Les élèves haredim reçoivent déjà un financement supérieur de 40 % à celui des laïcs
Le Premier ministre assure qu'il veut mettre sur un pied d'égalité les ultra-orthodoxes et les laïcs ; les élèves arabes reçoivent 8 000 shekels de l'État
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis dimanche que le budget de l’État pour 2023-2024 serait adopté, rejetant les nombreuses informations faisant état de tensions au sein de sa coalition et déclarant que les divergences seraient surmontées.
« J’ai une certaine expérience ; j’ai adopté 20 budgets. Des arguments de dernière minute surgissent toujours, et nous les surmonterons », a déclaré Netanyahu.
Lors d’une réunion spéciale du cabinet qui s’est tenue dans les tunnels du mur Occidental, à l’occasion de Yom Yeroushalayim – la Journée de Jérusalem – la semaine dernière, Netanyahu a également attaqué « l’incitation » de ses adversaires politiques.
Le Premier ministre a affirmé que le budget était « raisonnable » et qu’il mettrait sur un pied d’égalité les enfants haredim – ou ultra-orthodoxes – et les enfants laïcs.
« Un enfant haredi ne devrait pas recevoir moins qu’un enfant laïc. Parce qu’un enfant haredi n’est pas un demi-enfant », a déclaré Netanyahu.
Toutefois, selon les calculs publiés samedi par le journal financier The Marker, les élèves haredim reçoivent déjà un financement supérieur de 40 % à celui des élèves laïcs, bien qu’ils fréquentent en grande partie des écoles non gérées par l’État.
L’article cite des données du ministère de l’Éducation montrant que les établissements scolaires haredim privés reconnus par l’État reçoivent en moyenne 15 500 shekels par élève, alors que les établissements laïcs similaires reçoivent 11 300 shekels par élève. Les étudiants arabes inscrits dans des établissements similaires reçoivent 8 000 shekels par an.
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a déclaré en réponse que les étudiants ultra-orthodoxes méritaient d’avoir le droit d’apprendre les matières fondamentales. Selon les accords de coalition actuels, le gouvernement cesserait d’exiger l’enseignement des matières du tronc commun telles que les mathématiques et l’anglais en échange d’un financement.
« Netanyahu a raison. Un enfant haredi ne devrait pas recevoir moins qu’un enfant laïc. Outre l’étude de la Torah, les élèves haredim méritent également d’étudier les matières fondamentales – pour leur avenir et le nôtre », a déclaré Gantz.
Dans son discours d’ouverture de la réunion du cabinet, Netanyahu a également déclaré que la survie du gouvernement dépendait de Jérusalem et de la sécurité nationale.
« Nous avons unifié cette ville il y a 56 ans pendant la Guerre des Six Jours, mais le combat pour son unité n’est pas terminé », a déclaré Netanyahu. « Le travail n’est pas terminé et le défi est encore devant nous, car il y a encore des gens qui veulent la diviser. Pour notre sécurité et pour Jérusalem, nous devons continuer à maintenir ce gouvernement. »
Peu après, le cabinet a approuvé un budget de 60 millions de shekels pour améliorer les infrastructures et les travaux archéologiques au mur Occidental, ainsi que pour encourager les visiteurs et les voyages éducatifs sur le site.
La Knesset se prépare à voter le budget global pour 2023-2024, qui prévoit 484,8 milliards de shekels cette année et 513,7 milliards de shekels en 2024, contre 452,5 milliards de shekels en 2022. Si le budget de l’État n’est pas adopté avant le 29 mai, le gouvernement sera automatiquement dissous et des élections législatives anticipées seront organisées.
Cependant, Netanyahu est confronté à des défis au sein même de sa coalition.
Le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Ben Gvir, a ordonné à ses députés d’Otzma Yehudit de boycotter les votes à la Knesset afin de faire pression sur les partis alliés pour qu’ils consacrent davantage de fonds aux priorités de son parti dans le budget.
De son côté, Yitzchak Goldknopf, chef du parti Yahadout HaTorah, a menacé de bloquer l’adoption du budget si ses demandes de 600 millions de shekels supplémentaires n’étaient pas satisfaites.
L’ancien ministre des Finances Avigdor Liberman a déclaré dimanche qu’il pensait que Goldknopf et Ben Gvir recevraient de l’argent par des moyens détournés pour désamorcer leurs menaces de ne pas voter le budget.
« Ils trouveront des sources et leur donneront l’argent », a déclaré Liberman. « Lorsque j’étais ministre des Finances, j’ai préparé un budget au bénéfice des citoyens d’Israël, alors que celui-ci est au bénéfice des secteurs concernés. C’est le budget le plus partisan depuis la création de l’État. »
Liberman a également lancé une attaque cinglante contre le budget, déclarant que Netanyahu devrait « souffrir en enfer » pour les grosses subventions qui seront accordées aux établissements scolaires haredim sans exiger qu’ils enseignent les matières fondamentales.
« Ce que Netanyahu a fait, et ce pour quoi il mérite de souffrir en enfer tous les jours, c’est qu’il a dit à ces gens : ‘Je vais vous donner les mêmes fonds sans qu’il soit nécessaire d’étudier le tronc commun. Je veux que vous restiez dans la pauvreté, sans éducation, et vous souffrirez’ », a déclaré Liberman.
« Le fait que Netanyahu ait empêché les enfants israéliens d’étudier les matières fondamentales est intolérable, inacceptable et impardonnable », a ajouté Liberman.
Sur les 13,7 milliards de shekels de fonds discrétionnaires approuvés par le gouvernement le 14 mai, environ 3,7 milliards de shekels seront consacrés à l’augmentation du budget des allocations versées aux étudiants en yeshiva, malgré les critiques selon lesquelles les écoles de cette communauté échappent à la surveillance totale du ministère de l’Éducation et n’enseignent pas les matières essentielles pour préparer les étudiants à la vie active, notamment les mathématiques, les sciences et l’anglais.
Un autre montant de 1,2 milliard de shekels est prévu pour les établissements scolaires privés non supervisés, qui n’enseignent pas non plus les matières fondamentales telles que les mathématiques et l’anglais.
Environ 1 milliard de shekels est destiné à un programme de bons alimentaires mis en place par le chef du Shas, Aryeh Deri. D’autres fonds seront consacrés à l’éducation ultra-orthodoxe, à la construction d’édifices religieux et au soutien de la culture et de l’identité juives haredi.