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Des propos d’un député YaHadout HaTorah sur Noa Kirel suscitent l’indignation

Moshe Gafni a indiqué qu'il offrirait des vêtements à la chanteuse ; il a laissé entendre que les pop-stars étaient au programme de l'école laïque

A gauche : Moshe Gafni du parti Yahadout HaTorah, le 18 janvier 2023 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)  A droite : Noa Kirel, le 7 septembre 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
A gauche : Moshe Gafni du parti Yahadout HaTorah, le 18 janvier 2023 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90) A droite : Noa Kirel, le 7 septembre 2022. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Un politicien ultra-orthodoxe de premier plan a suscité l’indignation, lundi, par ses propos sur la pop-star Noa Kirel, qui a représenté Israël à l’Eurovision, lors d’un débat sur le budget qui avait lieu au parlement.

Le député Moshe Gafni, qui dirige la faction Degel HaTorah au sein de YaHadout HaTorah, un parti de la coalition, a prononcé les paroles qui ont entraîné la controverse alors qu’il évoquait sa fille qui, d’après lui, a fréquenté une école haredi sous-financée qui enseignait des matières du tronc commun en plus des études juives.

« Ma fille n’a pas eu de cours au sujet de Noa Kirel, est-ce que c’est pour ça qu’elle ne mérite pas de financement ? », a dit Gafni, qui est à la tête de la Commission des Finances de la Knesset.

« Je vais donner des vêtements pour que Kirel puisse en avoir », a ajouté le député, provoquant des rires diffus dans l’assistance de la séance plénière, se référant apparemment aux vêtements portés par Kirel, qui ne répondent pas aux normes de pudeur que doivent suivre les femmes ultra-orthodoxes.

May Golan, la ministre de l’avancée du statut des femmes, n’a pas réagi face à ces propos mais les députés de l’opposition et un groupe de défense des droits des Femmes de premier plan ont immédiatement critiqué Gafni.

« Si Noa Kirel présente le beau visage d’Israël au monde, Gafni s’assure, pour sa part, de rappeler au reste de la planète cet obscurantisme que nous n’autoriserons jamais ici. Noa – tu es extraordinaire, tu es forte et tu es un modèle d’émancipation. Tu iras très probablement très bien sans Gafni », a dit Hagit Peer, à la tête de l’organisation Naamat.

De son côté, le chef d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a écrit sur Twitter : « Gafni, pour votre information, nous ne sommes pas en Iran ».

Meirav Cohen, ancienne ministre de l’Égalité sociale et députée Yesh Atid, a estimé que les propos de Gafni étaient la preuve de son mépris pour les Israéliens qui étudient les matières du tronc commun.

« Aux yeux du député Moshe Gafni, l’enseignement laïc, c’est étudier Noa Kirel. Avec une idée sous-jacente : Vous, les laïcs, vous êtes vides de sens », a-t-elle écrit sur Twitter.

« Et qu’en pensent donc les centaines de milliers d’employés du secteur high-tech, les milliers de scientifiques, ingénieurs, médecins et, de manière plus générale, ces millions d’Israéliens qui, grâce à leurs études – en mathématiques, en anglais, en hébreu, et ainsi de suite – soutiennent l’économie en général et l’État d’Israël tout entier ? Qu’en pensent ceux qui travaillent dur pour répondre aux besoins de leur famille et pour soutenir le système d’éducation ultra-orthodoxe et le système des yeshivot et des kollels ? », a demandé Cohen.

La ministre de l’Égalité sociale, Meirav Cohen, participant à une réunion, à la Knesset, le 21 juin 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

La députée Yesh Atid, Merav Ben-Ari, s’en est aussi prise à Gafni, faisant remarquer que contrairement au député ultra-orthodoxe, Kirel avait fait son service militaire.

« Mais pourquoi se préoccupe-t-il seulement des vêtements que porte Noa ? La formidable Noa s’est construite elle-même en travaillant dur depuis un jeune âge et elle a aussi rejoint l’armée pour faire l’intégralité de son service militaire. Elle a été une soldate excellente et elle a finalement représenté Israël de manière stupéfiante et inspirante », a écrit Ben Ari sur Twitter. « Tout ce que Gafni n’a jamais fait et tout ce qu’il ne connaît absolument pas. C’est dégoûtant. »

La députée Michal Woldiger de Hatzionout HaDatit, un parti d’extrême-droite, a reproché à Gafni le ton qu’il a employé. « Des propos respectueux sont importants même lorsqu’il y a un désaccord », a écrit Woldiger sur Twitter.

Kirel est arrivée troisième au classement de l’Eurovision et, la semaine dernière, elle a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui lui a dit qu’elle aurait dû l’emporter avec son titre « Unicorn ».

Sur les 13,7 milliards de shekels de fonds discrétionnaires qui ont été approuvés par le gouvernement en date du 14 mai, 3,7 milliards de shekels seront dépensés pour augmenter le budget des subventions versées aux institutions des yeshivot, malgré les critiques qui rappellent que les écoles de la communauté ultra-orthodoxe échappent au contrôle complet du ministère de l’Éducation et qu’elles n’enseignent pas les matières nécessaires pour préparer les élèves au marché de l’emploi – mathématiques, sciences ou anglais.

1,2 milliard de shekels supplémentaires seront versés pour soutenir les écoles privées et hors-contrat, qui n’enseignent pas non plus les disciplines relevant du tronc commun.

A LIRE : Les élèves haredim reçoivent déjà un financement supérieur de 40 % à celui des laïcs

C’est la deuxième fois en quelques jours seulement que le nom de Kirel fait les gros titres pour d’autres raisons que sa carrière de chanteuse.

« Lorsque la Pologne accorde douze points [la note maximale à l’Eurovision] après l’assassinat de presque toute la famille Kirel pendant la Shoah, c’est une victoire », avait dit la pop-star devant les caméras de la chaîne publique Kan immédiatement après le concours.

Les membres de la famille paternelle de Kirel avaient été tués à Auschwitz. Elle s’était rendue au camp de la mort avec son père en 2019.

Les responsables polonais avaient réagi en indiquant, samedi dernier, qu’ils inviteraient Kirel pour qu’elle découvre la Pologne de ses propres yeux après ses propos « douloureux » au sujet du pays. Un incident qui était entré dans le cadre d’une querelle de longue date entre Israël et la Pologne face aux efforts livrés par Varsovie visant à minimiser la responsabilité du pays dans les persécutions et les meurtres massifs de Juifs sur son territoire pendant la Shoah.

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