Des soldats israéliens auraient incendié des centaines de bâtiments à Gaza – médias
Selon des soldats, ce serait la méthode utilisée pour détruire les infrastructures terroristes faute de munitions, mais pour certains, c'est purement gratuit
Selon les médias israéliens citant des témoignages de soldats déployés à Gaza, les soldats israéliens qui luttent contre l’organisation terroriste du Hamas dans la bande de Gaza auraient incendié des centaines de bâtiments, les rendant impropres à toute utilisation ultérieure.
Le site d’information Ynet a rapporté jeudi que cette méthode avait été employée pour détruire des infrastructures utilisées par les terroristes en raison d’une pénurie de charges explosives. Un article de Haaretz paru la veille citait les témoignages de soldats laissant entendre que cela avait parfois été fait par esprit de vengeance.
L’armée israélienne a fait savoir qu’elle n’approuvait que les méthodes autorisées de destruction des bâtiments et que toute autre méthode donnerait lieu à enquête.
Selon Ynet, des soldats auraient incendié des bâtiments abritant des terroristes ou des armes afin de conserver leurs explosifs de démolition pour d’autres missions et la censure militaire aurait à plusieurs reprises, ces deux derniers mois, empêché le média de rendre compte de cette pénurie d’explosifs, évidente depuis la prise de conscience de l’ampleur des infrastructures terroristes de Gaza et du très grand nombre de bâtiments utilisés par des hommes armés.
Selon cette information, cette pratique improvisée, consistant à incendier certains bâtiments, a commencé au sein d’une unité déployée pour se battre dans le quartier de Shejaiya, à Gaza. Lorsque les commandants de cette unité l’ont su, explique Ynet, ils ont ordonné aux soldats d’arrêter, en leur disant : « Nous ne sommes pas comme les terroristes qui ont brûlé nos maisons le 7 octobre. »
Malgré tout, il semblerait que la pratique se soit étendue à d’autres secteurs et unités, où la réaction a été variable. Certains commandants l’auraient interdite, d’autres l’auraient considérée comme acceptable. L’un d’entre eux aurait déclaré : « Nous faisons cela pour que les nuages de fumée soient vus de loin dans tout Gaza de façon à dissuader les populations de venir. » Il aurait ajouté : « Ce sont des lieux confirmés à 100 % comme étant utilisés pour des activités terroristes. Dans chacune de ces maisons, il s’agit tout d’abord de réunir la preuve des armes qui s’y trouvent ou des hommes armés que nous avons tués. »
Il a souligné le nombre élevé d’endroits de cette nature découverts par les soldats.
« Quand nous disons trouver l’ennemi dans chaque maison, ce n’est pas une façon de parler », aurait déclaré l’officier, ajoutant que le Hamas utilisait « sans doute des dizaines de milliers » de bâtiments pour ses activités, parfois même des immeubles résidentiels de plusieurs étages.
Des images qui proviendraient du camp de réfugiés de Bureij ont donné à voir plusieurs bâtiments en feu.
Exclusive:
Documentation showing the systematic torching of Palestinian homes by Israeli soldiers for no purpose as reported in Haaretz below.
The obtained footage below was taken in Burej Refugee Camp, Central Gaza yesterday by an Israeli soldier on social media page. https://t.co/HsIhQ0sYFy pic.twitter.com/HeWCqtKXbG
— Younis Tirawi | يونس (@ytirawi) January 31, 2024
Un autre soldat a déclaré à Ynet que la méthode consistait à rassembler tous les meubles dans une pièce, puis à y mettre le feu pour causer un maximum de dégâts.
Toujours selon cette source, l’armée israélienne aurait déjà utilisé des centaines de tonnes d’explosifs à Gaza et aurait, ces dernières semaines, acheté des dizaines de milliers d’explosifs de démolition et de mines pour détruire les infrastructures terroristes.
Une partie de ces explosifs serviront à dégager une zone tampon qu’Israël a l’intention d’établir du côté gazaoui de la frontière.
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des terroristes dirigés par le Hamas ont attaqué Israël et tué près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils.
Près de 3 000 terroristes venus de Gaza ont envahi le sud du pays et saccagé ses communautés, incendiant et détruisant des maisons, souvent avec leurs occupants à l’intérieur. Les terroristes ont également fait 253 otages séquestrés à Gaza : à ce jour, 132 d’entre eux seraient encore en captivité, et certains ne sont plus en vie.
Israël a réagi par une offensive militaire de grande ampleur, avec un volet terrestre, pour chasser le Hamas du pouvoir et libérer les otages.
Haaretz a donc laissé entendre que cette pratique incendiaire était systématique, alors qu’elle était supposée n’être utilisée que dans des cas isolés.
Selon Haaretz toujours, des soldats ont publié des vidéos d’incendies sur les réseaux sociaux dans lesquelles ils expliquent venger la mort de leurs camarades ou celle de victimes des attaques du 7 octobre (des soldats ont fait de telles déclarations lors de la démolition de cibles terroristes, et on ignore encore à ce stade si les cas cités sont différents).
Un commandant a déclaré au journal que les soldats qui prennent position dans les bâtiments y mettent le feu avant d’en partir.
« Nous mettons le feu dès que nous sommes passés à autre chose », a expliqué l’officier sous couvert d’anonymat.
Dans un cas, a indiqué Haaretz, des soldats auraient laissé un message sur un mur pour le détachement suivant. On pouvait y lire : « Nous ne brûlons pas le bâtiment pour que vous puissiez l’utiliser. En partant, vous savez quoi faire. »

L’armée israélienne a réagi à ces informations par une déclaration disant : « La destruction des bâtiments se fait suivant des procédures précises et avec des moyens appropriés. Toute autre manière de procéder en temps de guerre donnera lieu à enquête. »
Haaretz a indiqué que les États-Unis avaient récemment demandé à Israël de cesser de détruire les bâtiments publics de Gaza – écoles et services médicaux – au motif que cela ralentirait le retour des populations à Gaza après-guerre (Israël assure ne le faire que pour les infrastructures au service des organisations terroristes). En conséquence, les démolitions faites à l’aide de méthodes d’ingénierie ont considérablement diminué.
Par ailleurs, toujours selon la même source d’information, les soldats se seraient aperçus que la destruction de bâtiments avec des explosifs ou des machines lourdes, comme des bulldozers, consommait d’importantes ressources et pouvait s’avérer dangereuse pour les soldats eux-mêmes.
Selon cette information, l’armée israélienne se serait rendue compte que l’incendie de bâtiments était de nature à lui attirer des problèmes avec Washington et la Cour internationale de justice.
En novembre, le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à un logement convenable, Balakrishnan Rajagopal, avait mis en garde contre les dégâts considérables infligés par Israël aux bâtiments de Gaza, susceptibles selon lui de constituer des crimes de guerre.
Israël se dit forcé de procéder à ces destructions du fait de l’utilisation par le Hamas des maisons de la bande de Gaza pour y mener leur combats, tout en se servant de la population civile pour se protéger.