Des rescapés de la rave Nova retrouvent la survivante de la Shoah qui les a secourus
Le conseil de trois survivantes du génocide nazi aux rescapés du plus ignoble massacre du 7 octobre : regarder l'avenir
Au moment où les horreurs du 7 octobre avaient lieu, dans le sud d’Israël, les cinq jeunes rescapés du massacre de la rave Nova auxquels Sara Jackson a ouvert les portes de sa maison du kibboutz Saad n’étaient pas en état de l’écouter parler de son expérience de la Shoah et de ses multiples confrontations à la mort.
Rescapés de la rave Supernova de Reim, où les terroristes du Hamas ont tué 364 festivaliers, les jeunes gens, traumatisés, ont expliqué ce qui se passait à Jackson avant de s’armer des plus gros couteaux trouvés dans sa cuisine et de se terrer avec elle des heures durant dans son abri anti-aérien, alors que, dehors, les défenseurs du kibboutz tenaient les envahisseurs meurtriers à distance.
« Ils étaient totalement désemparés. J’ai essayé de leur parler de mon histoire, de leur dire comment j’avais survécu, mais ils n’écoutaient pas. Je les ai laissés faire », explique dans un récent article (en hébreu) Jackson, 88 ans et mère de sept enfants, rescapée de la Shoah en se cachant dans sa Pologne natale.
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Elle a retrouvé les cinq rescapés de Supernova – également appelé le festival Nova – la semaine dernière, à l’occasion d’une rencontre entre des survivants de Nova et trois femmes qui ont survécu à la Shoah.
Organisée le 2 mai dans un parc de Tel Aviv sous les auspices de l’initiative de commémoration de la Shoah, Zikaron BaSalon, cette rencontre a permis aux rescapés de la fête de profiter de l’expérience des trois femmes en matière de gestion des traumatismes.
Ce fut aussi un moment symbolique, propre à témoigner de la capacité du peuple juif à surmonter les tragédies.
« Après tout ce que j’ai traversé, je n’ai jamais cessé d’aimer la vie. Et c’est mon message : Aimer la vie. Ne restez pas pour toujours à la fête Nova », a déclaré Jackson à Ynet.
Hannah Gofrit, 89 ans, originaire de Tel Aviv, a elle aussi pris part à cette rencontre. Née en Pologne, elle a survécu au génocide en se cachant avec sa mère. Son père a disparu pendant la guerre et la famille n’a jamais su ce qui lui était arrivé, ni où il avait été inhumé.
Les rescapés de Nova trouveront la force de surmonter le traumatisme et de se construire une vie pleine et épanouissante, comme des centaines de milliers de survivants de la Shoah, a-t-elle dit.
« Je pense que c’est dans l’ADN de notre peuple : au moment le plus difficile, l’étincelle d’espoir dans la vie est là. Vous aussi, vous avez cette étincelle », a-t-elle déclaré aux rescapés.
Une autre des rescapées de la Shoah, Deborah Weinstein, de Herzliya, a expliqué au site d’information être venue parler aux survivants de Nova « non pour pleurer sur les horreurs du massacre de Nova, mais pour regarder vers l’avenir, un avenir à inventer ».
Weinstein, dont la sœur est morte d’épuisement alors que les deux petites filles et leur mère tentaient d’échapper aux nazis sur les routes de leur Ukraine natale, a surtout parlé des rescapés de Nova, qui n’ont guère pris la parole lors de la rencontre.
« Tous ceux qui souffrent encore de traumatismes, qui se sont assis dans le cercle sans dire un mot de ce qu’ils avaient vécu, je leur ai dit d’en parler. De faire ériger un monument commémoratif afin que tous ceux qui sont nés dans ce pays sachent ce qui s’est passé et que cela ne se reproduise jamais », a-t-elle déclaré à Ynet.
Lala Levy, l’une des cinq personnes à avoir trouvé refuge chez Jackson, a dit de l’histoire des rescapées de la Shoah qu’elle était une source d’inspiration. « Sara est la preuve vivante qu’il est possible de continuer et de choisir la vie », a déclaré Levy lors de la discussion avec les rescapées de la Shoah.
Même si Jackson a eu sur le moment le sentiment que ses invités étaient trop désemparés pour l’écouter, Levy a bien retenu ce qu’elle leur a dit et lui est reconnaissante d’avoir tout fait pour leur faire oublier la peur.
« Une fois dans la pièce sécurisée, elle a fait en sorte que nous soyons occupés », explique Levy, 27 ans, dans une vidéo produite par la Nova Tribe Foundation à destination des rescapés de la fête. « Il y avait une grande photo de ses proches dans la pièce sécurisée : c’est là qu’elle nous a dit qu’elle était une rescapée de la Shoah, qu’elle avait réussi à survivre. C’est fou que nous ayons trouvé refuge dans la maison d’une rescapée de la Shoah. C’est dingue. »
La Douzième chaine a diffusé quelques images de cette rencontre : on y voit Levy et Jackson, qui semblent très proches. Diffusées sur une chaîne nationale en une période de fortes dissensions et de forte polarisation au sein de la société, ces témoignages d’affection mutuelle semblent transcender à la fois les différences d’âge et de style de vie entre la fêtarde, avec son anneau dans le nez, ses cheveux bleus et ses tatouages, et l’arrière-grand-mère aux cheveux courts, en chemin pour la synagogue de son kibboutz religieux lorsque les rescapés sont venus lui demander de l’aide.
Weinstein, la rescapée née dans ce qui allait devenir l’Ukraine, parle du 7 octobre comme d’une autre « Shoah », ajoutant qu’elle n’aurait jamais cru une telle chose possible en Israël. A propos des images de maisons israéliennes en feu, elle dit : « Je me suis revue à l’âge de cinq ans, debout à côté de la maison en feu, incapable de faire quoi que ce soit », a-t-elle dit lors de son entretien avec les survivants de Nova.
Les événements du 7 octobre – l’invasion d’Israël par près de 3 000 terroristes du Hamas venus de la bande de Gaza pour tuer 1 200 personnes et faire 252 otages – constituent l’attaque la plus meurtrière contre des Juifs depuis la Shoah. Ce qui a ébranlé la confiance dans la viabilité d’Israël a été au coeur de toutes les pensées, avant et pendant la Journée de commémoration de la Shoah, le 6 mai dernier.
Le massacre perpétré à la rave Nova est de loin le plus meurtrier de tous ceux qui ont émaillé la journée du 7 octobre et a été le théâtre d’un grand nombre d’atrocités et d’agressions sexuelles.
Michal Lipman, co-PDG de Zikaran BaSalon, a évoqué le traumatisme de la rave Nova et le rôle à jouer par les rescapés de la Shoah pour aider à le dépasser.
« Ces six derniers mois, les rescapés de la Shoah ont redonné force à nombre d’entre nous », a déclaré Lipman par voie de communiqué à propos de cette rencontre, oeuvre de son organisation et de la Fondation Tribe of Nova pour les survivants.
Les rescapés de la Shoah, a-t-elle ajouté, « sont la preuve vivante que l’on peut revenir de profondeurs abyssales ».
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