconte : « j’ai rencontré Youval lors d’un mariage, peu après qu’il soit viré du Gush Katif. L’Etat lui avait alors accordé un terrain en compensation. Quelques jours après, on lui a rendu visite avec Mickaël Golan. Ça a été une histoire d’amour, grâce à lui, j’ai réalisé un rêve. On a décidé de l’aider à se développer, puisqu’il paraît que la terre est bonne ici. Pour l’instant, les résultats sont incroyables, il faut maintenant que l’affaire devienne rentable ».

« Il faut généralement 10 ans pour qu’une cave devienne rentable, » précise Youval qui a diversifié un peu sa production. En se baladant en bordure de ces vignes, il regarde avec satisfaction la profusion de petites grappes fleuries d’où écloront bientôt les olives.
« Chaque olivier me donne presque 500 kilos par an ! ». Il en tire deux huiles d’olive au gout très prononcé : la Barnéa et la Picholine. Youval a également mis au point une méthode pour faire pousser des grenades en limitant les dégradations que subissent généralement les fruits. « Je fais pousser l’arbre de biais, montre-t-il, ainsi tous les fruits se trouvent d’un côté et les feuilles de l’autres ». Ces fruits sont ensuite exportés en Italie.
Les cinq vins assemblés par Itay Lahat selon les goûts des quatre amis – trois rouges, un blanc (un assemblage de Vignier et de Chenin) et un rosé avec un premier prix à 120 shekels – se veulent « des vins israéliens avec un accent français, » explique Marine Cicurel. « Ils voulaient quelque chose de proche des vins du bordelais et des côtes de Provence qu’ils apprécient ».
Ils sont vendus aux membres d’un club convivial (« qui compte seulement 1000 membres » selon leur site) créé par le vignoble, qui organise des rencontres et des dégustations. Les vins Serror sont également présents sur la carte de quelques hôtels et restaurants de prestige en Israël.

« On distingue généralement les vins de l’Ancien monde et du Nouveau monde, continue-t-elle. L’ancien, c’est la France, l’Italie, l’Espagne, des vins plus complexes, moins alcoolisés, plus subtils. Le nouveau ce sont des goûts riches, plus alcoolisés, plus sucrés. Ils ont voulu faire en Israël, plutôt dominé par des vins forts, des vins de l’Ancien monde ».
Aujourd’hui, annonce Marine, la cave est déjà en rupture de rosé, du Grenache « avec une goutte de Syrah pour la couleur, » explique Itay Lahat.
« Ce vin est surtout demandé en été, » détaille l’œnologue. « De juin à septembre, la demande explose notamment grâce aux touristes français ». Il se souvient d’une saison catastrophique pour une raison qui l’était plus encore : la guerre de Gaza en 2014 qui avait vidé les plages de Tel Aviv, alors menacées par les roquettes du Hamas. « Les producteurs s’étaient retrouvés avec toute leur production sur les bras… »
« Donne moi du raisin, je te ferai du vin, » lui répond l’œnologue. Au mur, une carte montre les projets d’extension du vignoble, qui devrait ainsi augmenter sa production, « mais sous une autre marque, » précise la directrice marketing. « Nous voulons conserver le domaine Seror dans sa taille actuelle ».
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